Par amazighblog.net
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Je fais partie de cette génération de jeunes amazighs extrêment fière de ses origines. Fini ll'époque où on disait presque hontement qu'on était amazigh. Cela était dans nos esprits d'enfants synonyme d'échec social. C'est horrible à dire, mais, petite fille, je me rappelle que j'étais même jalouse de mes copines Fassi, je développais un complexe d'infériorité par rapport à elles. Je vous laisse imaginer alors l'état d'esprit d'un enfant amazigh qui n'a pas encore les facultés intellectuelles nécessaires pour contruire sa propre opinion, mais qui ressent déjà une certaine stigmatisation, descrimination, et sousestimation (l ha3ra) de son peuple et de ses origines.
Nos parents ont une grande part de responsabilité dans cette situation. Ils ont voulu nous protéger, ils n'ont pas voulu que l'on souffre des mêmes handicaps qu'eux, ils ont voulu qu'on “s'intégre” à cette société qui a opprimée, et violée les droits de notre peuple. L'intention était bonne, mais la manière mauvaise et les conséquences terribles. Nos parents ne nous ont pas appris (pour la majorié d'entre nous) la langue, ils ne nous ont pas raconté l'histoire tragique de notre peuple (pour la plupart d'entre nous, nous l'avons découvert par nos propres moyens à l'âge adulte), ils n'ont pas su cultiver en nous dès notre jeune âge le sentiment de fierté d'appartenance à cette culture millénaire.
Petite anectode : mon père m'a raconté qu'à l'époque où il était petit garçon vivant dans un petite vilage de l'atlas, près de Ifrane…Les fassi, venaient au village pour dire aux parents de ne pas envoyer leurs enfants à l'école parcequ'ils risquaient d'être embrigadés dans la propagande colonialiste française.selon eux l'école à l'époque fabriquait des traitres. Et biensûr, pendant que les familles amazigh gardaient jalousement leurs enfants aux villages, les fassi scolarisaient leur enfants dans les meilleures écoles de l'époque biensûr gérées par les français.
Nos parents, majoritairement issus de milieux défavorisés et ruraux, ont connu la misère, la pauvreté et le besoin, ils se sont pris en main, ont travaillé dur, ont grimpé les échellons, et ont finalement réussi, sans un quelconque coup de piston voire même avec les battons dans les roues. C'est la génération A.S.M.M “Amazigh Self Made Men”. Ce sont nos parents et nous sommes fières d'eux…nous leur adressons ce message aujourd'hui…on est peut être pas aussi câlé que vous en terme de culture amazigh, nous parlons mal voire pas du tout la langue, nous n'avons pas vécu dans les villages de l'atlas, du souss, encore ceux du rif…Mais nous nous sentons plus amazigh que jamais…Nous ne sommes pas des arabes, on l'a bien compris et cela nous apris du temps…maintenant que cette prise de conscience est là, nous allons faire bouger les choses. Nous voulons que nos enfants ne soient pas aussi frustrés que nous, nous voulons que notre langue soit reconnue, et que notre culture et notre peuple soient oficiellement et institutionnellement reconnus comme étant les “nations premières”, nous voulons que notre patrimoine immatériel soit transmis à nos enfants et à nos arrière enfants..NOUS VOULONS ETRE RECONNUS!!
A bon entendeur
Source: http://khabira.unblog.fr/
Les berbères sont un peuple autochtone d’Afrique du Nord. Ils sont répartis sur près de 5 millions de kms carrés, depuis les îles Canaries jusqu’à l’ouest de l’Egypte, en différents groupes de culture et de langue commune (le berbère ou tamazight), déclinée en dialectes locaux.
Les Berbères sont également et largement représentés dans les populations issues de l’immigration vers la France, la Belgique, les Pays Bas, l’Espagne, les Etats Unis et le Canada. A l’exception des Touaregs, les berbères sont sédentaires.
Les Berbères se désignent d’abord par leur ethnie : Kabyles, Rifains, Touaregs, etc. Avec l’émergence du mouvement Berbériste, certains néologismes ont vu le jour, l’un pour désigner l’ensemble des ethnies berbères « Imazighen » (le pluriel d’ »Amazigh », qui signifie « hommes libres », et l’autre « Tamzgha » pour désigner l’espace géographique nord africain. Ces néologismes se sont généralisés et ont été adoptés par les Berbères.
La population totale sur le continent africain et dans les pays d’immigration est estimée à 25 millions. Le Maroc à lui seul en compte 12 millions, l’Algérie 8 millions 500 000.
Leur religion, à l’origine animiste, se répartit dans l’islam, le christianisme et le judaïsme.
La question de l’origine des Berbères a fait couler beaucoup d’encre. Dés l’Antiquité, les historiens se sont penchés sur l’histoire des Berbères. Aujourd’hui encore, la question des origines est au cœur de débats passionnés, nourris par le conflit actuel entre, les militants de la cause identitaire berbère qui s’appuient sur les recherches scientifiques modernes, d’un côté, et leurs opposants qui se basent sur les récits de l’Antiquité et du Moyen Age, de l’autre.
La science a fait beaucoup de progrès ces dernières années, notamment en génétique : les tests ADN effectués sur les différentes ethnies d’Afrique du Nord (Berbères et Arabes) ont permis de confirmer que les Nord Africains sont de souche majoritairement berbère, mais infirment la théorie selon laquelle les Berbères viendraient du Yémen.
La génétique, l’anthropologie, l’étude linguistique nous apprennent que le peuplement de l’Afrique du Nord a commencé il y a déjà 30 000 ans, c’est à dire bien avant que les peuples du Moyen Orient ne parlent une langue sémitique, ou que les Perses, les Indiens et les Européens ne parlent indo-européen.
Au Paléolithique, vivait l’homme de Taforalt et celui d’Afalou : ils étaient de type « cromagnoïde » Des tests génétiques sur les squelettes de Taforalt ont confirmé l’origine ouest-eurasienne de ce type anthropologique.
Au Néolithique, l’Afalou fut remplacé par le capsien de type « méditerranoïde » venant de l’est de la Tunisie. La culture capsienne est souvent décrite comme proto-berbère.
