Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PrÉSentation

  • : Amazighblog
  • : Ce blog est un relais amazigh, berbère, il met à disposition des internautes les nouveautés des autres sites amazighs (berbères) tout en respectant la propriété intellectuelle.
  • Contact

Partenaires

VISITEURS








MUSIQUE AMAZIGHE

Recherche

Vidéos

 
_
=====artistes=====
  Ahmed abaamran ( 7 )
  Ali chouhad ( 6 )
  Amina tiouirit ( 4 )
  Aznekd ( 7 )
  Bent oudaden ( 7 )
  Bizenkad ( 11 )
  Bnat outalbe ( 4 )
  Bnat oudaden ( 3 )
  Brahim assli ( 5 )
  Hafida ( 6 )
  Hamid inerzaf ( 12 )
  Illis nthihite ( 1 )
  Khadija tarazoute ( 5 )
  Khadija tihhit ( 4 )
  Khalid ayour ( 14 )
  Mina ijrouk ( 5 )
  Oudad ( 6 )
  Rachid itri ( 4 )
  Said abaamran ( 7 )
  Said asmghour ( 3 )
  Salh el bacha ( 4 )
  Souad tounarouz ( 7 )
  Taslit noudrar ( 6 )
  ======groupes======
  Ait baamran ( 5 )
  Chabab baamran ( 4 )
  Imghrane ( 9 )
  Inerzaf ( 7 )
  Inezaf n souss ( 2 )
  Laryach ( 12 )
  Nj ait baamran ( 9 )
  Noujoum souss ( 3 )
  Omar d'bahija ( 5 )
  Oudaden ( 12 )
  Tislatine ( 8 )
  Tislatine ait baa..( 1 )
  Tislatine ounzar ( 2 )
  ======rwaisse======
  R. lh. amarrakchi ( 16 )
  R. said outajajt ( 3 )
  R. tabaamrant ( 14 )
  R. tachinouite ( 7 )
  R. talbensirte ( 9 )
  R.killy ( 4 )
  R.larabi ihihi ( 3 )
  R.mina tabaamrant ( 7 )
  R.m'bark ayssar ( 5 )
  R.tihihite ( 4 )
  Raiss arabe atigui ( 8 )
  Raiss damssir ( 2 )
  Raiss lbaz ( 1 )
  Raiss lhcen akhtab ( 2 )
  Raisse arsmouk ( 10 )
  Raisse bizmawne ( 2 )
  Raisse outalbe ( 11 )
  Raisse outhanoute ( 2 )
  Raisse azeki
  =======divers=======
  Ahwach ( 16 )
  Court métrage( 6 )
  Films ( 15 )
  Pub ( 14 )
  Sketch chleuh ( 14 )
  Majmou3at rwaisses(4)
  Emission 2m ( 13 )
  Rap ( 1 )
  Raisse belfkih
  Raisse aglaou
  R.bismoumi
  **2m en direct live**
  Izenzaren
  Amarg-fusion
  Choumicha
  Yuba ( 5 )
  Idbassaîd ( 1 )
  R. ahmed ihihi ( 4 )
  Raisse atbir ( 1 )

Archives

Bienvenue

logonv

              [La terre, la langue, l'homme]myloggimp.gif

             Je dédie mon blog à mes enfants
Simane et Anaya.

  

21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 13:37


Célébrée le septième jour après la naissance, l'imposition du nom, siba, ou lid n warraw, renforcée par un sacrifice sanglant de bélier, izimmr, est dévolue aux paternels de l'enfant (grand-père, père, oncle). Dans le cas exceptionnel ou ces derniers sont décédés ou absents du pays, cette tache revient à la grand-mère ou la tante paternelle, lesquelles ne peuvent néanmoins sacrifier, la mise à mort d'animal étant une affaire exclusive d'hommes. Tôt le matin, le nomminateur souffle le prénom de l'enfant, tire au sort`', à l'oreille droite de l’animal avant de l'égorger.


Ce même jour, la parturiente qui a, jusque-là baigné dans une maternité totale, réintègre la communauté villageoise par un bain. Cette purification se fait sur deux plans : effectif (extérieur) et symbolique (intérieur). Elle change son drape, sa robe longue, taqs'abt, son pantalon, ssrwal, ses souliers à contrefort, idukan (où  elle a déposé du sel), contre des vêtements propres, neufs le plus souvent. Elle porte de longues chaussettes de laine aux couleurs vives, une ceinture autour des abdominaux et, à son cou, la piécette d'argent, talgdt n qqurt, ainsi que le nouet du jour de l'accouchement. Les yeux fardes à l’antimoine, elle est prête à conquérir son statut de mère. Au puits ou a la source du village, elle va puiser -  porter la jarre [pleine] redresse le dos [la colonne vertébrale] » : ad ttarm ad as yadd ukruml° . Sur son passage, elle est saluée et félicitée par les gens du village. La marge dissoute, la parturiente perd son titre de tinrbit.


Quant à la purification symbolique, elle se fait après le dépeçage de l'animal. A la rigole ou à la source la plus proche, la mère emporte les intestins, ilawan, de l'animal qu'elle purge à grande eau, de la même façon qu'elle souhaiterait être débarrassée des humeurs de l'accouchement. En effet, c'est dans l’«outre inferieure » que les Ist lartini fixent le siège de la conception de l’enfant. Peau entière de bouc ou de chèvre, non cousue, rouge conserve les liquides frais ; le même terme s'applique au placenta et à la cavité amniotique, ist mas, « le vaste monde » clos et humide.


La dation du nom est importante, aussi la présence du père est-elle souhaitable car il est tenu de sacrifier, de recevoir les invites et d'inviter les clercs à partager un ragout, composé de chair fraiche du sacrifice et de légumes. Tandis que « la tête de la victime est proscrite à la femme enceinte ou allaitante car l'enfant serait idiot » aglial ur at akkan mddn i tritart afku ih tUa aglIal ar ittili uhlu4 drri -, le lobule ou foie, adad n tasa, est au contraire réputé pour ses bienfaits. On se souvient que foie est le siège affectif, qu'a lui le foetus demande pardon avant de quitter les eaux primordiales, qu'enfin il rompra le jeûne rituel de « ceux qui sont soucieux de l'Ordre ». Son rôle dans l’échange des sentiments structure et affermit la piété des hommes au regard de la divinité (par le biais de la victime ibrahimienne) et la tendresse réciproque de la mère et l'enfant.


Les hommes quittent la table en formulant des vœux de santé au foyer. Alors la mère lance à voix haute une invitation à l'adresse des femmes du village. Repas cérémonial, analogue pour les femmes, qui dure une partie de l’après-midi car chacune, souvent accompagnée de ses enfants, doit manger et boire puis céder la place au flux ininterrompu des invités, non admis à voir l'enfant resté sous la garde vigilante de ses grands-mères. La parturiente reçoit d'ailleurs les cadeaux sur seuil de ses appartements, la porte à peine entr'ouverte. II s'agit essentiellement orge qu'elle déposé la. Résultat d'un long processus technique, l’orge joue, depuis son entretien jusqu'a sa maturité et sa cuisson, un rôle essentiel dans l'organisation sociale.


Aliment de base de bon augure, bien le plus précieux, fruit sacré de la terre et du labeur des hommes, sa circulation se fait à travers toute pratique rituelle et la seule vue de la cuisson publique de la bouillie d'orge est signe qu'une opération sacrificielle est en cours. Offrir, recevoir et partager forge opère un lien de dépendance formel l’égard d'autrui, y compris des saints et des génies. En renouvelant ce lien, le grain d'orge assure et réunit tous les espoirs des I. Martini qui ne le vendent pour ainsi dire jamais.


Pour motiver les filles nubiles à chanter, on dit que le chant, qui se poursuit jusqu'à l’aube, « ouvre les oreilles de l’enfant » : ad rzymn imzzag i warraw.


Source: Le soleil, la lune et la fiancée végétale.  Par Narjys Alaoui.

Partager cet article
Repost0
21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 12:23


Au troisième jour, la parturiente fait ses ablutions, change ses vêtements, se barbouille le corps de henné et prépare une bouillie d'orge aux enfants du village.

