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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 17:21
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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 12:42

Conte de hmouUnamir

Le conte de Hmou Unamir , présente plusieurs versions, comme la plupart des contes, une  des trois caractéristiques du conte en général.

Ces trois caractéristiques se présentent comme suit:

1- L'Oralité: le conte appartient au patrimoine oral (avant d’être, éventuellement, écrit).

Si la faculté principale qui caractéristique l’homme par rapport aux autres espèces est la parole, c’est que beaucoup plus que les autres il a toujours prouvé un besoin cruciale d’échanger, de  tisser des liens sociaux qui lui seront d’ailleurs salutaires dans un monde hostile et sauvage. Un monde ou seule la force brute règne et conditionne la survie et s'étend jusqu’à la subsistance de l’espèce même.

Au sein de  sa société, depuis la nuit des temps, l’homme, à défaut de savoir capturer les mots, de les emprisonner sur les rochers, à l’abri de l’oubli et de la mort, a fait appel à ce dont il est doué par nature, sa mémoire.

C’est ainsi qu’il a transmis, génération après génération, tout le savoir-faire d’un quotidien, répertorié par catégories sociales : Les chasseurs connaissent les anciennes techniques et à leur tour les feront évoluer tout en prenant soin de les transmettre aux futures générations, il en est de même pour les pécheurs, les paysans, les femmes etc.…

Au fil des siècles, toute cette richesse constituera un patrimoine oral d’une richesse inestimable. Un patrimoine fragile qui n’est pas à l’abri de la faiblesse de ses dépositaires. A la mort de chaque individu du groupe, c’est une partie de cette richesse qui disparait, d’autant plus qu’au sein des sociétés traditionnelles, le domaine de diffusion de la connaissance demeure très limité, dépourvu de moyen de transcription telle l’écriture, de structure de relai à l’instar de l’école, le savoir reste plus prés de l’oubli que de la préservation.

     

2- La fixité relative: C'est le fait qu'un conte se retrouve adapté d'une région à une autre.

Car bien que le  schéma actantiel majeur demeure intact, certains détails mineurs  sont  altérés et donc donnent naissance à une variante.

Rappelons que le conte fait appel à la mémoire et à l’habilité du conteur, à sa manière de le remettre en scène, à faire voyager son audience. C’est à ce niveau que se distingue un bon conteur d’un simple conteur. D’autant plus qu’un conteur avec une faible mémoire omet bien des détails et donc participe, activement, à la fois la perdition d’un conte dit originale, mais surtout  à la naissance d’une variante. Cette dernière bien que locale, dans un premier temps, acquiert toute sa reconnaissance et sa place avec le temps. De conteur en conteur, d’audience en audience, elle s’impose comme variante mais sans pour autant passer pour une grotesque copie de l’original. La diffusion se fera, par les caravanes, par les voyageurs, les pèlerins, les marins, les commerçants, ces gens qui relient tout bout de terre à d’autres horizons, et qui à leur tour raconteront cette version, au risque, à nouveau, de donner naissance à une nouvelle version, et l’histoire se répète au point de ne plus savoir qui de la poule ou de l'oeuf était le premier!


3- Récit d'une fiction: Le conte est un récit imaginaire, qui appartient à la mémoire collective.


Quant aux versions qu'on retrouve de Hmou Unamir, on peut en citer trois en nous appuyant sur un seul détail qui change, ou plutôt un seul personnage:

Dans la version supposée, "originale", l'action se présente comme suit:

Tanirt, ange en amazigh, émet comme condition de mariage, que Hmou Unamir lui construise une maison donc l’accès s’ouvrirait sur sept portes. L’une sur l’autre, de sorte à ne pas pouvoir accéder à la seconde pièce sans passer par la première.

Cette caractéristique représente à la fois le défi, caractéristique principale du conte, mais aussi incarne l’inaccessibilité du personnage en soi, l’inaccessibilité de l’ange, et sept représente le septième ciel.

Une fois le vœu exaucé, Tanirt y habite pendant un certain temps. Toutefois malgré les précautions  la mère de Hmou Unamir, qui ignorait l'existence de tanirt, va soit s'en rendre compte, soit être informée.

 C'est là le détail pertinent de plusieurs versions:

1- Lqendil:

Cette version rapporte que Hmou Unamir et Tanirt, pour éviter de se faire remarquer, mange dans un même coté du plat de nourriture. De sorte à feindre qu'une seule personne a mangé du plat.

Un jour, lqendil à cours d'huile s'éteint, et Hmou Unamir et Tanirt, laisse la trace que deux personnes ont mangé du plat, ce qui confirme les soupçons de la mère, qui par suite s'attaquera à Tanirte.

2- Le diable:

Cette version est celle chantée par Wahrouch, on peut comprendre une influence de la part de la religion.

Dans cette version le diable se métamorphose en humain et informe la mère de l'existence de Tanirte.

3- Hasard:

La troisième version rapporte que Hmou Unamir avait l'habitude de garder le trousseau de clé avec lui, un jour en partant à la chasse, il l'oublia, et sa mère le trouva et ouvra toutes les portes une après une, pour tomber sur Tanirte.

Ce sont les trois versions que je connais, mais il y en a sûrement d'autres!

Le conte de HmouUnamir présente des caractéristiques très intéressantes, qui le situe parmi le répertoire mondial des contes, tout en lui donnant une place assez honorable.

Le Héros:

Si tout conte a forcément besoin d'un Héros, Hmou s'accapare cette tache qu'il remplit à merveille, n'hésitant pas à consacrer plus de trente-cinq ans de sa vie à la recherche de son amour. Il n'hésitera encore moins à défier les cieux, et les traverser à l'aide d'Igider, bien que sa fin soit tragique, ce héros représente la quête pour l'amour, au-delà de tout obstacle, puisse-t-il paraître impossible.

Le personnage merveilleux:

Si l'on est accoutumé à rencontrer au sein des contes français des personnages défiant toute nature, dont à la fois la force, les pouvoirs magique, sortent de l'imaginaire, à l'instar des Fées, des Nymphes, des Nains, des Gnomes, des Dragons, des Géants, des Lutins, des Sirènes (etc..); et bien le conte ne manque pas non plus d'originalité. Celui de HmouUnamir, nous présente, Tanirt, un ange, tant par la beauté que par nature, elle descend du septième ciel pour subtiliser le cœur de HmouUnamir, et s'envoler au-delà des cieux, aux frontières des mondes.

Tanirt, l'ange, est une influence de la religion islamique, qui fait d'ailleurs de la croyance aux anges entre autres, un élément primordiale et un de ses percepts. Donc nous pouvons très bien imaginer son influence sur la mémoire collective, au point d'y frayer un chemin pour se graver au sein de ses contes.

Tanirt, est le seul personnage merveilleux du conte, bien qu'elle ne fasse pas usage de ses pouvoirs, si l'on suppose

Qu’elle en possède ? Elle démontre sa particularité, non seulement en pouvant parcourir les cieux, chose pas très gratifiant sachant qu'on parle d'un ange, mais surtout elle se métamorphose en pigeon, peut être est ce là un réel aperçu de sa particularité?

Métamorphose:

Si les contes français ne tarissent pas sur les métamorphoses, surtout si l'on se réfère à Mme d'Aulnoy, qui nous présente un éventail de personnages, qui sortent d'un temps autre que le sien, voire d'un monde autre que le nôtre. nous citerons, le Nain jaune, Babiole, Le mouton etc..

Pour Tanirt, son unique transformation consiste à se métamorphoser en pigeon pour pouvoir accéder au septième ciel, chose assez bizarre, dans la mesure où Tanirt est supposé être un Ange, donc de facto peut voler!

Les animaux qui parlent:

Avant de d'aborder ce thème, rappelons que les amazighs ont une croyance très primitive, qui remonte aux religions animistes et panthéistes, à savoir qu'ils croyaient qu'à un moment de l'histoire, il y a bien longtemps de cela, les créatures parlaient, toutes les créatures, les animaux, les pierres, les arbres, les insectes etc..

On retrouve donc tant dans le conte amazigh, que dans bien d'autres répertoires ces animaux qui parlent, nous pouvons en illustrer trois exemples de trois cultures différentes bien que rapprochées, sans nier une éventuelle influence l'une sur l'autre:

1-Les contes amazighs: Nous retrouvons surtout les contes de 3ami Boumhend, cet animal doué d'une intelligence et qui a travers ses péripéties parvient à berner ses opposants, à la fois entre l'hilarité et le sérieux de la morale, le conte amazigh dévoile tout un éventail de contes, donc les heros-animaux s'alternent au plaisir de l'auditeur.

2- Les contes arabes:

Le livre de Kalîla wa Dimna, nommé également Fables de Bidpaï, est une compilation de fables indiennes traduites en arabe par Ibn al-Muqaffa' vers 750. Destiné à l'éducation morale des princes, ce recueil a pour héros deux chacals nommés Kalîla et Dimna.

Le premier manuscrit (arabe 3465), probablement copié en Syrie vers 1220, est caractéristique de la période classique tandis que le second (arabe 3467) est exécuté vers 1350 sous les Mamelouks.

"Kalila wa Dimna" présente un éventail de contes orchestrés par des animaux, avoir un but avéré, qui non seulement s'étend à la morale, mais surtout à la politique.

3- Les Fables de La fontaine:

C'est en 1668, le 31 mars que Jean de la Fontaine fait paraître son premier ouvrage : « Les Fables Choisies ». Ce recueil contient 124 fables réparties en 6 livres. Dédié au Dauphin, il obtient un succès éclatant. Jean de la Fontaine est alors âgé de 47 ans !

Il publiera ensuite régulièrement de nouvelles fables jusqu'à l'age de 72 ans. Son dernier recueil paraît en 1693, le 1er septembre. Il reprend des publications antérieures et dix fables inédites.

Les fables de La fontaine, présente des fables, qui relatent des histoires d'animaux qui, tout comme Kalila wa Dimna, dont La fontaine se serait inspiré, passe de la morale au politique.

Quant à HmouUnamir, le conte présente deux animaux qui doués de parole, il s'agit du fidèle destrier de HmouUnamir , son cheval, et de Igider, qui tout comme son cheval le portera au septième ciel.

Par Abdellah CHAMOU.


UMIYEN N HÊMMU U NAMIR



Ikka tin yadli yan umêhdâr îhrurden d ifulkin bahra, iga yan gh dar mas. Zegh lligh immut babas yifel tid, ar fellas ttazzal. Temmagh fad ad inker tankera ifulkin. Kra yera yufat, af ad igh imeqqur ad fellas yasi tammara n uzemz, ghikelli s ten ikka babas ar t iskar. Tawit ad ittelmad dar ttâlb gh tmezgida. Igan hêmmu u Namir tuggas, kra yas yura ttâlb îhsut... Ur ikki yat ayelligh yuf imêdârn lli d illa. Iga hêmmu aàzri f tella tisent, yiri t wul, s ufulki lli gis illan. Tiàyyalin akw n usun ur igi awal nsent amer nettan, ku yat gisent tiri a tt yili. Mac ur jju d nettan ad isaweln s kra n yat gisent.


Yan was gh ussan, ar isêhssu ttâlb imêhdârn, yan s yan, aylligh telkem twala hêmmu. Immattid s tama nnes, imel asen udem n tallûht s ufus afasi, ar îhssu... imik s en îzra ttâlb lhênna gh ufus nnes âzelmad. Yamêz dars ttâlb tallûht isdu ten d ughrab, yiri gis ad as imel ifassen nnes s ssin. Lligh as tnin ifser hêmmu, yaf tnin kwlan s lhênna, isaqsa t ttâlb: «max ad teghwmit ifassen nnek s lhênna? Is tgit taàyyalt neghd tameghart ? nettenti ka ad ighwmmun lhênna ? » Irard fellas hêmmu s tghawla: «Ur ssengh a sidi, ad ed ukan nkergh zik, afegh d ifassen inu ighwma yyi ten kra! ». Ur ifels ttâlb s wawal nnes, yakwi d fellas s ukuray d tâzît, azekka dagh ghikan.
S tugget n ukuray d ughruc, ur sul îzdâr hêmmu ad izzigiz, ayelligh akw ihâca ixef nnes ula timzgida. Iggal as hêmmu am k issen mad as iskarn ghikan. Yamêz ttâlb ifassen n hêmmu ifser ten, ar ismuqqul gh ukwlan n lhênna lli yas ghwman...! yafen gh dar ixef nnes mas ur gin ikwelan ad win ufgan. Inna ttâlb i hêmmu: «Ighzân wawal nnek a hemmu, surf iyyi f mad ak skergh ! » Yini yas ilma: «Îd ad yuckan, asi d tisegnit d ifalan ukan tawezt, tdûfet ar d ggezent tinirin gh igenwan kcemend fellak, tizi nna yak ghwemmunt lhênna, teskert zund is tegent, ar tegnnut tumelsa nnek d tin nnesnt. »

Îd lli, iqend hêmmu ahânu nnes, isker ayelli yas inna ttâlb. Tuzûmt n yîd, had smmust tinirin kcemend fellas gh telkuwt . SSutlent as, sersen d lhênna ar as ghwemmunt izwirent s ufus âzelmad. Ur ikki amer imik s d ikwti awal n ttâlb, yasi d tisegnit s ufus afasi ar ignnu ihdumen nnes d win sent yat s yat. Lligh ar ed ittefaw uzemz, smedent tinirin tighemi n lhênna i hêmmu, irint ad urrint s igenwan, rzêment i ifrawen nnesent ad ayyelent , tanna ukan ismassen ifrawen s igh tesyafa is as tteghint temlsa d tin hêmmu. Ar fellas semummuyent yat s yat, tana mu ukan irzêm, s igh fellas tesmummi tayyâd, ar tad igguran yini yas : « kemmi ur ad am rzêmgh, righ ad didi tilit ad tegt tamghart inu ». Ur as tri tanirt lli ayelligh tsers tiwetlin gh yega ad as isku tigemmi nnes, îzli d mas, msasan f uneck an. Zegh ass an ad ibbi hêmmu f temzgida, ibkes tuggas nnes ar ittazal f takat. Isku yas tigemmi en illan gh sat tdiliwin, ar iskar s ayen tenna. Isgh yan wayyis ma sa ittmuddu.