Histoire
Le nom de « berbère » est issu de barbarus, donné par les gréco-romains à tout ce qui n’était pas de coutumes et de civilisation gréco-romaines. Les Romains n’ont jamais réussi à soumettre ces peuples, même après la prise de Carthage au II siècle av. J.C, d’où leur nom.
Parmi quelques grands noms de l’histoire antique amazighe, on peut citer : Mesnsen (Massinissa), Yugurthen (Jugurtha), Juba II, Apulée, Saint Cyprien, Saint Augustin, Dihya (Kahena), Kuseilan.
L’époque moderne
La culture et les langues berbères ont survécu aux grandes conquêtes vandales, romaines, byzantines, arabes (VII siècle) jusqu’à l’occupation française, en passant par la présence turque.
Cette culture reste vivante en Algérie et au Maroc, qui comprennent une grande partie des berbères. Elle est aussi présente en Libye et en Tunisie et dans une grande partie du Sahara – Touaregs en Algérie, Burkina Faso, Mali, Niger.
En 1980, éclatent les manifestations du Printemps berbère, au cours desquelles les berbérophones de Kabylie et d’Alger réclament l’officialisation de leur langue.
En 1996, une réforme de la Constitution algérienne reconnaît la dimension berbère du pays aux côtés de l’arabe et de l’islam. Parallèlement, les autorités fondent une Haut Commissariat à l’amazighité.
En 2000, la chaîne Berbère Télévision commence à émettre dans cette langue depuis Paris.
Le 17 octobre 2001, le roi Mohammed VI du Maroc crée l’Institut Royal de la Culture Amazigh (IRCAM) pour promouvoir la culture berbère.
La langue
Le berbère (tamazight) est à l’origine une langue du groupe afro-asiatique, représentée aujourd’hui par ses variantes parlées par les berbères. Ces variantes sont présentes depuis les îles Canaries jusqu’à l’Egypte, en passant par l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, le Niger et le Mali. On en dénombre une trentaine de variantes, restées proches les unes des autres, malgré la pression conjuguée de l’arabe et du français. On estime le nombre de locuteurs à 20 millions.
Le berbère possède son propre système d’écriture que les Touaregs ont conservé : le tifinagh.
Le Maroc est le premier pays berbérophone avec une estimation de 40% de pratiquants du tamazight avec 4 variantes : le chleuh (tachelhit), le zayane (braber), le rifain (tarifit) et le ghomara.
Le chleuh est la variante berbère la plus pratiquée avec 8 à 10 millions de locuteurs. C’est le dialecte parlé dans la vallée d’OUZOUD.
Il se pourrait que le terme « Chleuh », d’origine arabe, vienne d’achluh, qui siginifie « natte en jonc, en alfa ou en palmier », dont on tissait les tentes.
Leur nom fut utilisé par Pierre Dac pour désigner les Allemands pendant la deuxième guerre mondiale, dans sa chanson « j’vais m’faire chleuh ! ». Il devint alors synonyme de Boches.
Il reprenait ainsi un usage récent de l’armée française qui, après l’installation du protectorat français au Maroc en 1911, avait dû affronter une vive résistance des combattants marocains. Cette pacification, proche par certains aspects d’une guerre coloniale, ne s’est véritablement achevée qu’à la fin des années 20.
Parmi les combattants les plus farouches, les guerriers chleuhs avaient apparemment laissé un souvenir cuisant aux militaires français, puisque pendant deux conflits mondiaux, leurs adversaires principaux, les Allemands, sont devenus « les Chleuhs ».
L’IRCAM (Institut Royal de la Culture Amazigh) a élaboré une synthèse des quatre dialectes berbères principaux afin de pouvoir l’enseigner dans les écoles primaires sur l’ensemble du territoire marocain. Les élèves, ont ainsi accès à la langue de leurs parents, sous forme de manuels scolaires et d’apprentissage à l’écriture tifinagh.
Le manque d’enseignants formés à cette langue ne permet pas encore sa diffusion dans l’ensemble du système scolaire mais la volonté du pouvoir est affirmée.
Ce revirement de situation (durant le règne de Hassan II la langue et la culture berbère étaient méprisées voire interdites) est probablement sous tendu par la nécessité impérieuse, pour Mohammed VI, de tenter de combattre l’influence de la culture arabe extrémiste, telle qu’elle tente de s’infiltrer par le biais de l’Arabie Saoudite principalement. Le peuple berbère pratique en effet, pour la grande majorité, un islam modéré et est farouchement attaché à ses traditions et à ses valeurs propres. Il est très difficilement influençable comme le démontre sa résistance à toute forme d’assimilation.
Mais le danger de la perte de sa référence culturelle est bien réel avec la migration vers les villes des jeunes cherchant un travail pour survivre. Ceux qui ont eu accès aux études supérieures, sont souvent de farouches défenseurs de l’identité berbère. De nombreuses associations berbères sont actives sur le terrain. Elles jouent un rôle social, d’information et de relais entre le peuple, très souvent encore analphabète et le Pouvoir.
La dictature de l’ancienne monarchie, le mépris et les brimades qu’ont subi le peuple berbère durant plusieurs générations ont fragilisé la conscience de la Berbérité chez les plus humbles et à contrario, stimulent à présent l’engagement politique des plus instruits.
Source: http://www.racines-asso.org/berberes.html
Il obéit à une réelle construction éditoriale ; la cohérence et la complémentarité des communications offrent un panorama à la fois général et détaillé de la situation dialectale marocaine accompagnée d'une mise en perspective historique et comparative. Les auteurs sont tous des spécialistes reconnus de leur domaine et la bibliographie fournit les principales sources anciennes et contemporaines.
Il aborde des questions de fond concernant la pertinence des classifications, la validité des critères (historiques ou linguistiques) retenus pour établir ces classifications, le problème de la reconstruction historique à partir de sources variées, l'élaboration théorique des phénomènes d'évolution et de transmission linguistique (cf. la question de l'origine commune, des évolutions parallèles, la prise en compte des phénomènes de contact etc.). La question de l'unité ou diversité du domaine maghrébin partage d'ailleurs les auteurs. Ce questionnement théorique s'élabore dans le respect des travaux antérieurs. Les "pères fondateurs" de la dialectologie maghrébine (W. Marçais, P. Marçais, G.S. Colin mais aussi L. Bruno et D. Cohen) sont ici largement cités y compris lorsqu'il s'agit de mettre en évidence les progrès accomplis dans ce domaine.