Une ainée, de préférence une sœur ou une proche parente du nouveau-né, le porte dans la poche dorsale de son drape et traverse en courant la chambre à coucher d'une extrémité longitudinale à l'autre. Sur le sol, elle verse les amandes et les dattes offertes par la parturiente et invite les enfants à se servir. Ce rite, exécuté par des enfants de deux à six ans, a pour objectif symbolique le développement rapide de l'enfant, qui atteindra sans complication rage des exécutants.


Enfin la parturiente enduit de henné la chevelure des garçons et le visage des fillettes, et remet aux enfants de ses maternels, ayt mas, un carré d'étoffe blanche, qu'ils emportent sur l’aire de battage et le percent en son centre à coups de pierres. Cette étoffe non cousue, non touchée par un instrument tranchant, constitue le premier vêtement du nourrisson, qu'il gardera jusqu'au lendemain, jour où il sera emmailloté de langes, tinsraf, de couleur blanche, et habillé d'un tricot et d'un bonnet à pompons, de couleur, aquddam, confectionné par sa grand-mère paternelle. La perforation de ce premier vêtement imiterait le passage de l'enfant au statut des lapideurs. Passer au travers de l’étoffe équivaudrait à atteindre symboliquement leur âge, en abolissant la marge qui le séparait de ses ainés.


Ce rite à valeur d'agrégation dans le nouveau groupe. L'enfant pénètre en quelque sorte dans le groupe des lapideurs, ou plus précisément ce sont ses aines qui l'acceptent parmi eux.

Source: Le soleil, la lune et la fiancée végétale.  Par Narjys Alaoui.

Partager cet article
Repost0
21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 12:19


Délier l'enfant de sa mère est une tache rituelle assignée - à la grand-mère paternelle, coupe le cordon, azur n ubud, et panse la blessure à l'aide d'une mixture de faire d'antimoine, de beurre frais, tudit, et de quelques gouttes d'huile d'olive. Par l'enfant intègre immédiatement ses paternels. Si la grand-mère était absente ou décédée, la tante paternelle ou une proche voisine - une marraine, nanna -, remplit cette fonction. Lorsque le cordon sec tombe, il est alors cache entre les poutres du plafond, afin, dit-on, que le chat (rare dans la région) ne le mange pas. Symbole du lien de la mère et l'enfant, le cordon ombilical ne quitte pas le lieu de la conception.

 

Source: Le soleil, la lune et la fiancée végétale.  Par Narjys Alaoui.

Partager cet article
Repost0
21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 12:05


A l'instar des populations de l'Anti-Atlas, les Ist Martini ont coutume de consommer, pendant les trois premiers mois de leur grossesse2, une argile contenant du fer, afza3, ou du charbon. Jusqu'au terme de la grossesse, elles vaquent a leurs occupations quotidiennes (cuisine, cueillette, ramassage du bois mort, puisage, désherbage des vergers et des champs, soins des animaux domestiques). Aux premières douleurs, angaz, et pour faciliter son accouchement, ushkuruh, une maternelle (sœur, mère, tante ou cousine) sert à la parturiente une bouillie légère d'orge, askkif et un breuvage a base d'eau chaude et de cumin. Accroupie en invoquant Dieu et les saints de lui venir en aide, elle prend appui a la ceinture de laine, tasmrt, qui indique son statut d'épouse, attachée au piquet de la chambre à coucher. On dit qu'a ce moment « l'enfant supplie sept fois le foie [siège affectif] : je veux sortir du vaste monde pour entrer dans un monde plus étroit >>, « sat twal an ithurmu warraw tasa fad s ad iff iggi n ddunit : rrih adfu' gh tmizart us'anin, ra dduh s tid qssrn in ». On dit aussi que « le ventre de la mère est plus vaste que le bas-monde », « yusa filas uhlig ur filas tusi ddunit. »

Lorsque tasa accorde à l'enfant le triomphe amer de la sortie des eaux primordiales, le nouveau-né s'abime sur un tas de lambeaux d'étoffes, que la mère a pris soin de placer sous elle. Si la parturiente, tinrbit, était seule lors de l'accouchement, c'est elle qui nettoie le nouveau-né, arraw, bifjuk, au cas oh une maternelle l'assiste, elle se chargera de la toilette, nettoie ou lave, le corps est badigeonne de henné, le front serré dans un ruban d'étoffe blanche, ta4dat, qui empêche le front de saillir, les yeux et les sourcils foncés au sulfure d'antimoine, tagult'« afin qu'ils ne soient pas clairs », « ad ffug nt waln nns sggan nt, ad ur gin afhbun ». jusqu'au septième jour de naissance

Déposé dans un panier garni de paille, taryalt n walim, le nouveau-né y restera jusqu'au septième jour. Reposée, la parturiente barbouille, son corps d'un henné facile a retirer puis consomme un bouillon de poulet, sacrifia par n'importe quel homme pubère du village, sans sel (symbole de la convivialité, son absence dans le repas confirmerait son statut hors du social) ni épicé, et de la bouillie épaisse d'orge, ce régime, réputé purgatif, dure les sept premiers jours. En s'habillant, elle a pris soin de glisser sous son drape un nouet, takummist, contenant une mixture de sel, de grains de rue, de soufre, d'une piécette ou d'une bague d'argent - la couleur faste du blanc éloigne le regard terrifiant (L’Œil), rétablit l'ordre et protège la parturiente. C'est elle qui confectionne le premier phylactère, lhrz, porté au cou ou au poignet droit de l'enfant, au contenu quasi semblable au sien, néanmoins sans soufre; puis du sein droit, lave a l'eau chaude, elle inaugure la première tétée.

A l'occasion de cette naissance, talalit, les parentes de la maison, ist tgmmi, proches des époux et seules autorisées à lui rendre visite, consomment une bouillie d'orge.

Au deuxième jour, les parents des époux viennent féliciter la mère munis de quelques cadeaux : orge, sel, beurre frais, henné, bougies et argent liquide que chacune lui remet, sans voir le nouveau-né, avant de partager, séparément, gâteaux secs, the, amandes et dattes.

La parturiente ne doit sortir de chez elle qu'au huitième jour et attendra quarante jours avant de retourner à ses activités sexuelles et religieuses. La liminarite est, dans ces cas précis, intimement liée à l'absence de sexualité de la femme ; au transfert physiologique, au changement de statut et de personnalité, puisque la femme métamorphose la physionomie de son nouveau groupe, essentiellement par ses accouchements successifs, qui gonflent le foyer. En lui conférant une responsabilité morale, surtout lorsque les enfants sont de sexe masculine, l'accouchement introduit la femme dans la société des mores et le « couple », qui n'était pas spécifiquement désigné, jusque-là, reçoit le nom de foyer, takat.


Source: Le soleil, la lune et la fiancée végétale.  Par Narjys Alaoui.

Partager cet article
Repost0
21 août 2009 5 21 /08 /août /2009 11:54


J’appelle domestiques les rites visant l'implication d'une personne dans un groupe social et économique inscrit dans son âge et son sexe. La catégorique domestique se singularise, à l’ opposé des autres catégories ritologiques — sacrificielles, agraires ou cultuelles — par le caractère non itératif de ses pratiques; c'est donc par simple souci méthodologique que je n'emploie pas l'expression « Rites de passage » si chère  à A. Van Gennep', car elle engloberait tous les rites, sans distinction. Les diverses opérations rituelles liées a l'accouchement-naissance jusqu'a la mort sont domestiques car elles engagent les relations de parents au sens étroit du terme, la famille, restreinte ou large.