Zrin sin iseggwasen, tannirt lli ar ttaru, yummer hemmu urt yumi wakal. Yat tedgwat tetter as ad as d yawi tifeyyi n udâr ameggaru n uzênkêd acku ira yas tt lxa‚er nes. Azekka yan sul, inker hêmmu zik, irgelen fellas ahânu iffren tasarut gh tagrurt. Ihîyl i wayyis nnes, iddu s tengwmert. Ikken gh umuddu nnes azemz lli s bedda tqqel mas, tiri ad gis tissan mad fellas iffer iwis. Tenker ar telli tafen ahânu irgel, tek kullu tigemmi aylligh tufa tasarut gh usdes n wayyis. Tenker tnurzêm ahânu tekcemn f temghart n iwis. Takwin fellas s tâzît‚ ayelligh as ed ukin imettâwen. Tessen ghilad isd nettat a tt isengaran d iwis. Teqend fellas tiflut, tfel ten ar talla.

Llighd yudâ hêmmu gh tengwmert yawid dis menaw izênkâd, ghir irzêm tagurt n uhânu lli irgel, yafen tamghart nes ar tesmittîw. Izêr at ukan temda s tugget n imettâwen lli tssengi, dêrn waman gh ifadden nnes, isaweld inna yas : « ma kem yaghn lligh a tallat, ayelligh tsengit imettâwen. », tales as kullu mad as tesker mas s tâzît aylligh as teshâca tudert, tzayd gh wawal nnes tinni yas : « ghilad a hêmmu ur tghamat gh wawal lli nqen nger atengh, mac ur sul gik righ ay argaz inu amer ad iyyi terzêmt talkuwt n uhânu ad en gis zêrgh igenna .» Ur iri hêmmu ad ismed i tanirt nnes tagûdi f tayyâd, isker ghaylli s as tenna. Yâmz as afus nes imun dis ad en tagw gh telkuwt. ghir yut ttid uzuzwu n berra, teldi gis afus nnes tayel s ignna, ur as d tfel abla yat talxatemt gh ufus...

 

 
 

Tiwen tanirt i igenwan, tfeld hêmmu ar issa tagûdi n tayri d umarg nnes. Inxel mas ur a sis isawal, ur sul iri ad icc ula ad isu. Ighama hêmmu ghikan aseggwas d mennaw yirn aylligh imda, tamum tdusi nnes. Yafen gh dar ixef nes is rad tt ur isselkem mayan i man. Iqqan ad îzer tagharst yâden mad tt isselkamen i tayri nnes gh wis sa igenwan. Inker ed yan wass, ihîyyel s umuddu, igher i mas, issuden as ixef nnes, yini yas :
« Rad muddugh a yim ad afegh tamghart inu, ur ssengh is rad sul urrigh neghd uhu ! ghilad ur gim righ amer ad yyi tsuref gh kra yyid izzan». Issudu hêmmu ayyis nnes yifk i tmizar, ar ittluluy sellagh issen mani ira.

Zrin mennaw yirn, ikka gisen izagharn ikk idrarn. Inna ilkem, ar gis isaqsa manigh rad yaf mat isaqlayn s wis sa igenwan. Yan wass ilkemen yat tmazirt, yaf en yan urgaz iwsseren, isaweld inna i hêmmu « Awek d yan ur îzdâr ak isselkem i wis sa igenwan amer yan igider , izdegh gh yan udrar bahra ya ggugen». Îdfer hêmmu agharas lli yas imla urgaz lli. S tugt n umarg n temghart nnes, ar izzigiz adân d izaliwn ayelligh ilkem adrar an. Yaf tin yattuy bahra, ur îzdâr ad sis ighwli.

Irmi hêmmu, iggez ed f wayyis, iskus ad iswunfu ddaw udrar lli, ar iswingim s man tagharast as îzdâr ad issakwez ixef nnes i igider, igh ittyafa ad dars iggiz nettan. Ar ittirir kra n iwaliwn hênnanin. Ur ikki yat ayelligh sellan tarwa n igider i tiyt nnes, isawel yan gisen s babas inna yas «bab asi ifer f imezgan nek ad tesllat i kra n yan ar fellak ittirir gh ddu udrar ad gh nella».

Inker igider yuten s yan ukuray ilûh tend i udrar. Lligh zrin krâd ussan, igider yagh t umarg n tarwa nnes, yayel iggiz ed d udrar ar ten isiggil. Yafen hêmmu ar as en ukan yakka ad ccin, isala ten krâd ussan ayad, isawel sers igider inna yas : « Mlad ur izwar ufulki nnek winu, rad k gegh d idammen d ixsan, ma kid yiwin s ghid ? mad tsiggilt ? ». Isawel Unamir inna yas :« Righ gh dark d dar rebbi ad yyi tsselkemt i tanirt inu gh wis sa igenwan acku tayri d umarg nnes jdern ul inw». Ibbi hêmmu tasa n igider, yini yas ed :
« Rad k awigh, mac righ gik ad iyyi d zwar tawit sa igezman n tefyyi d sat tegmamin n ughanim ttekarnin s idamen ad gisn cettagh ar ssagh ar wis sa igenwan». Ibid hêmmu ar iswingim gh wawal n igider, ar ismuqul gh wayyis nnes. Ur en îzri amer ad as ighers nettan nit. Yukez wayyis aswingem n bab nnes, izzewur yini yas ed:« ghers yyi a bab inu, fekigh ak ixef inu». Ighers i wayyis, imettâwen gh walen nes, isker ghaylli sas inna igider.

Lligh telkem tizi n umuddu, yasi d hêmmu tiremt n igider, yilin fellas ghwlin d igenwan. Ad ukan lkemen yan ignna, ifek as hêmmu yan ugzzum n tefyyi d yat tegmamt ughanim n idamen. ghikan ayelligh lkemen wi sa igenwan, lligh ira hêmmu ad as ifek agzzum lli igguran idêr as ed ; ur sul dars mad as yakka. Ibbi d yan n ugzzum n tfeyyi gh ufus nes. Llight icca igider yaf ten tga tin ufgan. Ar ittini d ixef nes isd ad as rzêmgh ad ig tisint d waman ur ta ilkem akal s llighd ikwti afulki lli isker gh tarwa nnes. Izayd igider ar ittaylal ayelligh t isselkem i wis sa igenwan, iserst gh iggi n ughbalu n tiwiwin yurri d nettan.

Ibid hêmmu ilûh îzri, ar ismuqul ayelli jju ur îzri gh waddagn d tezegzut. Icc ayelli mu îzdâr n ugumu, isu aman, ighli s iggi n yan waddag iffer gis idûf tiwiwin llin ittagmen aman. Ikka ukan imik s en îzra yat twayya ar tetkur abuqal s waman gh tama n ughbalu . Iggiz ed hêmmu isawl dids, issen is ed tanirt ad igan lallas. Ur tessin twayya lli ayelligh as n ilûh talxatemt gh ubuqal. Lligh rad dids ingara, inna yas : « awi abuqal ad ar tigmmi, tffit gis aman ar den gis yagur ma idrusn, tefk t gis i lallam ad tsu ». Teddu twayya tesker ayelli sas inna hêmmu, ghiklli têzra tanirt talxatemt gh waman takwez tt ; tssen is ed argaz nnes as tid ilkemen. Teddu tini i twayya ad tid tssentel ar kigh tid tsekcem i tgemmi sellagh t îzra yan. Tesker twayya ayelli sas tenna lallas, tawi taserdunt, teg as ed ikeccudên, teg d hêmmu ddaw nnesen, tsekcem t ar agunes n tgemmi, tgher i lallas. Inmigar hêmmu d tanirt, ar temsudunen. Imik had yan wazzan mezzîn ar en ittazal isaqsa mas mad yeg urgaz an tt ikw ebbelen. Nettan ad as ed iruren : « Nekkin ad yegan babak, a yiwi ». Ggawern, ar sawalen, tini yas tanirt mas tummer f umuddu yad isker, tsker s ayelli yera, tsres as ed ayelli yera, mac tagara, tenna yas mas ed yeqqan ad as ifek awal ur saren ittagwa ddaw ûzru illan gh tghemmirt n tgemmi, acku yugguwan s wakal.

Zrin ussan d yirn d isggwasen, ittu gisen hêmmu ixef nnes ittu akal d mad gisen. Ya wass, yûden hêmmu, yagwi ad icc, yagwi ad isu, ur issen mad t yaghen. Imik s ed ikwti mas lli tid issenkern, ikwtid ula tammara lli fellas tut ayelligh iga argaz. Yiri ad issen is sul tdder neghd is temmut ? S llighd tdêr gh ixef nnes tâzrut lli f as tsawl temghart nnes. Ibid ar iswingim, isd ad ighama f wawal lli yas ifka, ighama gh tgûdi d umarg n mas, neghd ad t îrz .
Ur ikki yat, isker icenbi lli, yasi tâzrut, ar en ittagga s wakal. Yannin mas, gh tuzûmt n usarag, tûmz ukan izimr ar tqqel s mad as as iqqersen. Issen hêmmu is ed ass n tefaska ad ilekmen. Ur issen mar ad isker, tagara ilûh ed ixef nnes, iseghuyyid : « Hayyin darm a yim, ur kem dari izwar yan!...Ifk ed hêmmu i yigenwan, ar sers kkaten ijawwan aylligh kullu tenhattaf tixsi nnes, tefsi zund aman. Ur ed gis ighama amer yat temqqit n idamen, nettat ad ilkmen akal, tdêr ed f umgêrd n izimmer lli tûmz mas, tghers as.


Par Tanirt sur : http://art-amazigh.discutforum.com/

HEMMU U NAMIR

Il était une fois un jeune garçon beau et intelligent, qui s’appelait Hêmmu u Namir. Il avait perdu son père très jeune, sa mère s’occupait de lui et faisait tout pour le rendre heureux. Elle voyait en lui l’image de son défunt père. Il était d’une beauté incomparable, qui le rendait irrésistible aux yeux de toutes les jeunes filles du village.


Il fréquentait l’école coranique dès son plus jeune âge, et apprit le livre saint avec une aisance et une rapidité extraordinaires. Le fqqih lui prévoyait un avenir prospère.
Les années s’écoulèrent et le jeune garçon devint un homme beau et fort. Toutes les jeunes filles l’approchaient, ne serait ce que pour obtenir de lui quelques mots aimables. Elles rêvaient toutes d’être son épouse.

Hêmmu u Namir s’était entouré d’un grand mystère, qu’il gardait secret. Il se réveillait chaque matin les mains ornées de henné. Il évitait son maître par crainte qu’il ne découvrît son secret.

Comme chaque soir, avant de quitter l’école, Hêmmu u Namir revoyait ses récitations ; ce soir là ce qu’il craignait tant arriva : le fqqih aperçut ses mains ornées de henné. Il lui dit : " Montre tes mains ! Comment oses-tu faire cela ? Tu n’es pas une fille ou une femme, je suppose ".

Hêmmu u Namir essaya d’expliquer en vain ce mystère à son maître, celui-ci était déçu de voir son meilleur élève lui faire une telle offense. Le fqqih fixa longuement les dessins et se livra à une profonde réflexion. Il réalisa alors que ces ornements ne pouvaient être l’œuvre d’un être humain, mais celle d’une houri. Il présenta ses excuses à son élève et lui dit : " La nuit reste éveillé, prend avec toi une aiguille et du fil. Quand les houris viendront, tu commenceras à coudre en faisant semblant de dormir ".