Les articles se distribuent en plusieurs catégories. Les trois premiers (S. Levy, P. Cressier, B. Rosenberger) pose la question de l'histoire de l'arabisation et des parlers arabes au Maroc. Dans une perspective historique et comparative l'horizon s'élargit à l'arabe andalou (F. Corriente, I. Ferrando), au Maghreb (J. Grand'Henry), aux limites orientales des parlers maghrébins (P. Behnsted) et au Maltais (M. Vanhove). Tous ces articles fournissent des outils méthodologiques et des points de références chronologiques et géographiques. Suivent plusieurs études de cas sur des parlers marocains variés : Chefchaouen (E. Natividad), Anjra (A. Vicente), Tanger (Z. Iraqui-Sinaceur), Z'îr (J. Aguadé), Skûra (M. El Yaacoubi), Rabat (L. Messaoudi) dont certaines à partir de manuscrits plus anciens restés parfois inédits ou peu connus. Toutes décrivent les particularités des parlers respectifs et essaient de les définir. Le dernier article (D. Caubet) est une étude socio-linguistique sur une famille de Fès.
L'ouvrage démontre la complexité de la situation (historique ou contemporaine) et la relativité des classifications générales (cf. parlers pré-hilaliens vs. parlers hilaliens, parlers citadins vs. parlers ruraux, montagnards, bédouins, parlers andalous parlers juifs etc-.). Ces classifications ne prennent pas en compte les nombreuses variations que dévoilent les études plus détaillées et plusieurs parlers présentent un caractère mixte car formés de plusieurs strates.
S. Levy dresse un panorama général de la situation linguistique et de l'histoire de l'arabisation au Maroc. Il souligne le multilinguisme du pays lié à l'histoire de cette région (présences berbère, punique et romaine ; conquête arabe en plusieurs temps ; présence andalouse et/ou juive importante dans les villes, influence portugaise, domination espagnole et française). Ce multilinguisme a joué un rôle important dans la formation et l'évolution de l'arabe au Maroc mais également dans l'évolution du berbère. Il évoque les facteurs et les différentes phases de l'arabisation : la première phase (VIIIe-XIIe siècles) appelée pré-hilalienne s'est faite à partir de noyaux limités de populations arabes ou arabisées, à partir de bourgs, villes, marchés, le long des voies commerciales. La seconde phase, dite hilalienne, a été provoquée par l'arrivée de tribus arabes aux XIIe-XIIIe siècles. S. Levy montre la fluctuation de la carte linguistique. A travers les siècles des régions se sont arabisées mais parfois aussi à nouveau berbérisées. Les parlers citadins reflètent l'histoire de l'urbanisation : importance des parlers pré-hilaliens, andalous et juifs dans les vieux centres urbains de Fès, Sefrou, Rabat, Tetouan, Tanger, Moulay Idriss, citadinisation des parlers hilaliens dans les villes modernes de Casablanca, Rabat, Fés Jdîd, diffusion d'une koinè marocaine qui emprunte à la fois aux parlers pré-hilaliens et hilaliens et qui devient le marocain "standard".
L'archéologue P. Cressier se pose la question de la concomitance des processus d'arabisation/islamisation et urbanisation. Il indique que si l'islamisation est un phénomène facilement repérable pour un archéologue, il n'en est pas de même pour l'urbanisation car cela pose les problèmes de la définition des critères de l'urbain. Quant à l'arabisation, elle est extrêmement difficile à déterminer par les sources archéologiques seules. Il souligne donc la nécessité d'avancer avec prudence car il est par exemple très difficile de définir des techniques (poterie, céramique, architecture) comme plus ou moins berbères ou arabes. C'est ici toute la question des frontières culturelles… Très peu d'éléments nous permettent d'affirmer ou d'infirmer la présence de villes berbères avant la conquête arabe. Les groupes tribaux semblent avoir joué un rôle important dans la genèse des villes mais il y aurait eu le plus souvent un phénomène d'émulation entre des groupes locaux (berbères) et des groupes allochtones (orientaux). La formation de centres urbains n'implique pas toujours une arabisation linguistique ou culturelle.
L'historien B. Rosenberger reprend cette question de la relation entre urbanisation/arabisation en s'appuyant sur les témoignages des historiens arabes. Il pense que les villes ont été les vecteurs de l'arabisation, mais d'une arabisation toute relative. Les premiers conquérants arabes ont créé des villes car ils étaient eux-mêmes des citadins, des Mecquois. Mais les Arabes étaient peu nombreux et rapidement les villes ont été peuplées par des populations arabisées ou bilingues. Le Maroc a été peu urbanisé et la population d'origine arabe était très minoritaire dans les premiers temps de la conquête. Les processus d'arabisation linguistique ont donc été lents, limités. Les locuteurs arabisés ou bilingues étaient le principal vecteur de ce processus d'arabisation. Ici données historiques et linguistiques se complètent pour mettre en lumière la spécificité des parlers marocains.
Les articles de F. Corriente et I. Ferrando traitent de l'arabe andalou. Celui de Corriente indique la diversité dialectale régnant au sein du domaine andalou et souligne la difficulté posé par l'analyse diachronique du fait de la disparité des sources disponibles. Là encore le linguiste doit être prudent avant de conclure à la présence ou l'absence de similitudes entre les différents dialectes. En se basant sur le traitement de l'accent dans une forme tardive du parler de Grenade il passe en revue la question d'un accent phonémique en arabe andalou. I ; Ferrando compare les parlers andalous et maghrébins qui ont une origine commune mais des évolutions très différentes. La comparaison se fait entre arabe andalou et parlers marocains pré-hilaliens et pose là encore le problème de la disparité des sources. Celles pour l'arabe andalou sont médiévales alors que celles de l'arabe marocain sont contemporaines. Mais les sources andalouses apportent des éléments intéressants pour l'analyse de la phase médiévale des dialectes marocains. Il passe en revue de nombreuses isoglosses phonologiques, morphologiques et lexicales et indique que certains traits de l'arabe marocain non présents en andalou 'standard' (la koinè litéraire) se trouvent dans des formes substandards. Certains phénomènes (cf. la chute des voyelles courtes inaccentuées en marocain) sont donc plus anciens qu'on ne le pensait auparavant.