Les étapes successives d'une vie humaine conduisent la personne à collaborer à des activités spécifiques, selon son statut. Cette série d’étapes détermine sa maturité par transition progressive d'un statut expérimenté, auquel elle appartenait, a un statut non encore éprouve et cependant obligatoire. Par un déplacement graduel (intégration à une classe Lige, à une famille, a un village, etc.) d'un espace-temps révolu vers un autre, l'acteur s'éloigne irrévocablement de son origine, de son être total. Chaque fois que le rite intervient pour le guider dans son nouveau milieu et le soutenir dans la traversée des cercles de plus en plus larges qu’il va effectuer, le mouvement vers l'extérieur imposera une réelle prise de conscience. La société élabore et définit, selon une conception culturelle propre, le danger inhérent à ces divers passages, elle transforme l’état initial du corps, l’éloigne d'une totalité primitive et le marque de son empreinte. Lorsque la personne finit son cycle ou sa course temporelle, son corps est suppose avoir franchi route la série de rites coïncidant avec les exigences culturelles de son groupe d'appartenance. Après s'être soumis aux divers passages normatifs, le protagoniste, légitime, peut mourir dans la complétude culturelle totale, dès lors qu'il aura procréé des successeurs capables, à leur tour, de perpétuer la mémoire rituelle et d'entretenir un lien avec les ancêtres, avec l’autochtonie.


La succession des rites domestiques renseigne l’accomplissement idéal des individus et souligne la maturité et l’achèvement lorsqu'ils accèdent à l'extrémité de l'axe ascensionnel d'une vie humaine, sur lequel se greffe la série des passages normatifs. A l'exception du divorce (entrave au statut de la jeune femme qui n'appartient à aucun groupe défini), ces rites sont définis par la place indispensable qu'ils occupent clans cet axe, qu'ils intègrent et définissent. Mis à contribution a travers ces rites qui rythment les étapes importantes et successives de la personne vers son achèvement bio-social, le corps humain et social subit tout au long de son évolution - organique et culturelle - une série de mutations et de soustractions. Les rites domestiques abolissent le passe, annulent l'état physiologique antécédent, justifient la suppression matérielle d'un élément premier : section du cordon ombilical, coupe de cheveux, circoncision (prépuce) et mariage (hymen). Caractérisés par un don, argent ou cadeaux offerts a la « victime », ces rites fondes sur une ablation compensent, d'une certaine manière, la perte subie dans l'intégrité corporelle. Supports de cette altération, les rites protègent et confortent l'expérience première, la coupure liminaire, qu'ils pallient.


Au regard des différentes séquences, il appert que Faction rituelle vise à supprimer, du corps physique et social, un élément pour lui donner le statut d'objet rituel - tige de mais (rites saisonniers) ; cordon ombilical, cheveu, prépuce, hymen (rites domestiques) ; victime animale (rites sacrificiels) - et, ce faisant, construire autour de cet objet l'identité du groupe agissant. En outre, de nombreuses observations montrent des intervenants masculins. Sur Sept rites jalonnant révolution de la personne, six rôles sont, en effet, attribues aux hommes.


De par la définition même de la succession, le temps ne peut remonter son cours. C'est dire que révolution dans l'axe vertical (ascensionnel) se fait a partir d'une physiologie naturelle, graduellement dépouillée, de sorte que le rite interdit formellement la régression vers un état antérieur. Sa visée didactique est, quels que soient son objet, sa spécificité ou son rythme, d'enraciner le protagoniste dans le temps et l'espace, de le faire sortir de ses limites « mort de son état antérieur ». Il enseigne en quelque sorte, à la personne et à la communauté, la manière de se développer à travers l'élévation biologique et sociale en répondant aux exigences de son milieu, afin de réintégrer. Condition déterminante de l'existence corporelle, le temps est, par le retrait (marge) plus ou moins prolonge de l'acteur, suspendu. L'indéfinité de cette limite comporte un risque latent pour lui, sa mère on son groupe social. Echappant momentanément à leur structure sociale, le nouveau-né, le circoncis et la femme sont soumis à cette liminarité dont la durée (le temps fait l'apprentissage) surpasse les autres phases du rituel.


Par le geste et les symboles qu'il met en scène, le rite manifeste le non-dit et l'espoir que le passage se fera dans des conditions optimales de sécurité. Son authenticité viendrait de sa mise en œuvre et traduirait simultanément une forme d'apprentissage, le danger et la peur de la traversée.

 

Source: Le soleil, la lune et la fiancée végétale.  Par Narjys Alaoui.

Partager cet article
Repost0
31 juillet 2009 5 31 /07 /juillet /2009 12:34

Anzar : Coutume Berbère
envoyé par lounes-le-kabyle. - Futurs lauréats du Sundance.

J'aimerais juste ajouter une remarque, il convient de faire la difference entre la tradition telle qu'elle a existé il y a de cela des siecles et la vision qu'on pourrait en avoir aujourd'hui à travers le prisme de l'Islam (pour ceux qui le sont), en l'occurence ACHIRK. La tradition est une evenement perpetué au nom de la croyance de l'époque, la juger selon la croyance de nos jours serait etre completement étroit d'esprit. Si je fais cette remarque, c'est qu'elle aura suscité bien des débats sur d'autres forums, entre légitimes et completement obscurentistes.

NB: Sur cette video la celebration est kabyle, toutefois la difference avec le Maroc n'est qu'infime.

A bon entendeur.

Amanar.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------


 La fiancée  d’Anzar

Un rite d’obtention de la pluie : « la fiancée d’Anzar »

Henri GENEVOIS

 

In Actes du deuxième congrès international d’étude des cultures de la méditerranée occidentale. II. Sned, Alger, 1978, pp. 393-401.

 

    Abstract. A rain-ritual: “The Bride of Anzar”. This is a document collected among the At-Ziki in the upper Sebaou River valley in Algeria. The unedited Berber text is accompanied by a French translation.

 

    The first part is the legend that gives the origin of the rain-ritual. According to this legend, the Rain Lord, Anzar, came to wed a maiden of wondrous beauty. Then, because of their union, “the river flowed once more and greenery covered the earth.”

 

    The second part describes the ritual celebrated during a drought:

 

       1. making ready the “bride”;

       2. procession accompanying the “bride” to the doors of the sanctuary; women standing on the threshold throw water on the “bride”, offer food and join the group;

       3. a communion-meal near the sanctuary;

       4. the “bride”, laid bare, circumambulates the sanctuary (7 times) while she entreats Anzar; the women sing;

       5. the young girls sing and play with a ball – the latter is supposed to fall into a hole prepared for it.

 

Document inédit recueilli en Kabylie (vallée du Haut-Sebaou, tribu des At-Ziki)

Transcription du texte kabyle adaptée et revue par Fatiha Lasri.

English translation by Dalila Fridi (Kabyle.com)

1. La légende explicative du rite

 

« II était jadis un personnage du nom d’Anzar. C’était le Maître de la pluie. Il désirait épouser une jeune fille d’une merveilleuse beauté : la lune brille dans le ciel, ainsi elle brillait elle-même sur la terre. Son visage était resplendissant, son vêtement était de soie chatoyante.

 

Elle avait l’habitude de se baigner dans une rivière aux reflets d’argent. Quand le Maître de la pluie descendait sur terre et s’approchait d’elle, elle prenait peur, et lui se retirait.

 

Un jour, il finit par lui dire :

 

Tel l’éclair j’ai fendu l’immensité du ciel,

ô Toi, Étoile plus brillante que les autres,

donne-moi donc le trésor qui est tien

sinon je te priverai de cette eau.

 

La jeune fille lui répondit :

 

Je t’en supplie, Maître des eaux,

au front couronné de corail.

(Je le sais) nous sommes faits l’un pour l’autre…

mais je redoute le « qu’en dira-t-on »…

 

À ces mots, le Maître de l’eau tourna brusquement la bague qu’il portait au doigt : la rivière soudain tarit et il disparut. La jeune fille poussa un cri et fondit en larmes. Alors elle se dépouilla de sa robe de soie et resta toute nue. Et elle criait vers le ciel :

 

Ô Anzar, ô Anzar !

Ô Toi, floraison des prairies !

Laisse à nouveau couler la rivière,

et viens prendre ta revanche.

 

À l’instant même elle vit le Maître de l’eau sous l’aspect d’un éclair immense. Il serra contre lui la jeune fille : la rivière se remit à couler et toute la terre se couvrit de verdure.