Le jeune homme s’enferma dans sa chambre et suivit les conseils de son maître. A une heure tardive de la nuit, les houris firent leur apparition et comme à leur habitude, elles commencèrent à orner les mains de Hêmmu u Namir.
A l’aube, les houris décidèrent de regagner le septième ciel quand elles réalisèrent qu’elles étaient prises au piège. Chacune essaya de convaincre Hêmmu u Namir de la libérer. Parmi elles, une très belle houri attira son attention. Il décida de libérer les quatre autres et de ne garder qu’elle.

Hêmmu u Namir tomba fou amoureux de la houri et finit par l’épouser. Elle ne lui demanda qu’une faveur : lui construire un palais où elle puisse vivre en paix sans jamais être dérangée.
Les années s’écoulèrent et la houri tomba enceinte. Mais elle mourait d’ennui seule dans ce palais ; un jour elle dit à Hêmmu u Namir : " Je suis lasse de t’attendre ici toute la journée pendant que tu es ailleurs. J’aimerai bien voir le ciel à travers la lucarne ".

Ne supportant plus de faire souffrir davantage son épouse, Hêmmu u Namir exauça son vœu et ouvra la lucarne. Mais aussitôt qu’elle vit le ciel, elle s’envola et laissa à son cher époux que son alliance.

Les jours, les semaines, les mois s’écoulèrent. Hêmmu u Namir finit par comprendre le chagrin de sa femme ; il comprit que sa mère en était l’origine. Il découvrit que sa mère avait réussi à pénétrer dans le palais, et qu’elle s’en était prise à sa chère épouse en la traitant de tous les noms. Hêmmu u Namir souffrait terriblement, son état s’aggravait de jour en jour, il perdait l’appétit et était devenu très chétif. Il finit par plonger dans un profond mutisme.

Un jour il décida de partir en voyage, il salua chaleureusement sa mère et sella son cheval. Il parcourut les plaines et les montagnes. Fatigué, il s’arrêta dans un village où il rencontra un vieil homme d’une grande sagesse. Hêmmu u Namir lui raconta son histoire. Le vieil homme lui parla d’une mystérieuse montagne, qu’il lui indiqua. Il lui dit : " Mon fils, au sommet de cette montagne tu trouveras un aigle. Il peut t’emmener au septième ciel, pourvu que tu te soumettes à ses exigences ". Hêmmu u Namir remonta sur son cheval et se dirigea vers cette fameuse montagne.

Arrivé à cette montagne, son cœur battait très fort, des frissons le gagnaient, des larmes coulaient sur son visage : il se rappela sa chère épouse.

Las de parcourir les plaines et les montagnes, Hêmmu u Namir décida de se reposer quelques instants pour reprendre des forces. Il se mit à chanter.

Des aiglons dans leur nid l’entendirent, au sommet de la montagne. Il avertirent leur père, le vieil aigle, qui ne leur prêta aucune attention. Les petits insistèrent, ce qui fâcha le vieil aigle. Pour leur donner une bonne leçon, d’un coup de bec il les jeta tous hors du nid. Hêmmu u Namir recueillit les petits aiglons, les nourrit et les protégea contre le froid et les autres prédateurs.
Trois jours s’étaient écoulés et les aiglons commençaient à manquer à leur père. Il décida d’aller les chercher au pied de la falaise. Il découvrit un homme, qui était en train de s’occuper de ses petits. L’aigle descendit chez Hêmmu u Namir, et lui dit :

- Tu as bien fait de nourrir mes petits, sans quoi je ne te laisserai pas en vie. Dis-moi ce qui t’amène ici ?
- Je te supplie, dit Hêmmu, tu es le seul être qui puisse m’emmener voir ma houri au septième ciel.
- Je veux bien exaucer ton vœu, mais j’ai besoin de toutes mes forces pour arriver au septième ciel. Il me faut sept morceaux de viande et sept bouts de roseaux remplis de sang.
Hêmmu u Namir plongea dans ses pensées, les yeux fixés sur son cheval, son fidèle compagnon. Ce dernier devina les pensées de son maître et accepta d’être sacrifié.

Le jour fixé arriva, Hêmmu prit les commissions comme convenu. L’aigle parcourut le ciel de son regard et trouva que c’était un jour propice pour l’envol. Par imprudence, Hêmmu perdit un morceau de viande, alors il en coupa un autre de sa hanche et le donna à l’aigle. Ce dernier sentit aussitôt que c’était de la chaire humaine, il voulut lâcher Hêmmu u Namir dans les airs lorsqu’il se rappela ce qu’il avait fait pour ses petits.

En arrivant au septième ciel, Hêmmu u Namir retrouva le sourire. Debout à côté de la source où les servantes venaient chercher de l’eau, il observait le paysage paradisiaque. Pour mieux l’admirer, il monta dans un arbre. Aussitôt installé sur une branche, une servante vint remplir sa cruche d’eau. Elle vit le reflet de Hêmmu u Namir dans l’eau. Elle l’observait et se rappela la description de cet homme faite par sa maîtresse. Hêmmu u Namir descendit de l’arbre et engagea la conversation avec la servante. Il laissa tomber sa bague dans la cruche d’eau et lui dit : " Vous versez de l’eau jusqu’il en reste un peu dans la cruche et vous le donnerez à boire à votre maîtresse ".

La servante exécuta l’ordre du jeune homme. La houri vit son alliance et la reconnut aussitôt. Elle a trouva une ruse pour faire entrer son époux dans le palais des houris. La servante mit Hêmmu u Namir dans un fagot en bois et le transporta sur le dos d’une jument vers le palais.

Hêmmu u Namir sortit de sa cachette et retrouva à nouveau sa chère épouse. Ils se regardèrent tendrement puis s’embrassèrent. Le petit enfant contempla longuement l’étreinte de ses parents et courut vers eux.

Hêmmu u Namir était envahi par une joie immense, son épouse retrouva le bonheur.
Il était comblé, jusqu’au jour où il tomba malade, et une grande tristesse le gagna. Son état s’accentua lorsqu’il se rappela sa mère. Elle avait sacrifié sa jeunesse pour l’élever. Son désir de la voir devint si fort qu’il pensa transgresser l’interdit, il pensa alors à la pierre dont lui avait parlé son épouse. Cette pierre cache un trou au travers duquel on peut voir la terre, cet endroit était interdit aux humains.

Il souleva la pierre avec force et vit sa mère au milieu du patio de la maison. C’était le jour de la fête du sacrifice, sa mère tenait un bélier et attendait l’arrivée de son fils pour accomplir le rituel du sacrifice.

Hêmmu se sentit coupable de laisser sa mère ainsi, il lança son glaive mais celui-ci ne parvint pas à elle. Il se mit à réfléchir un instant et il s’écria : " je te rejoins, ma mère, je n’ai que toi monde".

Hêmmu u Namir sauta du trou et dévala les cieux. Par miracle une goutte de son sang atterrit sur le cou du bélier et l’égorgea.
Le symbole de l’amour est mort mais la morale de toute une histoire vient de naître.

Traduction française :
Abdellah GABOUNE
Khadija BOULMEDARAT
mondeberbere.com

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 22:59
Livres en TIFINAGH à télécharger:

LIVRES AMAZIGH EN TIFINAGH





Source: tifawin.com
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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 16:03

Dans un lointain village de l’Atlas, vivait un enfant, nommé Anir. Son père travaillait la terre, sa mère la laine et elle s’occupait des maigres moutons, entretenus avec des herbes desséchées par les longues années de sécheresse. Une vie modeste, un habitat fait de terre couvert de roseaux tissés par les mains habiles du père. Dans une djellaba usée, décolorée par les milliers de fois lavée à la main, par les centaines de coup pour en dégager la crasse, Anir grandit, un morceau de pain, garni de huile d’olive à la main, elle coulait jusqu’au coude.

Il était là sur sa crête, à admirer le lointain paysage, la beauté des montagnes qui valsaient, taguaient, pour venir mourir harmonieusement aux pieds des doux nuages. Un soleil doré, teintait d’or et d’argent de lointaines contrées, inconnues pour Anir. Ces pays où l’on disait que la terre n’était que sable, où il ne pleuvait jamais, « foutaises ! » se disait-il, lui qui n’avait connu que cette crête, que ces sillons, qui lui sont devenus familiers, cette neige, qui l’enfermait pour des jours entiers, et qu’il redoutait plus que tout ; ce mont, qui pourtant lui tenait tant à cœur.

Anir, croyait que chacun avait son mont, et que chacun, restait en son mont, comme lui ne l’avait jamais quitté !! « Je veillerai sur mon mont, se disait il, il est à moi, à mes parents, et bien avant, à mes grands parents », tout en jetant un regard triste sur les tombes de ses grands-parents, puis enchaina d’un sourire fier : « Ils sont morts en défendant leur mont » lui disait sa mère. Anir ignorait l’histoire de ces ancêtres, ignorait, la grandeur de son peuple, mais aimait plus que tout au monde, son mont !

Un beau jour, alors qu’Anir, revenait d’un lointain ravin, où il avait conduit les bêtes, une silhouette étrangère se tenait au prés de sa mère, à la porte de la maison. Une silhouette, mince, « bizarrement habillée », se disait il. Plus proche, il reconnu, un jeune homme, habillé d’une tenue nouvelle, pas du tout en djellaba, qu’il avait toujours connu. Un pantalon, bien repassé, et une chemise de couleur bleu claire, qui laissait sentir une odeur de printemps. «C’est ton oncle, Réda, qui vient nous rendre visite, il habite en ville ! », lui dit sa mère. Anir s’empressa de le saluer respectueusement, en lui baisant la main. Apres déjeuner en présence du père, l’oncle aborda un sujet, d’une grande importance, il comptait emmener Anir en ville afin de lui permettre de suivre des études. Les parents, bien que conscients de cette chance offerte, eurent quelques hésitations, puis cédèrent. Anir, pris les quelques affaires qu’il possédait, mais l’oncle, les rejeta : « Laisse ceux-là, ils ne te serviront plus ! Je t’en achèterai de nouveaux ! ». Anir, tout souriant, les jeta au font d’une chambre noire ! Pour courir suivre son oncle.

A l’approche de la ville, Anir, pris de stupeur tel un étalon affolé, se blotti à son oncle, des bruits de tout part, des dizaines de personnes, allaient, venaient, sans se regarder, sans se saluer, tel une fourmilière. Anir, restait bouche bée, et se blotti à son oncle qui lui tenait la main.

Arrivé à la maison, et salué par la gentille femme de son oncle, Anir, tout rouge, rétorqua par des sons à peine audibles !! Elle continuait à lui parler gentiment, mais soudain, Anir se rendit compte qu’il ne comprenait pas un traître mot de ce qu’elle disait ! « C’est une étrangère, qu’à épouser mon oncle ? » se demandait-il ! « Laisse-le, il ne parle pas arabe » repris l’oncle. Anir, les yeux écarquillés, voila que son oncle parle ce même langage qui lui est si étranger !

Le lendemain, l’oncle acheta des vêtements neufs pour Anir, ils étaient beaux, colorés et plus légers que sa veille crasseuse djellaba. Anir, était aux anges.

Une fois, bien lavé, bien habillé, l’oncle le pris par la main, et l’emmena l’inscrire à l’école. « Une grande cour, plusieurs salles et tellement d’enfants » songeait Anir. Les formalités finies, Anir était devenu un élève de cette école, il en était tout fier. On le conduit dans une classe. La maîtresse, lui montra une place, et bien qu’il ne comprenait toujours pas cette langue, il comprit qu’il fallait s’asseoir comme tous les autres !

A la récréation, certains élèves vinrent le rejoindre, ils lui adressèrent la parole, il n’en comprenait pas un mot et répondit en amazigh !! « Khlli dak chliyih », dis l’un d’eux, puis s’en allèrent avec beaucoup de mépris, pour cet être, chétif et muet.

Pour la première fois de sa vie, Anir, se senti différent, rejeté, avili par cette langue qui lui manquait, et abaissé par ces montagnes qui l’ont rendu ignorant.

Pour la première fois, il regarda avec mépris, ces mêmes montagnes, qu’hier, il disait magiques, il vit en son mont, une grotte vile, lui, qui, hier, ne jurait que par elle. A chaque fois qu’on lui adressait la parole, il souhaitait que la terre s’ouvre pour l’engloutir. A son mutisme, répondaient le mépris, et l’isolement dans la cour. Il était différent ! Il était étranger !

Anir prit sur lui, et se mit à l’arabe et ne tarda après une année à la parler comme les autres. Il se fit de nouveaux amis, et ne parla que l’arabe, cette langue du Salut, qui lui avait permis d’apprendre à lire, à écrire, à être tout simplement.

Pendant cinq ans, il ne vit pas ses parents. Quelques jours avant la fête du Sacrifice, son oncle le raccompagna les voir.

« Anir arrive, quel bonheur ! » Sa mère, toute en larmes, regardait ce beau jeune homme, dont les mains si douces, les pommettes si rouges, les habits si beaux. Elle le prit dans ses bras. Anir, regardait cette femme, veille, dont les mains fissurées par les rudes taches, le visage sillonné par les années, les habits sales et troués, « Heureusement que mes amis ne l’ont pas vue » se disait il.