J. Grand'Henry élargi la perspective historique et géographique puisqu'il parle de l'ensemble des parlers pré-hilaliens de l'Occident arabe médiéval, incluant le Maltais. Il postule l'unité profonde de ces parlers en se basant sur les ouvrages de lahn al-'âmma (grammaires des fautes) des grammairiens médiévaux maghrébins. Il considère que ces ouvrages témoignent de la situation dialectale entre le Xe et le XIIe siècle et permettent ainsi, en comparant avec les dialectes contemporains, d'établir des repères chronologiques. Il reprend les travaux non publiés de P. Molon (1978) mais s'appuie sur les nouvelles données de l'arabe andalou, du maltais et de la dialectologie maghrébine. Après avoir étudié un certain nombre de traits morpho-phonologiques spécifiques à l'arabe maghrébin, il en conclut que ces traits étaient déjà fixés dès le XII siècle.
P. Behnsted décrit la frontière orientale des parlers maghrébins, l'Égypte, zone de transition entre les parlers maghrébins, palestinien, égyptiens et bédouins. Plusieurs régions en Égypte connaissent des parlers présentant des traits maghrébins : l'ouest du Delta, les parlers de la Haute Égypte et surtout ceux des Oasis occidentaux. Dans ces régions la migration des groupes arabes d'origine maghrébine est attestée dès les Xe-XIIIe siècles au Delta, à partir du XVe siècle en Haute Égypte. La population des oasis apparaît comme mixte. Mais tous ces parlers ont des traits maghrébins et non-maghrébins et se pose la question de leur classification et de leur formation. Est-ce que ce sont des parlers égyptiens qui ont pris des traits maghrébins ou l'inverse ? P. Behnsted pose ici l'intéressante question de la représentativité des isoglosses et critique une classification purement linguistique qui ne prend pas en compte des éléments extra linguistiques (traits culturels, techniques traditionnelles, histoire orale, histoire du peuplement, etc.). Il souligne également la nécessité de comparer avec des formes plus anciennes. Ainsi le parler de Farafra apparaît comme ayant conservé des traits maghrébins archaïques présents en arabe andalou. Là encore l'article appelle à la prudence en soulignant que le dialectologue ne doit pas se contenter des faits contemporains mais doit s'appuyer sur des faits historiques dans l'établissement de ces catégories.
M. Vanhove fait le point sur l'histoire très particulière du parler maltais qui s'est trouvé isolé du reste du monde arabe à partir du XIIIe siècle. Le maltais a donc évolué de façon indépendante et apparaît comme un parler très mélangé sous l'influence de l'italien et de l'anglais. Il connaît d'autre part de nombreuses variantes dialectales. Son isolement en fait un domaine intéressant pour la dialectologie historique comparée puisque la comparaison entre les dialectes maghrébins et le maltais (comme avec l'arabe andalou) permet d'élaborer des hypothèses concernant l'évolution des dialectes maghrébins après le XIIIe siècle. Mais avant d'entreprendre la comparaison d'une liste d'isoglosses, M. Vanhove pose les jalons d'une réflexion théorique. Elle relativise l'unicité des dialectes arabes citadins pré-hilaliens dont le maltais fait partie. Elle suppose une mosaïque de dialectes pré-hilaliens qui ont par la suite connu des forces de différenciation et de koinisation. Elle insiste également sur la distinction entre critères novateurs et conservateurs car seuls les traits qui représentent des innovations renseignent sur le sens de l'évolution. Là encore l'auteur appelle à la prudence avant d'établir des classifications et de postuler des chronologies évolutives.
Les articles suivants (E. Nativadad, A. Vicente, Z. Iraqui-Sinaceur, J. Aguadé, M. Yaacoubi et L. Messaoudi) décrivent des dialectes locaux urbain, ruraux, montagnards ou bédouin en s'interrogeant sur la classification établie par Colin. Tous reprennent à peu près la même liste d'isoglosses, ce qui permet au lecteur de vérifier ainsi les comparaisons. Le parler de Chefchaouen (Natividad) est décrit comme citadin pré-hilalien archaïque avec un substrat berbère important et partageant plusieurs traits avec les parlers juifs du Maghreb. Sa survivance questionne l'origine historique de cette ville (ville ancienne ou ville née d'une migration ?). La description du parler d'Anjra, dialecte montagnard de type pré-hilalien septentrional (Vicente) s'appuie sur une liste de proverbes recueillis par Westermack au début du XXe siècle. Le parler d'Anjra reste très mal connu et les travaux de Westermack fournisse un témoignage de l'état de ce dialecte (registre élevé) au début du siècle. On y retrouve des traits communs avec Chefchaouen, en particulier la présence des interdentales et de plusieurs voyelles brèves. L'article d' Iraqui-Zinaceur reprend aussi un manuscrit arabe inédit rédigé par un informateur tangérois de Colin en 1930. Colin avait établi une version en caractères latins de ce texte mais en gommant les traits les plus locaux et en le transposant en koinè marocaine. L'article établit une comparaison entre la version tangéroise et la koinè et compare également avec les autres dialectes citadins du Maroc. Elle propose un tableau des parlers arabes du Maroc et distingue quatre types de dialectes citadins. Celui de Tanger comme celui de Chefchaouen serait un parler citadin influencé par les parlers montagnards. On regrettera ici l'absence d'une comparaison plus systématique entre le texte arabe et les travaux de W. Marçais sur cette ville. L'article de J. Aguadé s'appuie également sur un ouvrage de 1915, les textes arabes de Zaër de V. Loubignac. Le parler de Zaër (Z'îr) est un parler bédouin Maaqil. Les Maaqil, probablement originaires du Yémen, s'installèrent au Maroc vers le XIIème siècle et sont actuellement au sud de Rabat. Aguadé fournit les principaux traits qui caractérisent le parler des Z'îr en comparant avec d'autres dialectes marocains ou arabes. On regrettera l'absence d'une conclusion permettant de mieux situer ce dialecte. El Yaacoubi présente un dialecte du Sud marocain, celui de l'oasis de Skûra très peu étudié jusqu'ici. Il s'agit d'un dialecte hilalien dans une zone berbérophone mais qui malgré sa position méridionale partage des traits avec les dialectes citadins alors que rien ne permet de supposer l'existence d'un vieux substrat urbain. Se pose donc la question de l'origine de ces traits. L. Messaoudi présente les trait du parler ancien de Rabat (parler citadin pré-hilalien) utilisé par les familles d'origine andalouse, parler actuellement en voie de disparition du fait de l'évolution urbaine et de la diffusion des parlers ruraux en voie de citadinisation (koinè marocaine). L. Messaoudi établit donc une comparaison entre le parler ancien de Rabat et la koinè marocaine.