 

Voilà l’origine de cette coutume : en cas de sécheresse on célèbre sans tarder Anzar. Et la jeune fille choisie pour la circonstance doit s’offrir nue. »

2. Le rite lui-même

 

« À l’époque où se durcit la terre, et que se présente ce que l’on nomme ‘sécher­esse’, les vieilles se réunissent pour fixer le jour où elles célébreront Anzar.

Mi ara tnezruref tmurt, d aymi neqqar « aghurar », ad nejmaàent tlawin timeqqranin, ad meslayent f teswiàt g ara weqment Anzâr.

 

Au jour dit, toutes (les femmes), jeunes et vieilles, sortent, accompagnées des jeunes garçons, et elles chantent :

Ata yebbdêd lweqt nni, ad ffghent tlawin g tmeqqrant alamma ttamêzyant ; ad rnun igerdan, ad tteddun tghennin :

 

Anzar ! Anzar !

Ô Roi, fais cesser la sécheresse,

et que le blé mûrisse sur la montagne

comme aussi dans la plaine...

 

Anzâr ! Anzâr !

ay Agellid, rêz d aghurar,

A ttebb nneàma n wedrar,

A tternu tin uzaghar…

 

Autrefois on escortait processionnellement une jeune fille pubère et de plus gracieuse. On lui mettait le henné et on la parait des plus beaux bijoux : bref, on en faisait une ‘fiancée’.

           

 

Zik ssêhwasent taqcict tilemzît yerna tezyen : ttin yebbwdên tizi n zzwaj. As qqnent lhênni, ssdaq n lfettâ, ad as xedment akw ayen xeddmen i teslit.

 

La matrone du village, femme aimée de tous et de conduite irréprochable, devait procéder elle-même à la toilette de ‘la fiancée d’Anzar’. Ce faisant, elle ne devait pas pleurer, sinon on aurait pu penser qu’elle ne donnait pas de bon cœur à Anzar sa fiancée. Elle remet à la jeune fille une cuiller à pot (aghenja) sans aucun ornement qu’elle tiendra à la main. Puis la matrone charge ‘la fiancée d’Anzar’ sur son dos.

 

Tamettût ara as icebbhên i teslit n wenzâr d lqibla n taddart : Tamettût hemmlen tt akw medden, tin zeddigen g fàayl is. Ur ilaq ara a ttettru, zeàma ur s tefki ara tislit nni seg ul yesfan i wenzâr. As tefk i teqcict nni aghenja d aàari a tettêf deg fus is. Lqibla a ttebbib tislit n wenzâr.

 

Celle-ci, la louche en main, ne cesse de redire :

           

 

Neftat, aghenja deg-fus-is, atteqqar :

 

Ô Anzar, la louche est sèche,

toute verdure a disparu.

Le vieillard est voûté par les ans,

la tombe l’appelle à elle.

Mon ventre est stérile

et ne connaît pas de progéniture.

Ta fiancée t’implore,

ô Anzar, car elle te désire.

           

 

Ay Anzâr, aghenja yekkaw,

ighab uzegzaw.

Amghar  yekna,

Isawl as d uzêkka.

Taàbbût tuqqur aya,

ulac dakira.

Tislit ghur k teàna,

ay Anzâr, imi k tebgha.

 

Un immense cortège les accompagne composé des gens accourus du village qui les suivent par derrière. À chaque seuil devant lequel passe le cortège, de nouveaux membres se joignent à lui et chantent eux aussi :

           

 

A tent tettâfar deffir tecdîbt i d yesran tjeggajêt ; yeàni akw lghaci nni i d yeddan deffir. Kra n timi n wexxam f ara d àeddi tjeggajt nni yerna adernun ghurs, ad tteddun qqaren :

 

Anzar ! Anzar !

Ô Roi, fais cesser la sécheresse,

et que le blé mûrisse sur la montagne

comme aussi dans la plaine…

           

 

Anzâr ! Anzâr !

ay Agellid, rêz d aghurar,

A ttebb nneàma n wedrar,

A tternu tin uzaghar…

 

Sur le trajet de la procession on offre semoule, viande fraîche ou séchée, graisse, oignons, sel… Et les familles ainsi visitées jettent de l’eau sur les têtes, s’efforçant surtout d’atteindre la fiancée que le cortège emmène avec lui.

           

 

Ansi kkan lghaci yagi asn d fken awren, aksum, acedlûh ngh aqeddid, lebsêl, zzit, lmelh… At wexxam ff ara àeddin asn id dêggren aman f uqqerruy, yerna kkatn ad lêhqen tislit nni (i) i wwin yidsen.

 

Une fois arrivées à la mosquée ou à l’un des sanctuaires (du village), les femmes déposent la fiancée. Puis elles se mettent à faire cuire ce qu’elles ont recueilli de porte en porte : huile, oignons… Et tous les accompagnateurs pren­nent part à ce repas. Celui-ci terminé, on lave sur place les ustensiles et on jette l’eau dans la rigole.

           

Mi iwwdênt tlawin nni ar ljameà negh ar hêdd iàessasen, ad sersent tislit nni. Ad kkrent tlawin ad sebbwent ak ayen i d mmetrent f tbbura : d zzit, d lebsêl. Ad ttcen ak wid d yeddan ar dinna. Mi fukkn utci ad sirdent tlawin ijqedren dinna. Aman nni i ss i sardent a ten smirent ar targa.

 

Après quoi, la matrone enlève ses habits à la fiancée, et la laisse nue comme au jour de sa naissance. La jeune fille s’enveloppe d’un filet à fourrage – et ceci signifie qu’il n’y a plus ni verdure ni rien de ce que produit la terre ; bref, que les gens en sont réduits à manger de l’herbe. Puis elle fait sept fois le tour du sanctuaire, tenant la louche en main de façon à avoir la tête de la louche en avant comme si elle demandait de l’eau. Tout en tournant, elle répète :

 

Sinna ttusawent lqibla a ttettêf tislit nni, as tekkes àaryan akkn ttidntejja yemmas. A ttels tajemmaàt ; zeàma ifukk lwerq, ifukk wayn id ttajja lqaàa, dgha teqqel teswiàt almi terra imdanen ar tjemmaàt. Ad ttezzi teslit nni sebàa tikal i jameà ; a ttettêf aghenja nni g fus is, aqerruy nni ad yezwir ar zdat is am akkn ara têdleb aman, a tteqqar :

 

Ô vous, Maîtres des eaux, donnez-nous de l’eau…

J’offre ma vie à qui veut la prendre.

           

Ay at waman, awi t id aman,

nefka tarwîht i wit yebghan.

 

C’est pour cette raison qu’on la nomme ‘la fiancée d’Anzar’.

           

 

Ff ayagi qqarn as « tislit n wenzâr ».

 

Quand la jeune fille ainsi offerte à Anzar a terminé sa giration autour de la mosquée ou du sanctuaire, elle dit :

           

Ihi tilemzît agi ara d ibeddn akka ar wenzâr, mi d fukk tuzzya n ljameà ngh uàessas (anda tfêttn anzâr), as tini :

 

Je regarde la terre :

la face en est dure et sèche.

Pas une goutte d’eau dans le ruisseau.

L’arbrisseau des vergers s’étiole.

Anzar, viens à notre secours,

tu ne peux nous abandonner, ô Noble.

J’entends le gémissement de la terre

pareil à celui du prisonnier plein d’ennui.

Pas une goutte ne suinte des outres,

le limon est rempli de crevasses.

Je me plie à ta volonté ô Anzar,

car devant toi je ne suis rien.

L’étang se vide et s’évapore,

il devient le tombeau des poissons.

Le berger reste tout triste

maintenant que l’herbe est flétrie.

Le filet à fourrage est vide, il a faim…

il m’étreint comme ferait une hydre.

           

 

Ssukk agh d tît af tmurt,

Udm is yennezruref.

izêri deg ghzer yeqqur,

isegmi nddhus yekref.

Ay Anzâr, fk agh d afus ik,

yeàni ljid agh yanef ?

Sligh tamurt tetnizzif,

bhâl amêhbus g ttîq.

Taylewt ur d ttudum,

kul ires la yetceqqiq.