Il rentra, dans cette cabane, où l’on ne pouvait s’adosser sans salir sa chemise, il refusa de s’adosser. Sur la petite table on déposa de l’huile d’olive, Anir, la regardait. Sa mère, d’un ton doux, le convia à manger. « Je n’en mange pas ! ». Sa mère sourit et se précipita, pour lui préparer une omelette, Anir, n’en voulu pas pour autant ! La maman, regardait ce jeune homme, et se demandait « mon Dieu est ce mon fils ? » Anir, sortit les mains dans les poches, s’en alla vers la crête où il avait l’habitude de rester des heures !! Il regarda, ces ravins, ces montagnes, ces rivières desséchées, puis se rappela des tombes. Il les regarda d’un air indifférent, « Pauvres de vous, se disait il, vous êtes morts pour un bout de roche, et vous y êtes enterrés ! »

 

Il reparti joindre son oncle. Anir resta quelques jours, comme emprisonné, puis reprit le chemin de la ville. Sa mère, effondrée, le regardait s’éloigner, « Que -t’es-t-il arrivé mon fils ? ». Anir, sans se retourner, pressa le pas, pour s’éloigner de ses rochers de peur qu’une main mystérieuse ne l’y retienne pour toujours. Arrivé en ville Anir repris ses études et coula dans cette vie, dans cette routine de la vile ville.

Un jour, au cours d’un jeu, il s’embrouilla avec un de ses amis arabes et la bagarre éclata, Anir l’entendit l’injurier de « chliyih », de moins que rien, de montagnard, de sauvage et d’ignorant.

Au soir, bien plus profonds que les coups pris lors de la bagarre, les injures résonnaient dans sa tête et une seule question revenait : « Pourquoi l’insultait-t-il de chliyih, de sauvage, de montagnard ? ». Lui qui parlait si bien l’arabe, lui qui avait rejeté ses montagnes, ses ancêtres et même sa famille, pour cette langue.

Anir s’endormit, il se vit au beau milieu d’un brouillard, un froid glacial le gelait, il marchait sans savoir où, une obscurité s’étendit pour étouffer le brouillard, puis une voix stridente, telle celle d’un oracle, résonna, répétant inlassablement les injures, ces mêmes insultes, qui renvoyées par l’écho, l’assourdissaient !!

 

Soudain une brise dissipa cette obscurité opaque et chassa le brouillard, pour qu’apparaissent des montagnes, des rivières, des forets, des déserts, sous un beau soleil d’été. Anir, marchait, marchait, se traînait, se buttait contre les arbres, se roulait sur le sable, se frappait la tête contre les troncs d’arbre. Une seule question, mêlée aux sanglots, lui nouait la gorge:

 

Pourquoi suis je né achelhiy ? Ne suis-je pas assez arabe pour eux ? Suis-je l’un ou l’autre ? Que suis-je ?

 

Une voix s’éleva, d’une majesté absolue, elle résonnait de partout, ne s’emblant venir ni d’un coté ni d’un autre, elle venait de partout : « Je suis la terre, ta mère, celle dont tu as été crée, celle qui t’a porté, celle qui t’a nourrit et t’as vu grandir, et celle qui t’accueillera en son sein après ta mort. J’ai existé depuis la nuit des temps, avant que naisse la lumière, avant que ne soit l’eau, et bien avant l’homme. Ton peuple, Anir, a foulé mes contrées, parcouru mes déserts et asservi mes montagnes !! Il m’a défendu et m’a irrigué de son sang. Ton peuple Anir, s’il devait être édifié à la taille de leur courage, n’aurait trouvé assez de place sur toutes ces terres pour un seul de ses hommes et de ses femmes. S’il devait être édifié en montagnes, il cacherait le soleil, pour la moitie de l’univers, s’il devait être étendu en rivières il engloutirait toutes les contrées.

 

Ton peuple, Anir, est un peuple de géants, incarnés en hommes. Ton peuple, n’a d’égale que son courage, son honnêteté, et sa bonté ! Ton peuple est un grand peuple, sois en fier.

 

Amazigh tu es et amazigh tu resteras. C’est écrit au sein des étoiles et gravé par les sillions des torrents, tel fut écrit et tel sera ».

Anir, continua à marcher. Puis une seconde voix résonna, aussi majestueuse que la première :

 

« Je suis la montagne, celle qui t’as vu naître, celle qui a abrité ton peuple depuis la nuit des temps. Ton peuple, Anir, m’a défendu de toute son âme, hommes et femmes, ont fait ruisseler mes ravins de leur sang. Ton peuple Anir, de ses mains, a creusé les plus durs de mes rochers, pour y cultiver la vie. Ton peuple est fier. Amazigh tu es, Amazigh tu resteras. »

Anir fatigué, s’effondra sur le sable chaud.

 

« Je suis le désert, je cultive la mort et irrigue de soif. Je suis un souffle de l’enfer et une terre maudite. Mais ton peuple Anir, m’a foulé de long en large, à braver mes tempêtes, ma chaleur infernale et a extrait l’eau de mes entrailles. Ton peuple est brave et fier. Amazigh tu es et amazigh tu resteras. »

Anir se releva, le soleil allait se coucher, puis un vent froid le surprit, aux couleurs du crépuscule se mélangeait une opaque obscurité, déchirée par des éclairs qui s’abattaient sur un lointain horizon. « Je suis le Temps, entendit-il, J’existe depuis le commencement. Bien avant l’univers, et bien avant les quatre éléments. J’ai connu ton peuple, qui m’a défié tout au long de longs millénaires et ont su résister, jusqu’à aujourd’hui. Ils ont su restés eux même. Sois en fier. Amazigh tu es, et amazigh tu resteras »

Toutes ces voix se levèrent, répétant inlassablement et de plus en plus fort : « Amazigh tu es amazigh tu resteras, Amazigh tu es Amazigh tu resteras.. »

Anir se bouchait les oreilles, mais il entendait toujours ces voix !! Il sursauta, pour réaliser que ce n’était qu’un rêve. Il se réveilla, mais durant toute la journée ce rêve le hanta !

« Que peut bien signifier, Amazigh, dont ils ne cessent de me parler ? » Il se promit de chercher et d’en savoir plus. De ligne en ligne, de texte en texte, de livre en livre, Anir découvrait cet Amazigh. Cette Amazighité, si majestueuse, qui avait sillonné toute l’Afrique, qui avait combattu les plus grands des peuples, qui avait fait de son Pays ce qu’il était. Il découvrit que sans l’Amazigh, son pays n’aurait pu exister, que la richesse de sa culture était plus étendue que les eaux des océans, que les sens de ses énigmes plus profonds que toutes les mers. Il découvrit que l’Histoire s’était prosternée devant son peuple par respect, que leurs dynasties avaient foulé toutes les terres. Amazigh, cet homme libre qu’il était devenu ! Amazigh, ne cessait il de se répéter !! La fierté scintillait dans ses yeux ! Anir venait de se libérer, il était devenu un homme libre, libre, il était devenu Amazigh.

En marchant vers le marché, il croisa son ancien adversaire, toujours avec le même regard de mépris !! Celui-ci lui lança : « Affin a chliyih » (Alors le chliyih (diminutif/ péjoratif de achelhiy), mais il remarqua que la lueur des yeux d’Anir avait changé, ses yeux brillaient et son regard soutenait le sien au point d’en sentir le poids. Anir rétorqua « Goul Amazigh al kanbou, walakin nta bzaf 3lik, Amazigh bzaf 3lik », il le bouscula et passa son chemin. Son adversaire, restait bouche bée, et ne sachant que répondre demeura statufié.

En revenant vers la maison, Anir aperçu à l’horizon, sa montagne, un sentiment de nostalgie le parcourut, et courra ramasser ses affaires. Anir grimpait sa montagne, jamais elle n’avait été aussi belle à ses yeux, jamais elle n’avait été synonyme de liberté, jamais elle ne l’avait tant attiré. A la vue de sa mère, elle se souvint de ce qu’il avait lu dans un de ses ouvrages :

 

Les femmes amazighes, tel un livre sacré, avait sauvegardé l’identité amazighe. Elles l’avaient notée dans leur cœur, et tatouée sur leur corps ! Elles l’avaient, chantée au soleil, apprise à la lune et l’avaient dansée autour des feu d’été! Elles avaient soulevé et maintenu des millénaires de savoir, que même Atlas ou Hercule n’auraient pu supporter.

 

Amazigh, Anir le devait à cette femme. Il courut, avec un mélange de sanglots et de paroles, il la remercia, lui témoignant tout son amour, car il avait compris que c’était elle la vraie Amazighe. Sa mère, partageait ses pleurs, larmes de joie, de retrouver son fils, ce bout d’elle-même qui incarnait son espoir et sa continuité. Anir, se retourna, puis, suivi de sa mère, s’en alla vers le mont. Il s’approcha des tombes, et sans dire un mot, il leur marqua le plus grand des respects et leur voua la plus profonde des admirations. Enfin, il se rapprocha du bord, il prit une poignée de terre et la serra fort, admira l’étendue des montagnes, majestueuses, prolongea son regard vers la terre dite des sables !! Il se dit « Amazigh je suis et Amazigh je resterai !! Merci à vous, quand à toi Temps, je suis là et je te défierai tels mes ancêtres, et demain te défiera ma descendance Amazigh. Amazigh je suis et Amazigh je resterai. »

Par Abdellah CHAMOU.

 

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3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 23:25
Chleuh
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Cet article concerne la langue chleuh. Pour le peuple chleuh, voir ChleuhsPage d'aide sur l'homonymie
  Chleuh
(Tachelhit)
 
Parlé en Maroc et Algérie
Région Sud-ouest
Nombre de locuteurs 3 à 4 millions[1]
Classification par famille

 -  Langues afro-asiatiques
    -  Langues berbères
       -  Chleuh

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
ISO 639-1
ISO 639-2
ISO 639-3 (en) shi
SIL
Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

La tachelhit (chleuh en arabe) est la langue berbère parlée par les Chleuhs ou 'Ichelḥiyen'. La langue tachelhit est la plus importante langue berbère du Maroc par le nombre de locuteurs et par l'ampleur de son extension. Elle est appelé tasousit par les locuteurs de la tamazight du sud-est marocain pour la distinguer de leur langue qu'il dénomment aussi tachelhit, mais l'intercompréhension entre ces deux langues n'est pas complète.

La tachelhit est parlé au Maroc méridional sur une zone s'étendant des pentes nord du Haut Atlas aux pentes méridionales de l'Anti-Atlas, liées à l'ouest par l'Océan Atlantique. La limite orientale de l'aire de la tachelhit est délimité par l'axe Demnat-Ouarzazate; au-delà de cette limite commence l'aire de la tamazight. La région du Souss est le centre névralgique de l'aire d'expansion de la tachelhit.

La tachelhit est connu pour sa littérature orale riche. La littérature écrite en caractère arabe est apparu à partir de la deuxième moitié du seizième siècle dont Mohamed Awzal (1680-1749) était le poète le plus prolifique de la tradition littéraire tachelhit.

Carte général du Maroc.

Sommaire

Géographie et démographie 

Le Souss, une des régions les plus fertiles du Maroc, irriguée par l'Assif n Souss et séparée du Sahara par les montagnes de l'Anti-Atlas, est la zone centrale de la tachelhit (les habitants du Sous sont des Aït Sous (Ist Souss au féminin), au singulier on dit Ousous (Oultsous au féminin).

La région administrative du Souss Mast Dra.

Dès le onzième siècle, la région était connue pour sa culture et ses exportations de sucre. La vente du sucre aux commerçants portugais, hollandais et anglais aussi bien qu'une part dans le commerce Saharien d'or avait apporté la prospérité à la région. Un système scolaire islamique traditionnel, « un exemple rare d'un système d'éducation individuel organisé et productif dans un environnement presque entièrement rural » (vd. Boogert 1997:9), a existé dans la région pendant des siècles.

Littérature 

Le tachelhit (chleuh), comme d'autres langues berbères, a un corps étendu de littérature orale dans une grande variété de genres. Les fables et les histoires d'animaux contées par les femmes, tournent souvent autour du caractère du chacal (Ouchen en tachelhit) ; d'autres genres incluent des légendes, des histoires d'imam ou de taleb, des énigmes. Moins bien connue est l'existence d'une tradition littéraire distincte qui peut être retracée en arrière au moins au seizième siècle.

Pendant au moins quatre siècles, le tachelhit a été écrit par les disciples locaux dans une variante Maghrébine de manuscrit arabe. L'auteur le plus prolifique de cette tradition était Mohamed Awzal (1680-1749) ; le plus long texte existant en tachelhit cependant est un commentaire sur el-Hawd intitulé « le pâturage » (el-Mandja) de la main d'El Hassan ben Moubarak Tamouddizti el Baaqili, Lahsen Ou Mbark Outmouddizt Abaaqil en tachelhit (1844-1899). Des collections importantes de manuscrits de tachelhit se trouvent à Aix-en-Provence (fonds Arsène Roux) et à Leyde. Pratiquement tous les manuscrits sont de nature religieuse, et leur but principal était d'instruire les gens du commun illettré. Plusieurs des textes sont sous forme versifiée pour faciliter la mémorisation et la récitation.