Comme M. Vanhove, D. Caubet s'interroge sur la classification "traditionnelle" des dialectes maghrébins établie par P. & W. Marçais et reprise par Colin. Elle postule également la diversité des parlers pré-hilaliens. Elle souligne que les frontières linguistiques ne sont pas seulement géographiques, qu'elles peuvent traverser une même famille mais peuvent aussi s'abolir. Son étude sociolinguistique porte sur les usages linguistique d'une famille de Fès à travers trois générations. La branche maternelle de cette famille est d'origine fassie alors que la branche paternelle est d'origine rifaine en partie citadinisée. L'analyse de chaque idiolecte (les deux grands mères, les parents, les enfants) indique quels traits des parlers fassi et ruraux sont conservés, empruntés ou abandonnés par chaque locuteur. Elle montre ainsi comment s'établit la sélection des traits à l'intérieur d'une même famille et comment s'élaborent des parlers mixtes. L'analyse de cette famille semble indiquer que les traits caractéristiques du dialecte fassi sont gommés plus vite que les traits d'origine paysanne. Bien que prestigieux, le dialecte fassi est maintenant considéré comme trop marqué face à la koinè marocaine en formation. L'intérêt de cette étude est de montrer très concrètement comment s'élabore cette koinè en formation qui possède des traits citadins, ruraux, bédouins et qui ne s'est pas formé autour d'un ancien dialecte citadin prestigieux comme celui de Fès. Comme le souligne D. Caubet, ce genre d'étude sur la variation peut certainement nous aider dans notre analyse historique du changement linguistique.
Pour conclure, on soulignera donc encore une fois le mérite de cette entreprise collective qui fournit les bases méthodologiques et théoriques pour mieux connaître l'histoire de l'arabisation au Maghreb. L'approche historique et sociolinguistique apparaît en complémentarité indissociable avec l'élaboration d'un atlas linguistique du Maroc (en préparation) car elle permet de ne pas s'enfermer dans des cadres géographiques trop rigides. La lecture de cet ouvrage soulève de nombreuses questions et l'on aimerait que ce type de projet soit effectué dans d'autres pays arabes pour élargir le champ comparatif. Je regretterai seulement que les éditeurs n'aient pas rédigé une conclusion provisoire récapitulant pour le lecteur les principaux acquis de ce séminaire en particulier en ce qui concerne la classification des dialectes et en soulignant les principaux domaines à explorer.
La vitalité et le renouvellement de la dialectologie marocaine est également illustrée par une publication de la Faculté des lettres et Sciences humaines de Rabat sous la direction de A. Benhallam: Langues et littératures. Contact et évolution historique des langues au Maroc. Vol XVI, 1998. Il s'agit également des Actes d'une table ronde qui s'est tenue à Marrakech le 12-15 janvier 1995 sur le thème de l'évolution des parlers et des phénomènes de contact. On y retrouve plusieurs auteurs de l'ouvrage précédent (Aguade, Caubet, Levy) et de nombreux autres spécialistes de la dialectologie marocaine ou du berbère (Benhallam, Bennis, Boudlal, Chetrit, Durand, ElMedlaoui, Iazzi, Youssi). Les deux ouvrages sont donc complémentaires (en particulier les articles de S. Bennis, D. Caubet et S. Levy). S. Bennis montre comment un parler (celui de Tadla), considéré comme hilalien, a en fait emprunté des traits considérés comme spécifiques aux parlers pré-hilaliens ou judéo-arabes et comment une variante traditionnellement considérée comme norme citadine l'est actuellement comme une norme bédouine. D. Caubet fait le point sur les problèmes de classification dialectale en reprenant les textes fondateurs de W. Marçais et en insistant sur les nuances que cet auteur avait apportées. Citant D. Cohen, elle insiste sur les questions d'évolution, de strate, d'emprunts etc. et fait un plaidoyer pour un renouveau dialectologique. De même S. Levy reprend ce problème de classification pour le Maroc et fournit de nombreuses références sur les recherches en cours qui permettent de renouveler les catégories. Le très riche texte de J. Chetrit concerne la communauté juive du Maroc et ses interactions avec la communauté musulmane. L'auteur, qui adopte une démarche socio-pragmatique, souligne "la polyphonie socioculturelle permanente". La communauté juive du Maroc ne peut pas être appréhendée comme une seule entité et il distingue trois grands groupes sociaux : les lettrés rabbiniques, les hommes et les femmes, enfin, ayant des usages linguistiques différents. Le premier groupe a été le plus influencé par la diglossie judéo-arabe/hébraico-araméen du fait de son contact avec les textes sacrés. J. Chetrit décrit les différentes phases de l'arabisation des communautés juives avec une première dès le début de la conquête arabe suivie d'une déstructuration de ces communautés et une nouvelle phase avec l'arrivée des réfugiés andalous. Le judéo-arabe est souvent rattaché aux dialectes pré-hilaliens mais l'analyse historique montre qu'il y a eu discontinuité et que selon les régions les communautés juives avaient des pratiques linguistiques différentes, certaines communautés du Sud marocain étant devenues berbérophones. J. Chetrit décrit la spécificité de la production textuelle juive mais aussi l'appropriation et l'intégration linguistique d'un très vaste corpus de littérature oral (contes, proverbes, poèmes, chants, récits narratifs) d'origine musulmane, réinséré dans la culture juive. Il présente également des cas de transfert inverses où des locuteurs musulmans ont intégré des spécificités du judéo-arabe. Son article apporte des éléments très documentés sur la question de la spécificité du judéo-arabe. Il souligne que l'interférence d'une langue à une autre ne doit pas être envisagée du seul point de vue grammatical et lexical mais aussi dans ses dimensions culturelles et religieuses. On retrouve cette approche pragmatique dans l'article de A. Yussi sur les langues secrètes. O. Durand, dans un article très technique sur la phonologie du marocain (découpage syllabique, accent, prosodie) insiste sur l'influence du berbère (amazigh) dans la phonétique de l'arabe marocain. M. ElMedlaoui poursuit dans la même direction en montrant à quel point l'évolution de l'arabe marocain est en partie fonction d'un ensemble de contraintes issues du berbère. Cette théorie de la contrainte apparaît comme très importante pour comprendre l'évolution diachronique d'une langue. E.M. Iazzi aborde la question fondamentale de l'unité vs. la diversité de la langue amazighe et considère que les berbérisants ont trop eu tendance à se focaliser sur les différences phonologiques et lexicales et à sous-estimer l'unicité du système morphologique. Il m'apparaît très important qu'un tel ouvrage collectif, regroupant des articles sur les parlers arabes et berbères, ait pu être publié au Maroc car ce type de travail reste encore malheureusement rare dans la plupart des pays arabes. Espérons qu'une ère nouvelle s'ouvre ici....