Uzengh ak in, ay Anzâr,

Zdat ak ay lligh d ariq.

Yeqqur wemdun yettafwar,

yeqql i iselman d azêkka.

Yeqqim umeksa yendel,

tura rghan akw ikussa.

Tajemmaàt texla tellûz,

Thêrs iyi amzun  d talafsa.

 

Après quoi les femmes réunies dans le sanctuaire entonnent le chant que voici :

           

 

Tghennint tlawin leghna yagi g ljameà mi ara tfakk teslit tuzzya n ljamà nni :

 

Ô Anzar au cœur généreux,

le fleuve n’est plus que sable desséché.

La clef, c’est toi qui la possèdes,

de grâce, libère la source.

La terre agonise

injecte son sang jusqu’en ses racines.

Ô Roi, ô Anzar,

notre Mère la terre est sans force

Elle patiente, elle compte sur toi,

comme elle a accepté de toi le manque de nourriture.

Remplis la rivière de ta sueur

et la vie triomphera de la mort.

ÔAnzar, ô puissant,

Toi qui donnes la vie aux hommes,

délivre-les de leurs liens,

Toi le remède des blessures.

La terre attend, livrée comme une jument,

toute à la joie de ta venue.

Ô Anzar, fils du (ou de) géant,

Toi qui vis parmi les étoiles.

Notre gratitude te sera acquise évidemment

si tu nous donnes de l’eau.

Ô Anzar, ô Roi,

Toi dont le charme est sans égal,

tu as épousé une jeune fille, perle précieuse,

à la chevelure souple et lisse.

La voici, donne-lui des ailes,

et foncez vers le ciel : allez,

À cause d’elle, parée de fine étoffe,

tu peux dire aux assoiffés : buvez !

           

 

Ay Anzâr, a buwul esxay,

yeqqel wasif d aqerqar.

Tasarut attan ghur k,

Txil k, lli d làinsêr.

Lqaàa tcehhêq,

Gr as idim ik g zâr.

Ay Agellid, ay Anzâr,

teghli tyemmat tamurt :

fellak ay tugh ssêber,

akken tugh lghiba n lqut.

Ccar d s tidi k ighzêr,

a ttali tudert zdat n lmut.

Ay Anzâr, a butezmert,

a win izêrràen lerwax.

fellasen kkes tamrart,

d ketci d ddwa n lejrâh.

Tamurt a tters am tegmert,

S tirza k i tferrêh.

Ay Anzâr, mmis ucacfal,

Tamaàict ik ger  yetran,

tajmilt atbin inek,

ma tefkîd agh id aman.

Ay Anzâr, ay Agellid,

Sserr ik hêdd ur t yesài.

Tughêd taqcict am tyaqut,

tema amzur d imleghwi.

Attan, eg as afriwen,

kecmet deg genni, ruhêt.

Aff am tlaba reqqiqen,

I tennîd I wi fuden : Swet.

 

Cependant, quelques jeunes filles en âge d’être mariées, s’assemblent auprès de la fiancée toujours nue, pour le jeu dit ‘zerzari’ qui se pratique avec une balle de liège. Elles se groupent dans un endroit plat, non loin de la mosquée ou du sanctuaire. Munies chacune d’un bâton, elles se disputent la balle, jusqu’à ce que cette balle tombe dans le trou préparé pour la recevoir. Pendant ce temps là fiancée répète :

           

 

Ad kkrent kra ttêhdayin yellan af tizi n zzwaj, nutenti d teslit nni yekksen àaryan, ad urarent zerzari s txennact iferki. Ad nejmaàent g anda tella ludâ, dinna g ljameà negh g lemqam. Ad ttfent iàewzan, kul yiwet s yiwn uàkkaz. Ad ttfent taryalt iferki, ta a t tekks i ta. Ad idum wurar nni alama tekcem txennact nni ar uxemmuj i s heggant. Tislit nni a tfeqqar :

 

La terre et moi, nous sommes co-épouses,

nous avons épousé un homme sans l’avoir vu.

Nous ne sommes ni infirmes, ni stériles,

mais la clef est bloquée dans la serrure.

Nos seins ne donnent pas de lait :

comment du reste le pourraient-ils ?

           

 

Nekk d tmurt  d takniwin,

nugh argaz ur t nzêrr ?

Ur nàab, ur ttiàiqrin,

meàna tasarut d irza i tzekkar.

Iffan nnegh qquren…

ulac ff ara d neggin.

 

Lorsque la balle a pénétré dans le trou, elle dit :

           

 

Mi tekcem teryalt nni iferki ar uxemmuj, as tini :

 

Je tends la main devant moi,

je ne trouve que le vide.

Ma main cherche derrière moi,

et ne trouve que moi-même.

Rien ne me retient que moi-même…

ô Anzar, ô Roi très bon,

ma vie m’est précieuse…

mais s’il la veut qu’il la prenne !

           

 

Fkigh afus ar zdat i

Temmugr iyi d ddunit.

Yughal d ar deffir

Yufa d d nekkini…

D iman iw iyi d yettfen,

ay Anzâr, ay Agellid n làali,

D tarwîht iw i yeàzizen…

ma icrêd it-id, a t yawi !

 

Les jeunes filles qui ont pris part au jeu avec elle, répondent :

           

 

Ad as inint têhdayin nni yuraren akw yids :

 

Nous avons atteint notre but :

la balle est à sa place.

Le Roi est descendu sur la terre :

la fiancée s’est soumise et l’a accepté.

Ô Roi, donne-nous de la pluie,

tu le vois, notre terre est assoiffée.

Alors elle nous donnera bonne récolte,

comme vous-même avez donné progéniture.

           

 

Neqdâ d taghawsa

taryalt tugh lmekna.

Agellid yers d ar lqaàa,

tislit tsebbeb terdâ.

Ay Agellid, awi d lehwa,

annagh tfud lqaàa,

akkn ad tefk ssâba,

akkenni ad tefkam ddakira.

 

La balle est enterrée dans le trou creusé pour elle avant le jeu. Toutes les femmes regagnent le village avant le coucher du soleil. On peut être assuré que peu de jours après la célébration d’Anzar, la pluie se met à tomber.

           

 

Taxennact iferki i s leàbent zerzari nêttlent daxl uxemmuj i s ghzan yakan weqbel urar. Ad ughalent tlawin nni merra ar taddart weqbel ad yeghli itîj. Zemregh ad inigh belli tekkat ad lehwa kra n wussan deffir ufettên n wenzâr.

 

Mais de nos jours, ce n’est plus une vraie mariée, parce qu’un chef  l’a refusé autrefois : il a en effet refusé qu’une jeune fille se retrouve nue au cours du rite. Depuis on pare une louche que l’on appelle « la fiancée d’Anzar » [paragraphe traduit du kabyle par Fatiha Lasri]

           

 

Ma ttura kksen medden Tislit nni n ssêh axatêr yugi yiwen n Sid zik nni : yugi a ttekkes teqcict àaryan. Dgha tcebbihên kan i ughenja ttarrant « d tislit n wenzâr ».

 

À l’époque où les familles des At-Qasi et des At-Djennad se battaient contre les Turcs, les Marabouts mirent fin à l’ancienne procession (telle qu’elle vient d’être décrite). Ainsi nous l’ont racontée nos aïeules. Malgré cela, certains villages continuèrent la procession ‘ancienne manière’ ; d’autres la cessèrent immédiate­ment par peur de la malédiction des Marabouts. Dans ce dernier cas ils se conten­tent de transporter processionnellement la seule cuiller à pot, magnifiquement ornée au préalable comme une fiancée. Le rituel est à peu près le même, hormis bien sûr la dénudation qui n’est pas nécessaire. Le repas terminé, ce sont les jeunes filles qui se livrent au jeu de ‘zerzari’.