La langue écrite diffère sur quelques aspects du tachelhit parlé. Par exemple, elle est commune pour les textes manuscrits qui contiennent un mélange des variantes dialectales non présentes dans un simple dialecte. La langue des manuscrits comporte également un nombre supérieur de mots arabes que la forme parlée, un phénomène qui s'est appelé arabisme poétique. D'autres caractéristiques de la langue écrite incluent l'utilisation d'une forme plurielle au lieu du singulier.

Vocabulaire 

Comme toutes les langues berbères, le tachelhit a absorbé un grand nombre de mot arabes, particulièrement dans le domaine religieux. Pourtant le tachelhit est l'une des langues berbères du Groupe nord la moins contaminée : le taux d'emprunts à l'arabe, établi à partir d'une liste diagnostic, est de l'ordre de 25 %, bien inférieur à celui des langues méditerranéennes (kabyle: 38 %) (Chaker 1984). Le tachelhit est également l'une des rares langues berbères a avoir conservé l'ancienne numération berbère, bien que dans les zones de contacts intenses (notamment urbaines), la numération arabe ait tendance à se répandre.

Le tachelhit présente quelques variations d'une région à l'autre, sans remettre en cause l'intercompréhensibilité. De même pour la structure grammaticale et le vocabulaire, proche des autres dialectes berbères.

Caractéristiques phonétiques:

  • Trois voyelles: /a/, /i/,/u/ (= ou) ;
  • Système consonantique caractérisé par trois éléments essentiels: tension, emphase et labialisation.

Proverbes tachelhit 

  • Celui qui appelle le vent ne pleure pas sur la paille. (Ne pas se plaindre des conséquences de ce que l’on a souhaité.)
  • Celui qui veut obtenir de la farine doit étendre ses jambes pour faire tourner la meule.
  • Ta main seule grattera l’endroit qui te démange. (Ne compte que sur toi-même en cas de malheur.)
  • Celui qui appelle Ttêlba (les Lettrés ) pour lui lire le Coran en entier ne se plaint pas lorsqu’ils ont mangé la moitié du bol de beurre.

(Quand on veut obtenir quelque chose, il ne faut pas regarder à la dépense).

  • Le foyer ne subvient qu’à ses propres besoins.
  • La barbe (l’homme) ne subvient qu’à ses propres besoins. (Il ne faut pas trop attendre l’aide d’autrui).
  • Celui qui veut des choses agréables doit supporter avec patience les choses désagréables. (Le bonheur est dans le résignation).
  • Celui qui ne sait patienter sera pris de coliques.
  • L’homme intelligent comprend, l’âne mange la paille.

Contes 

Le Fqih et le berger


Un jour, le berger invita chez lui le fqih (savant) du village. Après avoir mangé et longuement discuté de choses et d'autres, le fqih demanda à lire quelques versets du Coran. Ce qu'il fît. En le voyant ainsi lire, le berger qui semblait très ému laissait glisser le long de ses joues, quelques larmes. Après avoir terminé sa lecture, le fqih se retourna vers le berger et lui dit : "Tu semblais, pendant que je lisais, très ému ; La parole divine t'aurait touché ?" Le berger lui répondit : "Non, d'ailleurs je n'ai rien compris à ce que tu disais, mais pendant que tu lisais, ta barbe qui tremblait me rappela celle de mon bouc que j'avais perdu l'hiver passé, alors je l'ai pleuré !".


Le voleur et le propriétaire de la maison


Un voleur entra dans la maison d’un homme pendant la nuit. Il n’y trouva à voler que de l’orge. Le propriétaire le vit entrer dans la maison. Il se tut et ne lui dit rien. Le voleur enleva sa chemise, la remplit d’orge et la déposa sur le sol. Puis il se mit à parcourir la maison pour voir s’il y trouverait quelque chose d’autre. Le maître de la maison prit la chemise pleine d’orge et la cacha en quelque endroit. Quand le voleur revint, il ne trouva plus rien, et chercha la chemise, mais elle avait disparu. Il sortit par la porte. Le propriétaire de la maison lui dit alors : « Quand tu seras sorti, ferme la porte. » Le voleur lui dit : « Agis ainsi avec les autres voleurs, ne ferme point du tout la porte. »

Notes 

  1. (source : Stroomer), ils étaient 3 millions recensés au Maroc en 1998 (source : Ethnologue.com [archive])

Voir aussi 

Liens internes 

Liens externes 

Bibliographie 
  • Initiation au Tachelhit, dialècte berbère du sud du Maroc d'Abdallah El Mountassir, collection dialèctes mondes, Éd. L'Asiathèque
  • Vocabulaire usuel du tachelhit par Abdellah Bounfour et Abdallah Boumalk, Éditions Centre Tarik Ibn Zyad, Rabat.
  • Grammaire berbère (rifain, tamazight, chleuh, kabyle) de Michel Quitout, Éd. L'Harmattan - 1997
  • Dictionnaire des verbes tachelhit-français (parler berbère du sud du Maroc) par Abdallah El-Mountassir, Éd. L'Harmattan - 2003
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12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 21:28
Littératures berbères et oralité

 

Les sociétés berbérophones ont produit une expression littéraire orale d'une très grande qualité, digne, sans aucun doute, de figurer au premier rang du patrimoine des cultures orales du monde entier.

 

Plusieurs facteurs semblent y avoir contribué. En premier lieu, la persistance de l'oralité a valu à ces littératures berbères de demeurer dans un grand état de fraîcheur, relativement préservée des intrusions et des transformations induites, dans d'autres langues, par la concurrence et la pression de l'écrit. Il a fallu attendre que des transistors la détrônent pour qu'elle vienne à tomber en désuétude ; encore certaines formes peuvent-elle aujourd'hui survivre, voire revivre en maintes occasions, sous des formes renouvelées... Nous pensons plus particulièrement à la chanson. Cette littérature orale s'est aussi trouvée heureusement " fécondée " par la rencontre de deux grands courants culturels qui s'y sont étroitements mêlés.

D'abord un vieux fond méditéranéen d'inspiration très ancienne et parfois encore proche du genre mythique, de tradition strictement orale, tel qu'on peut en trouver encore quelques brides dans les productions culturelle du Nord de la Méditerranée. Ce soubassement méditerranéen a été ensuite complété d'apports appartenant, certes, au même fond universel de thèmes, mais parfois fixé et retransmis après un passage par l'écrit.
C'est le cas, pour la littérature orale en prose par exemple, des contes des " Mille et une nuit " : diffusés en langue arabe écrite par des lettrés, puis repris en transmission orale par des pèlerins ou des conteurs professionnels, éventuellement. traduits, adaptés dans d'autres langues, ils se sont intégrés au répertoire de contes déjà connus, en s'y assimilant, en l'occurrence en se berbérisant.
Une oralité élaborée Toutes ces productions littéraires orales, qu'elles soient en prose ou versifiées, ont la commune propriété d'être dites dans une langue sensiblement différente de celle en usage dans la vie quotidienne.
De même que l'on reconnaît dans les cultures à écriture un style écrit, de même il existe dans les cultures d'expression orale un style littéraire oral très élaboré.
Cette langue littéraire se distingue par un vocabulaire qui privilégie des mots rares, anciens ou empruntés à d'autres langues (l'arabe ou les langues latines par exemple) par une syntaxe particulière, plus audacieuse, où les changements dans l'ordre des énoncés de phrases sont autorisés, les règles d'accords parfois transgressées, les pronoms parfois négligés...

Cette sophistication faite de libertés, d'écarts au langage courant, a l'avantage d'uniformiser une langue entendue comme langue littéraire par de nombreux auditeurs et locuteurs, au delà de la diversité dialectale. Cette langue littéraire, langue des poètes professionnels par exemple, qui se déplacent de village en village est ainsi largement comprise. A travers ces particularités communes des symboles employés comme des tournures qui lui sont propres, on peut lui reconnaître une vocation unificatrice.
Elaboration très soignée, encore, de la structure même de ces productions littéraires orales, non seulement en poésie, mais aussi en prose.
L'oralité exclusive de la transmission peut-être encore davantage que l'écriture-lecture un travail tout particulier de la construction d'un récit fait pour être écouté, entendu, retenu.
Ces récits découvrent des règles d'une véritable architecture de la narration tant en prose qu'en vers, des codes rythmiques qui les ponctuent et les scandent...
L'on saisit ainsi toute la multiple et exeptionnelle richesse de cette littérature collective aujourd'hui perdue dans des sociétés où la littérature s'est désormais individualisée sous la pression de l'écrit. Les genres en sont nombreux, leur variété différentes selon les régions, les communautés dialectales qui montrent plus ou moins d'affinité ou de prédilection pour tel ou tel genre, voire même telle combinaison ou chevauchement de genres.

 
Variété en prose
 

Les contes en prose sont sans doute le genre le plus menacé aujourd'hui de disparition. Dits par des conteuses surtout, au cours des veillées collectives, de la conccurence de l'audiovisuel entraîne leur disparition. Les plus nombreux- sont les contes " paysans " qui traitent des rapports des hommes vivant en société avec les forces naturelles qu'il faut vaincre. Le héros-type est médiateur vainqueur de tous les dangers de la nature hostile -où les ogresses sont tout particulièrement nombreuses - . défenseur du groupe dont il assure la pérennité et la reproduction. Ces contes font partie d'une large culture méditerranéenne.
Ainsi en est-il du " Petit Poucet Kabyle " : Mqidech ( Débrouillard ) est le septième fils d'un père qui a de nombreuses épouses. Sa mère était stérile mais elle l'a conçu après avoir mangé une demi-pomme ( ou une demi-poire selon les récits ) et c'est oourauoi il est tout petit, mais plein d'astuces. Il peut se passer de sommeil et on dit de lui " Mqidech, porte-malheur qui ne dort pas et n'a jamais sommeil ".Un jour, il arrive avec ses frères vorace qu'elle pourrait non seulement le manger mais aussi la terre sur laquelle il marche. Ses frères acceptent le repas que leur offre l'ogresse. Lui le refuse et veille pendant qu'ils dorment. Il prépare un plan de fuite. Mais ses demi-frères, jaloux de sa débrouillardise, l'envoient affronter seul l'ogresse.
Il la met tellement en colère qu'il lui jette un matelas, un moulin à graine et un plat (ou une poule ) et il réussit à capturer l'ogresse et à l'enfermer dans un coffre. Il fait brûler l'ogresse et fini par prendre sa femme...
Une deuxième catégorie de contes puise son inspiration dans une veine plus orientale, plus citadine, influencée en partie par les Mille et Une Nuits par exemple, mais revues et corrigées, berbérisées.
Une version Kabyle d'Aladin en fait un orphelin, fils unique, soucieux d'aider sa mère. Ses prouesses sont accomplies grâcre une lampe et surtout, " un anneau de puissance " conquis à un méchant Marocain, à qui il enlève une fille de sultan qui. devenue sa femme, lui donne accès au pouvoir.

 
Variété en poésie
 

Les genres versifiés sont encore plus variés. En pays touareg s'est tout particulièrement développé un genre de poésies d'amour que l'on qualifie souvent d'amour courtois, aux séances ritualisées lors de réunions, l'ahal, véritables cours d'amour où sont chantés les bonheurs ou les malheurs amoureux de jeunes filles et jeunes gens.
Dans les régions berbérophones du Nord maghrébin, les poésies chantent plus souvent l'amour malheureux. Les métaphores de la femme aimée font appel à un bestiaire qui peut varier selon les régions : la perdrix dans le Tell, du Rif aux Kabylies, plus souvent la pigeonne en pays chleuch. quoique l'on puisse rencontrer aussi la pigeonne personnifiant la belle dans les contes Kabyles. Nombreux sont les chants poétiques qui accompagnent les fêtes saisonnières ; les fêtes agraires, ils sont entendus aux grandes étapes de l'année agricole, fêtes destinées à assurer la fertilité des champs. D'autres accompagnent les fêtes et cérémonies familiales, les mariages où l'on célèbre les louanges des familles qui unissent leurs destins. D'autres encore sont moins collectifs, ainsi les berceuses dans l' intimité de la mère et de son enfant.

 

Très souvent, une certaine improvisation est laissée aux chanteurs de poèmes qui n'hésitent pas à informer ainsi leurs auditeurs des événements de la vie quotidienne villageoise, voire même à critiquer les autorités. De plus en plus rares à présent, se font les occasions de productions poétiques telles qu'elles pouvaient avoir lieu il y a encore peu de temps. Mais d'autres formes apparaissent...
C'est par exemple, à la frontière de l'orale et de l'écrit, des pièces de théâtre.
C'est surtout l'art de la chanson. Nombreux sont les groupes berbérophones qui puisent leur inspiration dans l'art poétique oral (chant de travail, berceuse...), nombreux sont aussi les écrivains qui enrichissent leur œuvre en puisant dans les racines berbères un renouvellement littéraire.