Écrit par Mohamed Benitto | |
30-08-2007 | |
Arabe est un terme dont les contours et limites manquent de précision. Le terme arabe ne définit donc ni une nationalité unique ni une religion unique. La tendance à considérer les Arabes sous l’angle de la religion est due au fait que le Coran, texte sacré de l’Islam, fut révélé en arabe et les Arabes étaient les premiers à répandre l’Islam dans plusieurs coins du monde. Le terme arabe est un terme qui suscite des controverses. De façon générale, un Arabe est défini comme celui dont la langue maternelle est la langue arabe. Plusieurs écrivains se penchèrent d’ailleurs sur la définition du terme arabe. Exploration généalogique Ibn Khaldoun utilise une définition généalogique en limitant le terme arabe à ceux dont les origines remontent aux anciens habitants de la péninsule arabique. Il définit les Arabes à la fois par leur langue commune et le mode de vie de la bédouinité en faisant la distinction entre les bédouins et les citadins ou sédentaires. Les premiers mènent une vie purement nomade comme des éleveurs des chameaux et les derniers commencent à s’acheminer vers la civilisation. Le groupement solidaire est la source de la force des bédouins. Leur accession au mode de vie sédentaire entraîne un affaiblissement progressif de l’esprit du groupe. La civilisation en tant que mode de vie sédentaire est l’ennemi des bédouins, engendrant une désarabisation des structures sociales, de la langue et même de la race. Le mot arabe était souvent considéré comme synonyme de bédouin. On donnerait ce nom non pas aux citadins ou aux cultivateurs mais au membres des tribus qui, ayant émigré de l’Arabie à l’Egypte ou d’autres pays, étaient demeurés nomades. Pour Edward Atiyah dans The Arabs, les Arabes sont: Un peuple nomade habitant la péninsule Arabe, une branche du groupe linguistique héréditaire qui a donné naissance également aux juifs. Des nomades arabes sont encore, non seulement dans la péninsule Arabe elle-même, mais également en Jordanie, en Syrie, en Irak, et en Afrique du nord. Ils sont connus comme bédouins Originellement ce terme arabe désigne les bédouins, anciens habitants de la péninsule arabe qui menaient une vie tribale dans des tentes et se déplaçaient en utilisant des chameaux. Israël Ephal dans The Ancient Arabs : Nomads on the Borders of the Fertile Crescent, entama une enquête sur les Arabes et confirma que le nom fréquemment utilisé pour désigner les nomades vivant dans l’Arabie depuis le premier millénaire avant Jésus Christ est ‘Arabes’. Les pays voisins de la péninsule arabique appelaient les habitants de la péninsule arabique du nom ‘Aribi’, ‘Arabi et Arubu ’. Ce terme apparut pour la première fois dans des sources assyriennes dans une inscription du Shalmaneser III . Il est mentionné dans la bible dans les textes parlant de la période salomonique. Ce terme était employé au début pour désigner exclusivement les habitants de la partie nord de l’Arabie et du croissant fertile ; comme les bédouins s’étaient déplacés aux territoires de la population sédentaire du sud de l’Arabie, le terme désigne toute la population de la région. Définition culturelle et étymologique. Dans Encyclopédie Universals, on trouve la définition suivante : On appelle’ Arabes’ une ethnie que caractérise essentiellement l’usage de la langue arabe. Cette ethnie occupait, au moins depuis la seconde moitié du 1er millénaire avant J-C la péninsule arabique, à l’exception du sud de celle-ci. Elle a eu tendance à déborder sur les limitrophes au nord péninsule dés une antiquité reculée. A partir de la conquête musulmane, cette expansion a abouti à l’assimilation (arabisation) de très nombreuses populations. Maxime Rodinson dans Les Arabes essaya d’éclaircir cette notion d’arabe à travers les critères de la langue, la culture et la conscience de l’arabité. Le critère fondamental qui définit l’appartenance à l’ethnie arabe est le fait de parler un dialecte de la langue arabe comme langue naturelle. La langue arabe est considérée comme langue officielle dans les constitutions de plusieurs pays arabes dans la péninsule arabique, l’Afrique du nord ou la partie de l’Asie qu’on appelle le croissant fertile. C’est la langue officielle dans le domaine administratif, littéraire et culturelle. Suivant le raisonnement logique, un arabisé peut parler parfaitement l’arabe et être d’une autre origine. Ce n’est pas alors la langue qui détermine l’arabité ; mais c’est plutôt l’origine car un individu peut être arabe si son origine est bien établie tout en parlant mal l’arabe. Le plus essentiel de ces critères est la conscience de l’identité arabe qui se traduit par l’identification avec l’histoire arabe et la revendication de la conscience de l’arabité qui l’ensemble des comportements, des rites et des coutumes socialement acquis et transmis dans tous les domaines. Autrement dit, le fait de manifester un sentiment d’appartenance à la collectivité humains des arabophones en s’attachant à la langue arabe, la culture arabe et l’organisation sociale qui reflète l’esprit du groupe et qui est lié à la civilisation et au mode de vie des premiers arabes de la péninsule arabique est une manière d’exprimer son arabité . L‘Islam joua évidemment un rôle primordial dans la construction de l’identité arabe. L’ethnie arabe fut le noyau et le diffuseur de l’Islam ; mais c’est une erreur de dire que tous les Arabes sont des musulmans ou tous les musulmans sont des Arabes. Parmi les Arabes on trouve des communautés chrétiennes en Egypte, au Liban, en Syrie et en Palestine et des quartiers juifs dans la plupart des grandes villes arabes. Le terme arabe englobe tous les habitants de la péninsule arabique et leurs descendants qui habitent les autres pays arabes comme un groupe ethnique. Aujourd’hui le terme désigne un groupe culturel qui inclut tous les habitants du monde arabe du Moyen Orient à l’Afrique du nord qui fut arabisée par les conquêtes arabo-islamiques. Ce processus d’arabisation se produisit à travers l’établissement de la langue arabe comme langue officielle dans les pays conquis et la conversion de la majorité de la population à l’Islam ainsi que par le mariage