           

 

Asmi tnaghn At-Qasi, At-Jennad nutni d Tturk, i lweqt nni i shêrmen yemrabdên tukksa àaryan teslit n wenzâr. Akka i d hekkun imezwura negh. Akken, llant tuddar ikemlen akkenni, llant tuddar yugaden deàwessu. Ad tawi lqibla aghenja ajdid, as tewqem allen, aqemmuc ; as tcebbeh s lêhrir yettemserghan ; as teqqen tafzimt amm akken ttaqcict nni n zik. Mi s tcebbeh i wghenja, ur s qqarn ara aghenja meàna Tislit n wenzâr. D lqibla ara tt yawin g tebburt ar tayêd alamma d ljameà negh d lemqam. A tteddu yids tecdîbt tlawin igerdan, tiqcicin. Mi bbdênt ar dinna ad sebbwent ayn akw i d jemcent f tebbura, ad tten ak wid nni yeddan ar dinna. Imir ad urarent teqcicin tilemzîyin Zerzari i d nebder ya kan. Weqbel ad yeghli itîj ad ughalen akw lghaci ar taddart.

 

La célébration terminée, la louche sera reprise par son propriétaire qui la mettra de côté pour une prochaine célébration ».

 

 

Source: mondeberbere.com

Partager cet article
Repost0
1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 09:59
Mariage au pays berbère : noces et rituels

 A chacun son « bled », le mien est dit « inutile » même s’il offre un havre sûr par son barrage aux flots de Moulouya qui y finissent leurs courses freinées depuis le haut Atlas pré-oriental pour désaltérer et éclairer les toits de l’Oriental. Idylle ou simulacre ?

 Quand « Anbdou (la récolte) est bon, la saison estivale s’y pare de toutes les couleurs ancestrales et devient le temps d’un théâtre féérique par excellence. Un théâtre où toute péripétie de rituel est une « invitation au voyage » à un monde « merveilleux » qui laisse rebondir les véritables valeurs amazighes de solidarité, de bon voisinage, d’hospitalité et d’amour...

 Une fête de mariage, en l’occurrence, y prend l’ampleur d’un festival. Avec un « synopis » quasi banal hérité de l’antiquité, les « noceurs » imaginent des scénarios qui raniment ce « trou de verdure » où l’année durant, presque rien ne s’était passé.

 Prologue

 A quelques jours de la date promise, la mobilisation est totale : On ne rate aucun souk hebdomadaire pour choisir les ingrédients du festin, les instruments de musique, et autres besoins de toilettes comme autant de robes, costumes et parures...

 Acte 1 : Premier jour festif

 Juste avant midi, le cortège est fin prêt. C’est la caravane de « TAZOUDHA » : une femme âgée, élue par les parents du fiancé, prend la tête du cortège, un plateau de bronze à la main rempli de henné cru garni d’œufs durs ; derrière elle un cheval ou un mulet nu ; la suite du cortège est composé de montures chargées de corbeilles pleines, de boucs ou chevreaux et d’une petite foule de jeunes femmes, les béndirs (ARKKOUTH) aux mains, chantant tout ce qu’elles avaient répété pour l’occasion à la manière d’AHIDOUS.

 A son arrivée, la caravane est accueillie par les invités de la fiancée avec du lait, des dattes, du miel et du beurre avant que les deux groupes ne se mélangent pour chanter et danser...
La femme âgée présente le plateau de bronze à la fiancée, lui étale le contenu de la valise ou coffret contenant une partie de la dot en robes et parures, préside la cérémonie du henné et ordonne à la fiancée de se préparer pour quitter le foyer parental sur le cheval (ou mulet) élu (actuellement, c’est la voiture !).
Une fois le cortège accueilli par le fiancé chez-lui, commencent la première veillée et le rituel « ALAAKISSA ».Pendant que les invités s’abandonnent aux différents spectacles, un petit groupe de jeunes célibataires se retire dans un petit coin servant de coulisses pour préparer des « manœuvres » : Ils s’agit de jeux de rôles inventés pour l’occasion incitant à chaque fois, et pendant une grande partie de la nuit, le fiancé à trouver une excuse pour persuader la AAKISSA de l’autoriser à pénétrer chez sa fiancée..
Tous les essais se vouent à l’échec puisque la consigne du rituel est ferme : la fiancée doit passer la première nuit toute seule...

 Acte 2 Deuxième jour festif

 Dès le début de l’après-midi, les parents du fiancé s’apprêtent à accueillir les « TIWSI » provenant de toutes les directions : Chaque groupe d’invités arrive avec une offrande (tiwsi) composée d’ovins, de sucre, de thé, de menthe, de farine et autres. La cérémonie d’accueil prend l’allure d’un « bal dansant » où la musique, le chant et la danse ne connaissent aucun répit.. La veillée, elle, est partagé en trois grands moments. La premier dure jusqu’aux environs de minuit.

  Il est réservé aux différents spectacles présentés par divers groupes folkloriques professionnels ou amateurs crées pour l’occasion. Après le grand festin, nécessairement copieux, se constitue l’ « escorte » du « Sultan ». Celui-ci s’habille cérémonialement (Djellaba, Quendrissi,Burnous, babouches...), prend la tête d’un groupe de jeunes, guidé par son Vizir et fait le tour de la maison avant de pénétrer pour de bon, cette fois, dans la chambre de sa « princesse ».
Dehors, le groupe de jeunes continue à répéter en chorale des comptines psalmodiant la fin du célibat avant de se retirer pour préparer de mauvais tours au « Sultan ».
A chaque fois un « émissaire » du groupe trouve une excuse pour frapper à la porte ou à la fenêtre de la chambre nuptiale pour signifier au « Sultan » qu’il avait pris trop de temps, que cela risquait de remettre sa virilité en cause. La scène se répète impitoyablement jusqu’à ce que le « sultan » entre-ouvre la porte et jette au groupe guetteur un bout de tissu blanc tout maculé de sang : Ouf ! honneur et virilité confirmés ! !

 Actes 3,4,5,6 (jusqu’au sixième jour)

 A partir du troisième jour, le jeune couple doit convoler en justes noces loin du toit familial. Il est invité quatre jours de suite, à tour de rôle, par quatre familles différentes. Elles lui offrent gît et couverts et garantissent, à leurs frais, la continuité des festivités : festins, groupes folkloriques, convives, cadeaux, etc..

 Acte 7 : Septième jour ou « TIGHILALT »

  Les deux jeunes mariés rentrent chez eux, offrent une réception à leurs proches et amis intimes et racontent tout ce qui a marqué les six jours de festivités nuptiales.
Dès le huitième jour, la vie du nouveau couple commence : C’est déjà le prélude d’un nouveau chapitre d’un « roman fleuve ».

Lien utile : www.amazigh.info
Source: www.ouarzazate.com
Bouziane Moussaoui - lematin.ma
Partager cet article
Repost0
17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 22:29

                                              "Yennayer", le nouvel an amazigh (1)

 

              Une tradition ancestrale au service d'une revendication identitaire

 

 Par Lahoucine BOUYAAKOUBI-Anir.

 

 

 

Introduction :

 

  Depuis quelques années, la célébration du nouvel an amazigh (berbère) prend de l'ampleur. Sous différents noms, le plus générique est "yennayer", ce rite est sorti d'une pratique familiale et "discrète" à une célébration marquée par une série d'activités culturelles et artistiques autour de la revendication amazighe. De ce fait, elle attire l'intérêt des médias nationaux et internationaux. Mais ce calendrier, son origine et les différents rites qui y sont liés demeurent plus au moins inconnus et invitent les chercheurs à multiplier les efforts pour une meilleure connaissance de cette pratique. En même temps l'évolution de la pratique de ce rite et la dimension qu'il a eu après l'émergence du mouvement revendicatif amazigh, ainsi que l'absence d'études approfondies sur ce sujet laissent les portes ouvertes pour toute sorte d'interprétation et de mythification de cette pratique.