Christelle Le Gallo


 

Bibliographie
Langue et litterature berberes chronique des études XII de Shaker (Vague Verte)
Langue et littérature berbères de Chaker Salem/Bounfou (L'Harmattan)
Littératures berbères : Des voix : Des lettres Paulette Galand-Pernet (PUF)
Essai sur la littérature des Berbères Henri Basset ( Ibis Press )

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10 septembre 2007 1 10 /09 /septembre /2007 18:40
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La revue des littératures berbères



La première revue des littératures berbères

"Jusqu’à ce jour il n’existait aucune revue exclusivement consacrée à la littérature en berbère." Paulette Galand-Pernet

"Cette initiative est fondatrice à plus d’un titre : ouvrir une voie nouvelle pour le berbère, les lettres et l’analyse littéraire n’étant plus l’apanage des « grandes langues " Kamal Naït-Zerrad


"Une revue de littérature berbère : une grande première, utile et opportune." Salem Chaker

Voyez les couvertures de plus près


Tifin Notre découverte est une revue des littératures berbères qui promeut les expressions littéraires et artistiques en langue berbère, dans leurs variétés linguistiques et leurs diversités génériques. Elle vise à les faire découvrir et à les interroger.

Les études littéraires berbères ont longtemps été négligées en tant que telles. On a préféré étudier la littérature (jusqu'à récemment, essentiellement orale) comme un miroir dans lequel se reflétaient les sociétés berbères. Comme expression du groupe, elle était vue à l'aune de son utilité, de sa fonction sociale et de ses préjugés " idéologiques. " L'esthétique des formes littéraires passait alors au second plan. Voilà donc le manque que Tifin Notre découverte vient combler avec modestie, mais rigueur.

Cette revue présente un reflet de la culture berbère vécue. Elle fait le lien entre la culture orale qui perdure et la littérature écrite en devenir. Oralité et écriture seront donc côte à côte dans les lignes de cette revue. Car il faut bien l'avouer, nous sommes dans un moment de transition, où la lecture n'est pas encore une activité banale pour les Berbères. Cependant la diffusion de chansons, de poèmes, de sketches, de pièces de théâtres met en place une nouvelle forme d'oralité. Métamorphoses et permanences de la culture orale traditionnelle qu'il ne faut pas négliger.

Car pour comprendre la vivacité de la nouvelle littérature, il faut aussi l'entendre.

Nous ferons donc revivre sous forme audio des archives inédites ou peu connues du patrimoine littéraire berbère, mais aussi donnerons à entendre de nouvelles créations littéraires.

Pour une présentation plus longue de la revue , voir ici.

Pour connaître les actualités littéraires et artistiques berbères....

bando3

Tifincast, podcast littéraire berbère
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  Les sources: sont en liens hypertextuels.
 Voir aussi:  http://www.berberemultimedia.fr/main.html
 
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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 20:05
Amazigh tu es, Amazigh tu resteras !
Dans un lointain village de l’Atlas, vivait un enfant, son père travaillait la terre, sa mère la laine et elle s’occupait des maigres moutons, entretenus avec des herbes desséchées par les longues années de sécheresse. Une vie (...)




Mammas et Aylimas
Les histoires les plus belles sont souvent tristes et baignées des larmes de ceux qui les ont vécues. Elles sont contées de génération en génération et si la mémoire des hommes venait à les oublier, il en subsiste toujours quelque souvenir gardé (...)




Anya par Atanane Aït Oulahyane
Première partie Cela faisait déjà deux mois que Menad était venu à Agadir et il commençait à désespérer à trouver une habitation qui lui convienne ; non à cause du manque de logements vacants, mais parce qu’il en trouvait bien peu qui lui (...)




Talyqut ou la perle rare
Il était une fois, tout là- bas, entre les montagnes de l’Atlas et l’immense Sahara, une ravissante oasis appelée le royaume de Tafaska, c’est à dire le « don de Dieu », car il y faisait tellement bon vivre dans les villages et (...)




Le maître d’école et la femme
C’est l’histoire d’un maître d’école et d’une femme. Dites-moi, maître, demanda la femme, qu’est-ce qui l’emporte, est-ce le savoir de la femme ou celui du clerc ? Tout savoir existant, répondit-il, (...)




Uccen d tfullust
Yucka-d yan wuccen amellazû gh tagant ar tama n yat taddagt gh tsummer yat tfullust, yini yas : « Azul fellam a Ma ! ». Terar as ed tfullust tenna yas : Azul fellak ! » . Yenna yas wuccen (...)




Argaz d w awtil
Idda yan urgaz s ssouq yafinn yan uaattar ar izzenza kra n Tzrbay , isers yan w awtil gh tama ns . inna yas : argaz : mnck tizrbay ad ? aattar : ku yat s w atig ns argaz : imma awtil ad mad s gis tnnit (...)




Ist àemti Tikerkas
Maqqargh ist àemti Tikerkas. Ggallent yi, ggalgh asent, hiydent yi, mungh isent.Nasi wawerz, nruH taggurt, ighers agh usarag i unwal. Nbbi tigjda f ixsan, ngi tent in gh ya ugdur, nsergh as s taqqurt ar làerc làaDim. Nasi d yat tgwdumt s myat (...)




Souleimane et la chouette
C’est l’histoire d’un roi du nom de Souleimane qui régnait sur le monde des esprits et celui des hommes, ainsi que sur les oiseaux. Un jour, sa femme lui dit : "Il nous faut un tapis fait de plumes" Or lui n’était guère (...)




Tarbat N Ugejja
Ikkaten in gh yan uzemz en yaggugen yan urgaz d tmettût nnes ttâfen yat terbat (tafruxt) bahra ifulkin, inneran tafukt gh ufulki, ittawin tît n wannat izêran. Ar ttimghur ar dis ittimghur ufulki nnes, ur tlkem akud n iwel (littihal), ayelligh (...)




Le Caftan ensorcelé
Voici l’histoire qui est arrivé un jour au pauvre M’hand, un tailleur du sud marocain... Il était une fois un homme, tailleur de son état, qui avait la femme la plus insatisfaite qui soit : à chaque fois qu’elle avait envie (...)




Ilki d telkit d iwt
Ffughen ddan ad awin tiskwrine. Wurrind s tgmmi, skern gh ugayu n yat tagdurt, skern gh ugayu n yat tasksut. Bbin tiskwrine d ixsan gin tent in. Tddu tilkit d urgaz ns ad isggeln I iwT, nnan as : “han a n ur tagwt agdur !”. Ffughen, (...)




Le Chacal, le Lion et le Mulet
C’est l’histoire d’un lion qui s’en vint trouver un chacal et lui dit : « Je voudrais que vous me procuriez de quoi manger : voilà huit jours que je reste sur ma faim » « Il y a ici, répondit le chacal, un mulet qui (...)




aghyul d ifiys
yan was immaqqar ughyul d ifiys inna yas : ifiys : is trit ad ak fkgh laabert n tmzin mac ak ccegh ? aghyul : walainni awddi ljid ad tgit , ar siti itkhdam ufgan ur jju yyi fkin unck ad . izayd ughyul ar ittazzal immaqqar d bu mhnd inna yas (...)




Le Hérisson, le Chacal et le Lion
C’est l’histoire du chacal, du hérisson et du lion qui s’associèrent pour la culture. Autre variante retrouvée dans un conte Touareg : Le Lion, l’Hyène et le Chacal S’étant donc associés, ils labourèrent, (...)




La Fiancée d’Anzar ( Tislit - u - Anzar )
D’après une légende amazigh, adaptation libre de Ayt Oulahyane Atanane Il y a longtemps, très longtemps, à l’époque où la Terre rejoignait encore par endroits le ciel, les pluies vinrent à manquer cruellement, pendant une longue (...)




Aïsha Kandisha
Actuellement encore, cette sulfureuse histoire continue de persister du Nord au Sud du Maroc, et bien au delà ; les gens se la racontent parfois les longs soirs d’hiver, comme une légende pour grandes personnes, en prenant bien soin (...)


Source: Souss.com

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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 21:08

  

3- Qu’est ce que : « Berbère » ?

Avant d’entamer une quelconque approche, je souhaiterais aborder un des mots-clés qui seront omniprésents dans ce travail .Tout d’abord notons que par « contes berbère », nous désignerons uniquement les contes qui seront présents dans notre corpus, cela afin d’éviter de prendre tout jugement fait à l’égard de ce corpus comme général et adéquat à tout conte berbère, ce qui n’est sûrement pas le cas. Quant aux parlers de ces contes, ils sont d’origine tachlhitophone[1], ou kabyles[2] ; et ce afin d’avoir une vue plus nette sur le merveilleux des contes berbères, ce qui n’aurait pas été le cas si l’on s’était tenu aux contes berbères du Maroc.

Le concept « Berbére » en tant que langue, désigne tout un ensemble de parlers caractérisés à la fois par variantes nationales aussi bien que régionales. Sans trop approfondir, nous allons essayer de présenter une approche sociolinguistique du berbère.

La population berbère, ou Amazigh comme elle se désigne actuellement et dont la signification est « Hommes libres », représente environ 30 millions de personnes, réparties sur plusieurs pays du Grand Maghreb-Sahara-Sahel (Maroc, Alger, Tunisie, Egypte, Libye, Iles Canaries, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso). Nous pouvons également rajouter les ressortissants berbérophones de ces pays résidants dans les pays occidentaux. Le critère d’identification des populations berbérophones repose sur la langue berbère (Amazigh ou tamazight), dont le système original, tifinagh, est utilisé par les Touaregs. L’utilisation de la graphie latine pour transcrire l’alphabet tifinagh a été adoptée en Algérie. Les Imazighens du Maroc utilisent aussi bien la graphie latine que la graphie arabe pour écrire le berbère. Le 5 février 2003, l’Institut royal de la culture amazigh (IRCAM), crée en  octobre 2001 (au Maroc), a tranché en faveur de l’usage de l’alphabet amazigh, le tifinagh.[3]

S’il est difficile d’avancer des chiffres précis quant à l’importance numérique des populations berbères dans les pays cités ci-dessus, c’est qu’aucun recensement des berbérophones n’a été fait. Il est néanmoins possible de brosser une géographie démographique approximative. 

Le Berbère concerne en premier lieu, le Maroc ou plus de 40% stable sont des berbères, sans prendre en conséquence les bilingues (Berbère Arabe). Cependant, le Maroc pourrait être reparti en trois grandes zones linguistiques : Le nord ou est parlée Tarifit (le Rifain), le centre ou est parlée le Tamazight, et enfin le sud ou est parlée le Tachelhit. Bien sur cette répartition n’est pas aussi précise et reste très générale.

Cependant ces variétés nationales sont, elles mêmes, traversées par des variétés régionales pour le simple exemple : Dans La région de Ouarzazate cohabitent près de cinq variétés régionales.

L’Algérie ou est parlé le Kabyle, en Kabylie, Ainsi que d’autres variantes du berbère.

La Mauritanie, ou le Berbère est faiblement représenté.

Enfin des pays tels : le Mali, le Niger …où est parle lé Touareg.

Ajoutons que le berbère est exposé à un véritable rapport de force inégal dans la plupart de ces pays, causé par des positions idéologiques arabes des gouvernements, ce qui risque fort de venir à bout d’une culture millénaire et par conséquent éradiquer toute une identité.

 Berbère, en tant que concept est issu du terme grecque « barbaroi », qui désigne quelqu’un dont on ne comprend pas la langue ou encore étranger à l’empire romain au quatrième siècle av. J.-C. Il désigne, actuellement, tous ceux qui parlent le berbère[4].

Sans trop détailler, je tiens à dire que ces dernières années ont connu un grand éveil des berbères  revendiquant une reconnaissance de leur culture, une standardisation de leur langue, et une préservation de leur identité ; qui a beaucoup souffert de la glottophagie arabe et des son idéologie.

Le berbère est actuellement un champ fertile auquel s’apprêtent toutes les théories et dans tous les domaines.


 4- Origine et Valeur des contes berbères :

Les contes berbères remontent à fort longtemps, cela n’est guère étonnant de la part d’une culture millénaire (le berbère existerait depuis dix mille ans), cependant il furent nourrit par diverses influences provenant des divers cultures que côtoyaient les berbères, ou des puissances qui ont coloniser la berbérie à une certaine époque. Henry Basset, donne plus d’explication dans sa fameuse référence, extrêmement importante en ethnolinguistique, « Essai sur la littérature des berbères ». Ajoutons que cet ouvrage fut conçu par la demande de l’occupation française au Maroc, et ce afin de mieux connaître les tribus berbères qui leur tenaient tête. Cela n’enlève aucun mérite à la valeur de cet ouvrage car la dimension scientifique est scrupuleusement respectée.