mixte. Ce sont les liens linguistiques, culturels et institutionnels qui unissent les habitants des pays arabes, puis leur unification sous le drapeau idéologique de l’Islam . Il s’agit donc d’une communauté linguistique et culturelle avec une combinaison de types raciaux. Les Arabes, que l’on peut estimer à plus de 200 millions ne forment pas une race. Ils offrent des caractères ethnographiques et sociologiques largement partagés avec d’autres ethnies. Une conscience unitaire n’a été acquise par eux qu’à l’époque contemporaine. Pour l’élucidation de cette idée nous citons en exemple, les coptes en Egypte, les berbères au Maghreb et les maronites au Liban. Les Berbères Les berbères sont les descendants des anciens habitants de l’Afrique du nord où la majorité des berbérophones est fixée . Ils peuplaient les plaines, les montagnes et les plateaux et construisaient leurs demeures de pierres et d’argiles. S’adonnant à la vie nomade, ils gagnaient leur vie en élevant des moutons et des bœufs. Les berbères occupèrent un espace très large, allant de l’océan Atlantique à l’Egypte, et des cotes méditerranéennes aux pays d’Afrique noire. Cet espace fut, au cours des siècles, arabisé sous l’avancée lente de l’Islam. La langue berbère est toujours parlée dans un grand nombre des régions, maintenant sa présence dans les pays du Maghreb où la population actuelle du Maroc est essentiellement berbère avec une estimation de 50°/° des berbérophones . Les tribus auxquelles ce nom de berbère est généralement donné peuvent être divisées en plusieurs groupes comme ‘Irifen’ dans la région du Rif, les ‘Shleuh’ dans la partie du haut Atlas, et les ‘Imasighen’ dans le nord-est du pays. Les dialectes parlés par ces tribus ont des différences qui peuvent être phonétiques, aussi bien que lexicales. La langue arabe est devenue cependant dominante : d’abord en tant que langue officielle du gouvernement, de l’administration, de la religion et puis comme la langue des couches culturellement et socialement plus élevées. En Algérie, la Kabylie est une région un peu exclusivement berbérophone. Elle compte seule plus des deux tiers des berbérophones algériens. Les autres groupes berbérophones significatifs sont : les Chaouias, les Mzab et les Touarègues. L’arabe, ayant un support écrit, fut rapidement imposé comme langue véhiculaire sans changer pour autant les croyances et les traditions populaires. La population berbérophone est estimée à 30°/° et la langue est encore parlée dans les massifs du nord (Kabylie), du sud-est (Aurès) dans les régions du tell algérois et oranais. En Libye, les groupes berbérophones qui habitent dans les montagnes et les oasis manifestent une résistance en absence d’une reconnaissance officielle à l’instar des autres pays du Maghreb. La Tunisie est le pays du Maghreb qui compte le moins de berbérophones autour de 500 000 à Djerba ainsi qu’au sud et au centre du pays. D’autre part, des milliers des berbérophones vivent dans les grandes villes du Maghreb où ils forment des communautés conservant non seulement leur langue mais aussi une partie de leurs traditions. L’immense majorité des arabophones actuels ne sont que des berbères arabisés. C’est en tant qu’Arabes et musulmans que les Etats du Maghreb se définissent constitutionnellement. La politique linguistique et culturelle mise en œuvre depuis l’indépendance politique est celle de l’arabisation . La langue berbère n’a aucune place, ni dans le discours, ni dans les pratiques de l’institution. Le berbère, auparavant omniprésent, au cours des siècles, recula devant l’arabe ; mais cette arabisation linguistique, facilité par l’islamisation de l’Afrique du nord, fut accompagnée d’une arabisation socioculturelle aboutissant à une véritable assimilation de la majorité des populations des états Maghrébins. Cette assimilation est si grande que dans certains états (Tunisie, Libye) où le quasi totalité du peuple se dit arabe. Il existe une histoire préislamique du Maghreb et la langue berbère peut être considérée comme la seule langue autochtone de l’Afrique du nord. L’Afrique du nord peuplée de berbères est devenue un ensemble des pays entièrement musulmans et très largement arabisés. L’arabité des pays maghrébins est donc une donnée historique, relativement tardive. Les nouveaux pouvoirs cherchèrent plutôt à réaliser l’unité nationale qu’à aider les aspirations régionales. Leur adhésion à la ligue arabe, leur politique d’arabisation fondée sur une scolarisation intensive oblitérèrent le caractère et l’identité berbère de la population du Maghreb. Pendant la période coloniale, la langue arabe fut réduite au bénéfice de la langue française au Maghreb. Par souci de l’indépendance culturelle, les dirigeants nationaux, voulurent restaurer la langue arabe après l’indépendance. La diversité linguistique est considérée comme une menace pour l’unité nationale. L’unification linguistique était considérée primordiale pour parachever la construction et l’unité de la nation. Ainsi l’Arabisation les pays du Maghreb, comme confirme Gilbert Grandguillaume dans Arabisation et politiques Linguistiques au Maghreb est souvent présentée comme la face culturelle de l’indépendance, élément complémentaire de l’indépendance politique et économique . L’arabisation visait à répandre l’utilisation de la langue arabe dans l’enseignement, l’administration et l’environnement. La langue arabe fut restaurée comme véritable langue de l’enseignement, de la communication dans le domaine administratif et dans l’environnement, c’est à dire dans les lieux et les situations où la langue est utilisée, notamment dans les mass medias, dans les activités culturelles et aussi par les autres éléments du paysage culturel, tels que les enseignes des magasins, les plaques de signalisation routière… En 1980 la question berbère fait la une de l’actualité par les événements du printemps en Kabylie. Le printemps berbère fut l’indice de l’émergence d’une revendication identitaire dans un pays où la langue arabe fut érigée en principe constitutionnel comme la seule langue du pays . Depuis 1980 ce principe fut contesté par les militants du mouvement berbère qui fut à l’origine du renversement