 

OUVRIR    FERMER

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 23:21
 
Rituels féminins et temps suspendu (tribu berbérophone du Sud-Est marocain)
 
Marie-Luce Gélard

Résumé de l'article:
 
 
 
Au sein de la tribu des Aït Khebbach (Sud-Est marocain), la filiation d’un individu s’effectue en ligne patrilinéaire. Mais l’examen attentif des représentations de la parenté nuance ce seul déterminisme. En effet, au cours des premiers rituels de la naissance, lesquels dépendent étroitement des savoir-faire féminins (soins du nourrisson et de l’accouchée, prescriptions alimentaires, pratiques liées à l’allaitement, etc.), on constate la fréquence des références à la parenté maternelle. Quelque temps après l’accouchement, l’intervention des hommes dans le couple mère-enfant peut être vécue comme menaçante : ils auraient la capacité d’agir sur la lactation. Ce pouvoir leur permet de se réapproprier leur descendance, conformément au système de parenté agnatique.Mots-clés : naissance, allaitement, parenté utérine, lait, cognatisme. Among the Aït Khebbach (south-eastern Morocco), filiation is patrilineal. But a thorough examination of kinship representations nuances this determinism. Indeed, during the first rituals of birth, which closely depend on women’s know-how (infant and mother caring, food prescriptions, breast-feeding practices, etc.) frequent references to uterine kinship are often noted. Some time after delivery interference of men in the mother-child couple can be lived as a threat : they are said to have the power of acting on lactation. This power enables them to reappropriate their descent, according to the system of agnatic kinship.Keywords : birth, breast-feeding, uterine kinship, milk cognatic system. Bei den Aït Khebbach (Südostmarokko) folgt Filiation der väterlichen Linie. Eine tiefere Untersuchung der Verwandschaft ermöglicht aber diesen Determinismus zu nuancieren. Bei der ersten Geburtsritualen, die mit dem Frauenkönnen (Säuglings- und Mutterspflege, Nahrungsvorschriften, Stillenpraktiken, usw.) eng verbunden sind, beobachtet man tatsächlich häufige Referenzen zur Verwandschaft mütterlicherseits. Einige Zeit nach der Geburt kann die Einmischung von Männern in das Mutter-Kind-Paar als eine Drohung empfunden werden : Männer hätten die Fähigkeit, auf die Laktation zu wirken. Diese Fähigkeit ermöglicht ihnen, sich ihre Nachkommenschaft gemäss dem System der Verwandschaft durch Männer wieder anzueignen.Schlagwörter : Geburt, stillen, Verwandschaft mütterlicherseits, Milch, Verwandschaft durch Männer.

Plan de l'article

• Parenté utérine et filiation maternelle
— • Accouchement et premiers soins postnatals
— • Alimentation et pratiques galactogènes
• Transfert du lait et allaitement
— • Le rôle des hommes
— • L’intervention de l’univers animalier
• Maternité et paternité, de l’hommage à la consécration
— • Naissance et allégorie de la féminité
— • Le retour des hommes : rituel sacrificiel (tasmiya) et nomination de l’enfant

Source: http://www.cairn.info
— • L’attachement aux valeurs utérines
• Références bibliographiques
Partager cet article
Repost0
21 juillet 2007 6 21 /07 /juillet /2007 17:44
Akki-d nezzwur ay isem n Rebbi
Abismi besmi llah urraHeman rraHim
Kan izwar uduku n merrakech ilHzamin
Innaten ubnnay ibnnan timesray
Innaten umHdar ad yusin lqlem s talluHt*
Innaten umHdar ad n ibdan gh talluHt .

Commençant par le nom de Dieu
Au nom de Dieu le clément et le miséricordieux :
Prélude de l'artisan des babouches de Marrakech
Prélude de maçon qui construit les salons
Prélude de l'étudiant qui prend son stylo pour écrire


****

zayd aylli adam ifteH rebbi
sidi Hemad umusa gid adar zewuragh
gid adar zwuragh gid afus zwuragh
alalla fatima kmmin d saydna 3li
kmmin d saydna 3li kamu ikfa Rebbi zin

Bon courage ma fille
O Sidi Hmad Ou Moussa* guide-nous
Montre-nous le chemin je te suis
O Lalla Fatima* toi et notre « maître » Ali*
Dieu, vous adonnés la beauté

****

immanw amma taHeninit gigh helli darem
ajjig n remman ibsan iddu Dren
illiHenna talHbaqt ijjan
i3lan illan gh uflla

O ma mère, j'étais pour toi;
La fleure de la grenadine qui tombe
O ma fille tu es comme une bonne basilique
Qui est grande et supérieure !

****

aSSalHin ula lawliyya tas3d n illi
aSSalHin ula lawliyya ka sa n-zigiz
alacheyakh n darnegh rewaHt ukan ad nmun
ala 3nayt tattuy tellan gh uflla n rekab
anchawr mulay bayyi ma yinna bu rekab
rebbi adaneghed igan tghawsanegh darun
tghawsanegh tinnun, taghawsannun ti n Rebbi

O les pieux et les saints, le bonheur pour ma fille
Les pieux et les saints qui nous guide.
O les saints de mon village compagnes-moi
La protection est sur la selle d'un chevale
On demande au mari, le chevalier, qui-ce qu'il pense
Dieu l'a ainsi décidé que notre fille sera dans votre maison
Notre fille est la votre est ainsi celle de Dieu
****

annigh tigidarad nnrgh timmit ayad
abark llah atigidar nayt- darnegh
lkmeghed ilmma tiwghza linw;
gh rebban aytma tajda3in.

J'ai vu cette maison je me suis dis à qui elle appartiens?
Oh !! C'est à nous alliés
Et je suis arrivé à mes champs,
Là où mes frères sont élevés les poulains.

****

sligh ilmluk ignewan zayd balak
aglid rayzri dar wayyaD ra yiSreSa.

J'ai entende les rois des cieux disaient :
La famille de la marie va passer chez le mari

****

immiHenna wuli maf nezigh?
Arraw n tajda3in ka yinzzan,
Ismegan ignawn ka yinzzan.

Oh! Ma mère bien aimée, pourquoi vous m'avez vendu?
Tu n'est pas un chevale pour être vendue
Tu n'es pas une esclave pour être vendue
****

rewaHt-ak an nag asaghar;
is ibsa ujig lli gis?
Igh ibsa tizewa ad isawal,
Nkkin ijlan nekef idrareni
Isagh laH luDa d uzaghar

Venu voir la plaine
Est-ce que la fleure est poussé ?
S'elle a poussé se sera pour les abeilles
Oh ! Moi je suis perdu dans les montagnes, pourquoi ??!!!
Et y'a des plaines partout.


****

imdgiwn n rebbi Dif llah tilHbaqqin
slam 3likum awid nufa
gh imi ugadir ad nez3em nit

Oh nous alliées on vous demande de nous accueillir
Le salut à tous ceux qui sont là,
A coté de la maison, on a rien à craindre.

****

brkamt atis3diyyin
annigh nit mrHeba idrusanegh
igh idrus nezayd wayyaD

bienvenu nos alliées
O alliées! Êtes-vous réticents à nos accueillir
Si l'accueil n'est pas à la hauteur, nous ferons mieux.
****

id is ur tfreHmet ad urrigh
ullah ar nfreH itjanat (tislit)
mani ikka uDggal urd yuggi?
Arawn itssu tigDifin
Ghid-laStewan zuzwanin
AHanu yad aHanu iylli
Isus3at rebbi d wallit ibnan
Magha tagulen sa Tleba tilwaH
AHanu yad aHanu iylli
Ur yad igi wi n tuchreka
Righ at ik baba kint aytema

Oh! Alliées si vous êtes pas contentes on rentre chez nous
Je vous le jure qu'on y trop contentes pour notre mariée
Le beau père, on ne l'a pas encore vu passer
Il est parti dérouler les tapis,
Dans les grands salons bien climatisés
Cette chambre est celle de ma fille,
Elle est très large grâce a Dieu et le maçon.
Cette largeur permettra aux six étudiant du Coron pour accrocher leurs planchettes.
Cette chambre est celle de ma fille
Qui n'est plus pour personne
Je veux qui elle soit visitée par mon père et mes frères.
****

SsifeD atagh ayiDuan negh
SsifeD atagh ya gug ugharas
Neflen tazzanin kullu meZZiynin
Nflen ak lHsen d lHusayn

O alliées, laissez-nous partir
Laissez-nous partir, notre chemin est long.
De jeunes enfants attendent à la maison,
Ainsi que Lahcen et Lahoucine*.
****


inna yam babam ata3ryyalt
tisuranw aylli magh llant?
tisura n baba ur tnet zrigh
iggi la3dubat agh nit llant

Ton père t'appelle et te demande :
Ou sont mes clefs ma fille ?
Je les y pas sur moi père !
Les clefs sont justes sur les portes.
****

kfatas reDa nnun alwalidin
tdit aylli adam ifteH Rebbi.