« Les contes merveilleux durent exister de tout temps chez les berbères. Ils appartiennent à une forme d’activité mentale trop primitive dans l’humanité ; ils sont liés […], à des croyances trop fondamentales, pour que nous puissions les croire d’importation récente. Mais si l’aptitude à conter, et le plaisir qu’ils éprouvent à entendre une histoire, sont extrêmement anciens chez les berbères, les sujets des contes qu’ils narrent aujourd’hui remontent-ils chez eux à une aussi haute antiquité ?

Il existe dans l’Afrique du Nord un certain nombre de contes que nous pouvons supposer y demeurés depuis l’époque romaine, tout au moins ; car ils y sont attestés dans l’antiquité classique, et ne se retrouvent pas chez les peuples orientaux qui sont venus depuis lors s’établir en Berbérie : le thème de la tâche de Psyché [ que nous allons retrouver dans l’un de nos contes[5]], condamné à trier les grains d’un énorme tas, et aidée dans son travail par des fourmis, est de cela. D’autre part, la version berbère de certains contes se rapproche plus des versions de l’Europe occidentale que de celle de l’Orient : tels sont, dans leur fond sinon dans leurs détails, les récits qui mettent en scène, sous une forme ou sous une autre, un personnage analogue du Petit Poucet : l’enfant qui vient à bout d’un ogre, ou plutôt d’une ogresse, héros fameux dans toute la berbérie. De ce genre encore, le thème de moitié de Coq, demi animal qui, après bien des aventures, finit par enrichir son possesseur[6] ; le thème des animaux reconnaissants ; la personne même de certaines fées ou de la marâtre ».

C’est notamment sur ces points que nous contons appuyer notre comparaison, puisque Henry Basset reconnaît dores et déjà qu’il existe une sorte de cordon qui relierait les contes berbères aux contes français. Ainsi allons nous essayer d’en savoir plus et surtout savoir sur quel niveau s’effectue cette ressemblance et à partir d’où commence la dissemblance ?

Henry Basset ajoute : « Mais, d’une manière générale, les contes que nous  avons des raisons de croire anciens en Berbérie sont peu nombreux par rapport à ceux dont nous pourrions au contraire établir la provenance récente et orientale, par la comparaison avec les versions qui en circulent dans les pays musulmans d’Orient. La masse des contes merveilleux parait s’être renouvelée pour la plus grande partie depuis la conquête arabe, c’est-à-dire depuis une douzaine de siècles, temps relativement court dans l’histoire des contes. Il en a été, chez les berbères, des contes populaires comme du reste ;ils ont adoptés avec une extrême facilité ceux qui leur venaient de l’étranger […] Ces contes étrangers se sont répandus chez eux très vite, et leur origines n’a nullement nuit à leur popularité…

C’est [qu’] aussi depuis l’époque de l’islamisation, les circonstances se traitaient d’une façon toute particulière à l’apport dans l’Afrique du Nord des contes orientaux ou des versions orientales. Une invasion comme celle des Hilal (Banou Hilal) et des Soleîm, introduisant dans le pays un élément de population appréciable et qui s’insinua presque partout, avait dû apporter avec elle toute une masse de contes merveilleux et les répandre.

[Certains ouvrages ont du également exercer une grande influence sur le caractère de certains personnages, tel le livre des Mille et Une Nuit : cet ouvrage eut] un grand succès dans tous les pays musulmans, en Afrique comme ailleurs ; leurs récits, passés dans le peuple, vinrent grossir dans une très large mesure la masse des contes populaires, et même, parfois, en modifier sensiblement le caractère.

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27 avril 2007 5 27 /04 /avril /2007 20:58
 Je vous invite à découvrir l'univers des contes amazighs! Tout d'abord je vous ferai part de certaines approches portant surtout les définitions et les contextes littéraires, puis bien sur suivra une analyse du conte. Je m'efforcerai d'essayer de vous fournir les contes en question, cependant,  je ne peux m'y engager, vu le nombre de contes cités.

Il va de soi que je ne mettrai pas tout en une seule fois, cela serait plus un long pavé repoussant qu'un paragraphe attrayant, donc comme on dit chez nous, imik s imik d yat s yat ourd yat f yat!!

Je vous souhaite très bonne lecture!


 

Dans diverses parties du monde, quelques soient leurs cultures, leurs religions, leurs langues, les sociétés ont toutes été, d’une manière ou d’une autre, marquées par les contes. Cette transmission ancestrale de la culture, de l’identité, renferme bien des caractéristiques de chaque société. Cependant, tout original que puisque être le conte, il n’en demeure pas moins influencé, à une certaine époque, d’une manière ou d’une autre par d’autres cultures. C’est principalement le cas des contes berbères, sans pour autant prétendre qu’ils sont les seuls.

Comme le confirme Henry Basset dans son fameux Essai sur la littérature orale des Berbères, « la version berbère de certains contes se rapproche plus des versions de l’Europe occidentale que de celle de l’Orient »[1], un rapprochement dû, à des rapports coloniaux, ou à des contacts commerciaux qui remontent assez loin. Nous pourrions déjà imaginer l’influence qui remonte au deuxième siècle avant J.C, époque pendant laquelle les romains ont envahi la Berbérie et ont réussi malgré une résistance farouche des autochtones à imposer leur langue et leur culture. Ce serait donc à cette époque que remontent les thèmes communs des contes berbères et des contes français. Aujourd’hui, nous retrouvons des thèmes communs tels la tâche de Psyché, le personnage du Petit Poucet contre l’ogresse, pour ne citer que cela. Au cours de ce travail nous essayerons de démontrer qu’il y a plus qu’un simple lien de thème, tout en démontrant que chacune cultures a, pour autant, garder son originalité.

 Avant de pouvoir amorcer une quelconque comparaison, prenons le temps de nous poser les questions suivantes :

 

1- Qu’est ce qu’un conte ? Qu’en est-il de sa collecte? Et de ses fonctions ?

            Le conte, et particulièrement, le conte merveilleux, est selon Paul Delarue : « L’expression la plus parfaite de tous nos récits oraux »[2] .

 Le terme « conte » bien qu’omniprésent dans la littérature, présente bien souvent des confusions et des frontières indécises qui ne sont guère faciles à délimiter ; Cependant « trois critères suffisent à le définir  en tant que récit ethnographique : son oralité, la fixité relative de sa forme et le fait qu’il s’agisse d’un  récit de fiction »[3].

Le conte s’inscrit tout d’abord dans le vaste champ que Paul Sebillot « baptise » d’une expression paradoxale, « littérature orale » en 1881. A l’instar des comptines, des proverbes, des devinettes, le conte est caractérisé par cette « transmission de bouche à oreille », qui caractérise selon Pierre Saintyves, « le savoir du peuple ».

Chaque conte est un tissu de mots, de silence, de regards, de mimiques et de gestes don l’existence même lubrifie la parole, aux dires des conteurs. Bien que le conte soit un récit hérité de la tradition, il ne s’aurait l’être de façon immuable. Le conteur puise la trame de ses contes dans un répertoire connu depuis longtemps. Mais, c’est grâce à, son  talent de conteur, ses gestes, ses paroles enchantées, ses regards : provocateurs, rêveurs, effrayants, qu’il transmet cette création qui est à la fois sienne et anonyme.

Cette « littérature mouvante » selon Van Gennep, par opposition à « la littérature fixe » avoue dés son incipit sa singularité par la délocalisation à la fois temporelle et spatiale, et invite à la rupture avec le monde de l’ordinaire : « Il était une fois .. », «  bien loin de la … », « au royaume des fées ».

Quant à la collecte et au classement des contes et leur datation, il faut d’abord que les contes soient classés dans ce que Fernand Braudel, appelle « la longue durée » et seules peuvent être datées avec précision les versions manuscrites ou imprimées et les transcriptions de textes oraux qu’ont laissées les ethnographes du siècle dernier. Et comme le souligne Marie-Louise Teneze, la collecte systématique des contes est postérieure, dans tous les pays d’Europe, à la publication des « kinder-und Hausmarchen » des frères Grimm (1812-1815).

Des enquêtes sur le terrain ont été menées par des individualités telles que: Asbjornsen en Norvège, Svendt Grundtvi au Danemark, Pitre en Sicile, Paul Sebillot puis Arnold Van Gennep en France. Ces enquêtes ont accumulé un matériau immense, pour uniquement les archives d’Helsinki en 1918 on a recensé plus de trente mille documents. La bigarrure des textes recueillis et les ressemblances sensibles permirent, au Finnois Antti Aarne, de définir, des 1910, la notion de conte type en tant que: « une organisation des motifs suffisamment stables pour s’être inscrits dans des récits, un  schéma narratif privilégié »[4].

 Le recensement des contes types, initialement mené à partir des collections Scandinaves et Germaniques, s’élargit bientôt à l ‘ensemble de l’Europe puis à l’Inde. On aboutit à une classification internationale à laquelle sont liés les noms d’Antti Aarne et de Stith Thomson, ce dernier à qui on doit  également le monumental « Motif-Index of Folk Litterature ».

La classification Aarne-Thomson comprend aujourd’hui 2340 types repartis en quatre catégories : Les contes d’animaux (T.1X299), Les contes proprement dits qui inclus les contes merveilleux et les contes religieux ( T.300X1199),Les contes facétieux (T.1200X 1999) et  les contes à formule (T.2000X2340).

L’Aarne-Thomson a rendu possible les monographes de contes et par conséquent la comparaison de toutes les variantes et l’établissement de catalogues nationaux. Celui de Paul Delarue et de Marie-Louise Teneze pour le conte populaire français  est exemplaire.

Pour chaque conte, nous est donné le texte d’une version de référence puis un découpage narratif, suivi de la liste de toutes les versions recensées avec l’inventaire de leurs motifs. Chaque conte est assorti d’un commentaire. Lorsque les versions issues d’une rare aire géographique donnée présentent des caractères originaux, et ce, de  façon persistante, on parle de « Oecotypes régionaux » reprenant en cela un terme proposé par Carl Wilhem Von Sydow.

Afin de rendre l’étude du conte plus scientifique, plusieurs grandes théories prétendaient trouver un système d’explication valant pour tous les contes :

La théorie indo-européenne ou mythique était déjà celle des frères Grimm, représentée en 1874, par Hyacinthe Husson qui l’applique systématiquement à l’étude « des contes de Perrault » ;les contes dériveraient de mythes cosmologiques aryens, nés à l’ère préhistorique en Inde, berceau supposé du peuple indo-européen. Hycinthe Husson voit dans le conte de Perrault des « mythes solaires » : le chaperon rouge dévoré par le loup, c’est l’aurore avalée par le soleil, et sa grand-mère représente l’une des aurores précédentes ; « La belle au bois dormant » équivaut au mythe de Perséphone, etc.

La théorie indianiste, quant à elle était lancée par Théodore Benfey en 1859, est reprise par le folkloriste Emmanuel Cosquin: elle est élaborée parallèlement aux recherches philologiques concernant les recueils de contes médiévaux venus d’Orient et qui relèvent des traductions successives enrichies d’apport nouveaux, à l’origine indienne, semble-t-il ; ainsi « Le Roman des sept sages de Rome », « la Disciplina clericalis » de Pierre Alphonse qui auraient servi de paraboles dans l’enseignement des moines bouddhistes ; ces récits auraient laissé des vestiges résistants à l’érosion des multiples et divergentes reprises occidentales.

La théorie ethnographique est adoptée par Arnold Van Gennep. Dans « la Formation des légendes », paru en 1910, il explique notamment le grand nombre de contes d’animaux par l’importance des rites totémiques pour  les primitifs ; il estime que l’évolution narrative s’est effectuée à partir des genres les plus utilitaires, du mythe, qui commente un rite, et la légende, qui impose un devoir, au plus gratuit, le conte merveilleux, en passant par les contes d’animaux et les fables, qui enseignent une leçon.

La théorie ritualiste, de son côté, est ardemment défendue par Paul Saintyves. Dans « les contes de Perrault et les récits parallèles », paru en 1923, il interprète les personnages des contes comme le souvenir de personnages cérémoniels jouant un rôle dans des rites populaires plus au moins oublies ; par exemple, Cendrillon et Peau d’Ane seraient des reines de carnaval, l’une présidant à la domesticité intérieure, l’âtre ,l’autre à la domesticité extérieure, la base basse-cour, dans un rituel de carnaval, magico-saisonnier, destiné à  favoriser les unions et la fertilité.

Mais ce sera le folkloriste russe Vladimir Propp, qui sera le premier à étudier les formes du conte. Sa « Morphologie du conte », publiée en 1928, ne sera connue en Occident qu’à partir de 1958. Les réflexions de Paul Sebillot, les classifications de Antti Aarne et Stith Thompson, les travaux de Joseph Bedier sur les fabliaux constituent déjà, une débauche d’analyse structurale :le terrain était donc favorable au modèle de Vladimir Propp qui exerce alors une influence considérable dans la narratologie.

Il considère le conte comme une superstructure et se propose de retrouver dans le passé les systèmes de production, ou plutôt les régimes sociaux correspondants qui ont rendu se création possible. Propp analyse une centaine de contes merveilleux russes, en tentant de les classer non d’après leurs sujets, mais d’après leurs structures.