du monopole politique, idéologique et culturelle de la langue arabe. La mobilisation populaire en Kabylie pour la reconnaissance de la langue berbère fut manifestée par un boycott scolaire, par des manifestations et par plusieurs grèves générales. Cette revendication, qui est profondément ancrée en Kabylie depuis l’ouverture politique de 1989, fut traduite par une série de concessions comme la création des départements de berbère dans les deux universités de la Kabylie, l’introduction du berbère à la télévision, l’enseignement de la langue berbère et la création du haut commissariat à l’Amazighité. Le pays voisin de l’Algérie, le Maroc entama une politique visant à généraliser l’enseignement de la langue amazighe. En coordination avec le ministère de l’éducation nationale, l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) lança une formation des enseignants qui seront chargés de l’enseignement de cette langue avec comme cible la couverture de tous les niveaux dans le primaire et le secondaire à l’horizon 2008. Le berbère qui veut aujourd’hui accéder au rang de langue officielle devra passer par une phase de normalisation conduisant à une codification des structures linguistiques. Il s’agira de gommer les différences régionales, au profit d’un parler ou d’un groupe de parlers pour favoriser l’émergence d’une langue commune, instrument de communication et de culture entre les différents groupes berbérophones. A cet égard, un grand progrès fut achevé au Maroc avec la standardisation de la langue amazighe avec la reconnaissance internationale de l’écriture Tifinaghe par l’organisation internationale de normalisation . Actuellement, la langue berbère est reconnue au Maghreb au niveau constitutionnel parallèlement avec le début de l’enseignement de cette langue dans les écoles publiques et son utilisation dans les médias publics. Avec la généralisation de l’enseignement publique de cette langue et vu que la majorité de la population du Maghreb est d’origine berbère, on peut envisager la diminution du caractère arabe des pays du Maghreb dans les années à venir avec une majorité écrasante des marocains parlant cette langue. Les Maronites et les Coptes Les maronites sont les chrétiens qui se groupèrent autour d’un prêtre, Marron, et qui adoptèrent son mode de vie. Ils forment une communauté chrétienne appartenant au rite oriental du Liban. Cette communauté parlait à l’origine la langue syriaque qui était un dialecte de l’araméen. Le mot copte qualifie à la fois une langue, un peuple, un rite et une église. Avant la conquête arabe, l’Egypte était peuplé des chrétiens et son sol était recouvert des églises et des monastères. Les Coptes sont les héritiers de l’Egypte chrétienne qui était une province de l’Empire byzantin avant la conquête arabe . La langue copte est la seule descendante de l’Égypte ancienne. L’Egypte arabe naquit lorsque le pays fut atteint par le grand élan des conquêtes. La fraction de la population égyptienne moderne qui serait d’origine arabe est estimée à 6 °/°. Les coptes représentent, en Egypte, le cinquième de la population, soit cinq millions de chrétiens purement égyptiens, non arabisés . L’arabisation de l’Egypte est d’abord l’abandon progressif de la langue copte pour l’arabe. Le phénomène fut très rapide dans le domaine administratif où le grec était utilisé. La naissance d’une importante littérature chrétienne au huitième et quatorzième siècle acheva de réduire le copte à l’état de langue moins pratiquée et bientôt morte. L’arabisation progressa avec l’islamisation de l’Egypte qui conduisit à la discrimination des coptes à tous les échelons hiérarchiques et à la dissolution de leur identité. En gros, avant la conquête arabe, les chrétiens du Proche-Orient disposait de trois langues : le grec, le syriaque et le copte. Avec la conquête arabe, la situation se modifia profondément, l’arabe tendant à se substituer petit à petit au grec, au copte et au syriaque. Le grec et le copte ne sont donc plus des langues littéraires vivantes, mais seulement des langues liturgiques mortes. En somme, le terme arabe désigne donc des populations descendantes d’origine différentes (berbère, copte, maronite), auxquelles la conquête arabe imprima le triple cachet de sa langue, de sa foi et de ses mœurs . La définition du terme arabe est liée aux facteurs linguistiques, politiques et culturels. L’appartenance a un des pays de la Ligue arabe, le fait de parler l’arabe comme langue maternelle, l'attachement aux coutumes et rites arabes sont des éléments qui se convergent pour forger l'identification arabe. Etre Arabe est une caractéristique civilisationnelle et culturelle plutôt qu’une marque raciale. Etre Arabe signifie que l’on est originaire du monde arabe où la langue officielle, les traditions, les mœurs et les valeurs sont communes et façonnés par l’outil linguistique unificateur. La civilisation arabe rassembla musulmans, chrétiens et juifs. Elle unifia Arabes, Africains et Berbères. Les musulmans, de même que les chrétiens et les juifs participaient à la grandeur de la civilisation arabe. Références bibliographiques : Monteil, V. Les Arabes. Paris : PUF, 1959 Chaker, S. Les Berbères Aujourd’hui. Paris : L’Harmattan, 1998 Grandguillaume, G. Arabisation et politiques Linguistiques au Maghreb. Paris : Editions Maisonneuve Et Larose, 1983 Tiyah, E. The Arabs. Edinburgh: R&R Clark LTD, 1955 Source: tamaynutfrance.org |
Ideqqi, arts de femmes berbères
Musée du quai Branly, Paris
19 juin – 16 septembre 2007
Ideqqi, arts de femmes berbères met l’accent sur une forme d'art populaire authentique, encore largement ignoré du grand public. La poterie modelée est un témoin aussi précieux que fragile d’un lointain passé : formes arrondies et moulées, décors incisés ou en relief – que l’on retrouve dans les pièces du néolithique –, décors peints – qui s’apparentent à ceux des vases puniques et des poteries siciliennes. L’exposition met en lumière l’originalité de ces pièces par rapport aux faïences citadines, et souligne leur ancrage africain très marqué et leur relation étroite avec l'art ancien de la Méditerranée.
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