Oh parents bénissez votre fille
Courage ma fille que Dieu te bénisse
****

ayangud n sreHan awyat i-Rebbi chur

O cheval, marche doucement

****

agwzd ayayyur ghiDaD akwn righ
anghmu iylli tiDuDin lins
sa tbessa lHbaq gh izreza waman
lizar ur lsigh ghiDaD iHreg-it
aduku ur qinegh ghiDaD ibbi nit

O la lune descende c'est aujourd'hui que j'ai besoin de toi
Pour mettre de henné sur les doits de ma fille.
Avec les quelles elle plante la basilique
Les vêtements que j'ai pas met ce soir je veux qu'ils soit cramer
Les chaussures qui j'ai pas pris ce soir je veux qui elles soit couper
****

aymma ktid awr tremit
igh n-luH taggatin gh usarag
3meda mas madasen sul innan?
Nikred aTTuDDat had aman reghan.

O ma mère pense a moi,
Quand je pose mon fagot de bois
O ma mère qui viendra te dire :
Lève toi c'est l'heure des ablutions, l'eau est chauffé.
****

breH s ubrraH kra mu chigh,
tameghrans ad achkin s ti yilli.
Gma Henna ayad ighran iynna
Righ ayyi tbidemt ayistema
Nbddak ibddak mulana
Ula muHemed aywis iymmi

Appeler fort à tous ceux qui m'invitaient a leurs mariages
Qu'ils viennent ainsi au mariage à ma fille.
Mon frère appel, il a dit :
O mes sœurs je veux que vous m'aidez.
O notre frère Dieu et nous on va t'aider,
Ainsi que le Prophète Mohammed.

****
inas igmam aykrez immuddu
illi tHurra tusi tigwmmins
smdudi Snadiq aya3yyal
ayrDu ismeg ula tawayya

Dit à ton frère qu'il a rien a craindre ?
Il peux partire aux champs et voyager
Car ma fille est courageuse et responsable.
O le jeune homme fait bouger les coffres,
Pour que les esclaves soient contents.
****

aggwamed aggwamed a-tilli nanin
ur iTTaf baba yat ultmas
atzrimt azar ur yuf l3ar

O les femmes regardez, vous qui croyaient
Que mon père n'a pas de sœur,
Vous allez voir toute sa famille

J'ai recueilli ce texte « tangguift » cet été 2006, récité par ma grand-mère à Id-bellahmou Taghjijt.


Le texte que je présente ici est « tangguift » de aît Tghejijt. Tangguift c'est les rituels de mariage. Le mariage chez les chleuhs comme d'ailleurs à tout le Maghreb, est un carrefour de valeurs sociales, juridiques, affectives et morales. C'est un jour que tout le monde attend au moins une seule fois dans sa vie. « Le mariage devient une institution juridique réelle, surtout si la femme est soumise aux opérations d'échanges. Le mariage est une obligation pour tout homme et le destin inévitable de toute femme, vu que la force de la communauté tribale repose sur la famille. »1
Avant de commencer à commenter ce texte, il faut rappeler que la coutume berbère réserve une grande place pour la femme au sein de la société amazigh.
La femme en tamazight se dit : « tamghart » c'est-à-dire la cheftaine. Le mot tamghart vient de mot amghar qui est le délégué ou le chef de la tribu.
En cas de divorce, la coutume berbère donne le droit à la femme de partager la maison avec son mari. Surtout si elle a aidé à la construction de la maison. Ce que l'on trouve dans le droit coutumier, dans la région de Souss sous le nom de tamazzalt, qui consiste dans la répartition entre les époux des biens acquis durant la période du mariage.
« Ce qui est indéniable par contre, c'est que le mariage chleuh est une société de production égalitaire, où chacun ayant droit, femme comprise, apporte son capital et son travail. Le capital de la femme, c'est le jihaz*, et sa part d'acquêts la tizzla*. Rien de pareil en pays arabe. »2
Il est vrai que la loi de tamazzalt on ne le trouve pas dans aucun pays arabe. Même dans la Chariaa. Et la nouvelle moudawwan marocaine vient d'appliquée cette loi dans le nouveau code de la famille au Maroc.
Lyautey n'a pas manqué l'occasion de parler de son admiration de la coutume amazigh, et la démocratie chez les imazighen. « Ce que caractérise une civilisation berbère c'est l'esprit démocratique et municipal, tout un ensemble de coutumes, enfin et surtout, l'usage de la langue berbère.»3

On a bien dit que le mariage chez les chleuhs, est un carrefour de valeurs sociales, la première de ses valeurs est l'honneur. « La femme amazigh comme d'ailleurs toutes les femmes méditerranéennes est intimement liée à la notion subjective de l'honneur. »4 Plusieurs passages dans le texte nous montre clairement l'importance de l'honneur chez les amazigh surtout la nuit de noce. On trouve dans le texte la question que le père de la mariée à poser à sa fille la nuit de son mariage en disant : « tisuranw aylli magh llant? »(Ou sont mes clefs ma fille ?), Il veut dire est-ce que tu as protégé notre honneur ?
Il faut noter aussi que le texte n'est pas oublié n'en plus la religion, d'ailleurs tangguift commence par le nom de Dieu, la protection de Dieu et celle du Prophète Mohammed. Mais ce qu'il faut noter surtout c'est l'influence de chiisme dans la société amazigh, dans le texte on a parlé de Ali « l'imam chiite » qui était le troisième calife parmi les quatre califes bien guidés « al-khulafa' arrachidin », et le père de Hassan et Lahoucine. On parle ainsi de Fatima qui est la femme à Ali.
Dans le texte on trouve beaucoup de passage qui parlent du culte des saints ou le maraboutisme « attaqarrubu ila l-awliyya wa l-aDriha ». on cite « sidi Hemad umusa gid adar zewuragh », « aSSalHin ula lawliyya tas3d n illi » « aSSalHin ula lawliyya ka sa n-zigiz », « alacheyakh n darnegh rewaHt ukan ad nmun ».




* Taghjijt est une oasis à 200km au sud d'Agadir. Entre Bouizakaren et Tata.
* tilwaH : pluriel de talluHt il s'agit d'une planchette en bois sur laquelle l'étudiant de l'école coranique calligraphié les versés coranique pour la prendre par cœur.
* Sidi Hmad umusa : un célèbre saint du sud-marocain du Tazreoult à coté de Tafraout.
* Lalla fatima : Fatima Zahra la fille de Prophète Mohammed qui est la femme à Ali B. Abi Talib.
* Ali : le troisième « Kalifs Rachidites » les califes bien guidés. L'imam spirituel des chiites.
* Lahcen et Lahoucine : Lahcen c'est la déviation de Hassan. Donc il s'agit de deux fils de Ali b. abi Talib.
1-BEN CHIKH Amina, « La femme amazigh entre le droit coutumier et la modawana », Journal le Monde Amazigh, N 55, Rabat, 15 décembre 2004.
* jihaz : apport des biens propres de la mariée dans la communauté.
* tizla : tamazzalt, la dévouée.
2- BERQUE Jacques, Structures sociales du Haut-atlas, Presses universitaires de France, Paris, 1955. P 344.
3- LAFUENTE Gilles, La politique berbère de la France et le nationalisme marocain, L'harmattan, Paris, 1999. P 19.
4- BEN CHIKH Amina, « la femme amazigh entre le droit coutumier et la modawana », Journal le Monde Amazigh, N 55, Rabat, 15 décembre 2004.

OUTACHFIT Lahoucine

www.tamaynut.skyblog.com
Partager cet article
Repost0