Il remarque que les contes russes sont constitués de trente et une fonctions, liées par un rapport d’implication. Ces trente et une fonctions, sans être forcement être présentes dans chaque conte attesté, s’enchaînent dans un ordre identique. C’est le développement invariable de ces fonctions qui constitue le schéma canonique du conte merveilleux[5].

Une des grandes  importances qu’acquière le conte est octroyée par les diverses fonctions qu’il a toujours accompli depuis la nuit des temps au sein des communautés. Le conte est d’abord porteur d’une mémoire collective, d’un rythme de vie du quotidien et d‘une identité qu’il préserve.

Car, il ne se définit pas seulement par le plaisir, le jeu, ou le désir du beau. Mais il divulgue, certainement une information, appauvrie, amplifiée, déformée d’un  relais à l’autre, d’un conteur à l’autre. Le conte marque un univers familial, et le conteur grand artiste protagoniste est comme le signale Per Jakez Helias : « quelqu’un qui est frappé d’inspiration là où les autres ne voient qu’incident »[6].

La fonction morale cependant se démarque, surtout dans les contes christianisés qui s’ordonnent autour de deux pôles antagonistes –le bien et  le mal –le diable et le bon Dieu –dont  le conflit anime la création.

Si  les légendes et les vies des saints exaltent des actions que le groupe juge exemplaires, dans les contes  facétieux, en  revanche, on rie d’un comportement jugé inacceptable, qu’on attribue généralement aux membres d’une communauté linguistiquement et géographiquement proche pour mieux marquer sa supériorité. Ainsi, en France, les histoires corses raillent elles la paresse, les histoires juives l’avarice, les histoires Belges la sottise, etc. Mais, chacun se moque de l’autre et chacun est perçu de la même manière qu’il perçoit l’autre.

Aux fonctions citées, il convient d’ajouter la fonction étiologique ou comme l’appellent les folkloristes, les «pourquoi ». Ces contes expliquent l’origine de certaines réalités d’aujourd’hui tel que : pourquoi les chiens n’aiment-ils pas les chats ? Pourquoi définit l’étiologie par le fait qu’elle juxtapose deux sections temporelles : son but est « d’exposer une certaine les colombes ne pondent que  deux œufs ?… Morten Nojgaard, cité par Marie-Louise Teneze, chaîne d’actions dans un passé éloigné, et, ensuite d’en tirer la conséquence qui explique un phénomène donné de la  réalité du lecteur » 6. Cependant, elle distingue, en outre, « les contes intrinsèquement étiologiques, construits en fonction de l’explication à fournir, des contes à fin étiologique  extrinsèque ou l’on surajoute une conclusion étiologique à un récit qui se suffit à lui-même »6.

La fonction initiatique des contes a déjà fait couler bien d’encre dans le sens où ces contes sont censés préparer un non-initié à la vie adulte et à tous ses mystères. Selon les recherches de Geneviève Calame-Griaule, les Dogon[7] associent les contes à la sexualité. Ils y voient « une parole de nuit », une parole de désir, indispensable aux mariages comme aux naissances, et dotée elle-même d’un tel pouvoir fécondant que l’échange de contes est interdit entre les catégories de parents soumises au tabou de l’inceste .

Yvone Verdier interprète « le petit chaperon rouge » comme un récit lié à l’initiation des filles à la sexualité. Le conte utilise du reste tout un lexique lié au travail du fil : l’aiguille et l’épingle, le chaperon et la dent de loup, la chevillette et la bobinette. En jouant sur les termes techniques d’un code artisanal (la couture et la dentelle), qui relève d’un savoir-faire féminin, le conte populaire retrace une aventure ou se lit le destin des femmes. Heureusement, tout le monde n’est pas ethnologue et on ne percevra dans le chaperon rouge qu’un conte d’enfants.

Il faudrait noter d’ailleurs que la relation du conte au monde de l’enfant ne date que du XVIIe siècle quand on a confondu le répertoire de la littérature orale à celui de  la littérature de jeunesse. C’est surtout Charles Perrault qui y a contribué, car le frontispice selon l’édition originale des « contes du temps passé » représente une paysanne filant au coin du feu et faisant de beaux contes aux enfants qui l’entourent. L’amalgame a sans doute été favorisé par le fait que les enfants admis aux veillées paysannes, qui rassemblaient la communauté toute entière, y ont pris du plaisir et se sont peu à peu approprié ces histoires et particulièrement le conte merveilleux.

La première hypothèse avancée par les psychologues est que les contes fournissent à l’enfant un univers aisément déchiffrable, car le conte est fondé sur des oppositions très marquées entres petits et grands, riches et pauvres, bons et méchants. Ce dernier clivage ne correspond pas à une antithèse d’ordre éthique, puisque les valeurs positives se trouvent par définition du coté du héros.

Or, les recherches de Piaget et de Wallon, ont montré que l’enfant est incapable de concevoir des séries graduées d’objets : le monde s’ordonne pour lui autour de couples contrastes qui ne comportent pas d’intermédiaires[8]. Les contes merveilleux ne fonctionnent pas autrement et ainsi il fournit à l’enfant ce que Eric Berne appelle un « scénario de gagneur ». Au début, le héros est défavorisé par se taille –le petit poucet - la moitié de coq -, son apparence –Riquet à la houppe -, son intelligence –l’idiot du village - et surtout par son âge –il est presque toujours le cadet de la famille. Pourtant, à la fin, il sera vainqueur, riche, heureux avec une princesse.

Pour Bruno Bettelheim, le conte a surtout le mérite d’exprimer des réalités que l’enfant pressent mais dont il ne veut pas ou ne peut pas parler. Ainsi les plus célèbres des contes merveilleux évoquent à mot couvert le tabou de l’inceste –Peau d’âne fuit son père qui veut l’épouser -, la crainte de le castration –le loup de Prokofiev a la queue coupée - la scatologie- dans une version ancienne, le loup  détruit la maison des trois petits cochons par la force de son pet destructeur.

La sexualité également, mais sous une forme symbolique qui sollicite l’inconscient de l’enfant. Dans le chaperon rouge, l’enfant enlève pièce par pièce en effectuant son « strip-tease » pour se retrouver à la fin dans le lit du loup. En effet, la version de Perrault finit mal, car l’héroïne périt, dans la gueule du loup. La morale de Perrault met en garde les jeunes filles contre les loups danceureux.

Cependant, tous les scientifiques ne sont pas d’accord quant au bénéfice tiré du conte par l’enfant. Dans sa célèbre psychanalyse « L’homme aux loups », Segmund Freud a dénoncé les dangers de ces contes d’avertissement qui peuvent frapper durablement des êtres sensibles, puisqu’ils  participent à une « pédagogie de la peur » :

« Tel l’enfant qui ne se mouche pas verra son nez pourrir, une coquette qui se regarde trop dans le miroir y verra le diable, ou celui qui n’aime pas se laver les cheveux, verra les poux faire des tresses de ses cheveux et le traînerons à la rivière »[9] . Ces divers monstres peuvent resurgirent dans les cauchemars de l’enfant.

 Bruno Bettelheim considère le conte comme un matériau psychopédagogique irremplaçable. C’est un « abécadaire  où l’enfant, apprend à lire  dans  le langage des images ». Quant à Sara Cône Bryant, elle  a démontré, à quel point le conte  était fait pour être dit non pour être lu.

Durant la transcription des contes, une polémique s’est déclarée. Les ethnologues, au nom de la fidélité exigeante à la matière populaire, affirment la nécessite d’une transcription littérale. Ils veulent des récits authentiques, datés, localisés avec précision, matériau sans retouches.

Arnorl Van Gennep le confirme:  « tout noter intégralement, sans faire intervenir une critique littéraire, affective ou morale, ni évaluer ce qui est populaire au moyen de mètres artificiellement construits »12.

Face aux hommes de science, un certain nombre d’écrivains ont  revendiqué le droit de faire leur de cette matière populaire. Les frères Grimm, se font un devoir de restituer fidèlement le contenu des contes recueillis, ils admettent bien volontiers que, dans le domaine stylistique « l’expression et l’exécution  du détail viennent d’eux pour la plus grande part ».

Au XXe siècle, Henri Pourrat, dont le trésor rassemble près d’un millier de contes, s’affirme comme un défendeur passionné de l’adaptation lorsqu’il reproche aux folkloristes d’avoir fait œuvre de mort :« le  folklore représente le peuple comme fagotier représente un arbre. Le peuple en vie ne se trouve pas dans les recueils ». Le conte, « fiction intentionnelle » selon Vladimir Propp, est susceptible de s’intégrer dans des structures narratives plus vastes. Les folkloristes ont depuis longtemps souligné la tendance des contes à s’agglutiner entre eux et taxent de « contamination », ces mariages qui mettent en péril la belle ordonnance de la classification Aarne-Thomson.

Actuellement, on pourrait se demander si le conte est mort ou vivant ?

Le conte naît toujours de la rencontre de deux imaginaires. Si la mémoire collective, au terme d’une lente décantation, en fixe le schéma narratif, celui-ci ne prend vie que lorsqu’il s’incarne dans un artiste à part entière, conteur doué ou écrivain. Pourtant ,cette existence semble menacée, et nombre d’observateurs annoncent que le conte , en Europe occidentale tout au moins , est voué à une disparition  prochaine .Aussi , le discours sur le conte  se conjugue -t- il a l’imparfait :  «Il était une fois le conte … » Ce «Il était une fois » ouvre bien la porte à des nostalgies .

Or, il en est du conte comme de tout objet folklorique : « On le voit surtout lorsqu’il semble disparaître », écrit Nicole Belmont.

Au XIX e, Gérard de Nerval évoque « ces histoires qui se perdent  avec la mémoire et la vie des bons gens du passé ». Mais, comme le note autrement Michel Screesh, le chicano[10] de Rabelais ne s’exprime pas autrement : « toutes bonnes coutumes se perdent » affirme-t-il dés 1541.[11]

2- Qu’est ce que le merveilleux ?

S’il fut une époque où l’on cru tout  possible, ce fut bien le Moyen Age : l’Occident médiéval baigne dans ce que l’on a coutume d’appeler le merveilleux. Cependant avant d’essayer de dévoiler ses divers aspects, il convient de définir « le merveilleux » étymologiquement :

Au XIIe siècle apparaît en français l’adjectif « merveilleux ». Il a été formé sur merveille, qui date du XI eme siècle et vient de l’adjectif latin au neutre pluriel mirabilia. Par l’adjectif déverbal mirabilis, le verbe miror et l’adjectif radical mirus, on rejoint une racine indo-européenne smei ou mei que l’on retrouve dans le grec meidiao, sourire. La racine latine mir- indique que la vision, que l’œil joue un grand rôle : le merveilleux est donc d’abord une perception qui provoque une sorte de détente impliquant une tension, une peur.

En connotation avec « merveilleux » et empruntant leur racine étymologique au latin mirira, nous trouvons « mirifique », un superlatif de « merveilleux », « miracle », un phénomène appartenant au surnaturel, c’est-à-dire au non rationnel, « mirage », un phénomène qui évoque l’idée d’une duperie et d’une déception, et enfin « miroir » et son dérivé « miroiter ». Si nous prenons le latin mirabilia nous constatons que le merveilleux implique admiration (admirabilis) et étonnement.

Au Moyen Age, tout ce qui remet en cause une certaine conception de la réalité, va à l’encontre des connaissances et de la raison, suspend le cours du quotidien, bref, offre un contrepoids à la routine et à la banalité, relève du merveilleux[12] .

 

Abdellah CHAMOU

[1] René Basset, la littérature populaire berbère et arabe, New-york, 1902, reproduit in Mélanges africains et orientaux, Paris, 1915,

P. 46-48.

[2] Encyclopoédia Universalis, France. S.A, 2002. Tome:6.

[3] Encyclopoédia Universalis, ouvrage cité.

[4] Encyclopédie Universalis, ouvrage cité.

[5] Vladimir PROPP ,« Morphologie du conte », édit du Seuil 1965 et 1970, paris.

[6] Encyclopédie Universalis, ouvrage cité.

[7] Tribus noires du Mali.

[8] Encyclopédie Universalis, ouvrage cité.

[9] Encyclopédie Universalis, ouvrage cité.

[10] Langage familier, nom donné aux mexicains émigrés au Etats-Unis.

[11] Encyclopédie Universalis, ouvrage cité.

[12] Claude Lecouteux, « Au-delà du merveilleux, essai sur les mentalités du moyen Age », presses de l’université de Paris-Sorbonne, Paris, Septembre 1998.P 13-14Vladimir Propp,  « morphologie du conte ».Vladimir Propp,  « morphologie du conte ».Vladimir Propp,  « morphologie du conte ».Vladimir Propp,  « morphologie du conte ».Vladimir Propp,  « morphologie du conte ».Vladimir Propp,  « morphologie du conte ».

 





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