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27 septembre 2005 2 27 /09 /septembre /2005 00:00
Women in Amazigh countries 

A young muslim Amazigh girl of Azrou (middle atlas)
A young muslim amazigh girl of Ait Hdiddou (middle atlas)
A Jewish Amazigh woman of Tiznit (South of Morocco)
A Christian Amazigh woman :Taos Amrouche (Kabylia)




Source: amazighwolrd.org
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27 septembre 2005 2 27 /09 /septembre /2005 00:00
Dance in Amazigh countries
The Ahwash dance of the upper Atlas

Other types of Ahwash in the Souss plain (South of Morocco)

The Taskawine dance of the upper Atlas

Surrounded with "blue" men, the woman dances the Gadra in the desert in Gulmim (South of Morocco)

Gadra dance also of desert Amazigh people

Source: amazighworld.org

 
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27 septembre 2005 2 27 /09 /septembre /2005 00:00
Zaïnab Tanfzawit
Une grande femme amazighe du XIe siècle


Fatima MOUTAOUKIL
Parimazigh n°2


L'une des plus grandes figures féminines du XIe siècle au Maghreb était sans doute l'étonnante Zainab, originaire de la tribu de Nefzawa. Elle avait joué un grand rôle dans l'histoire du Maghreb médiéval, grâce à sa large connaissance des affaires politiques.

Après avoir été mariée à plusieurs hommes de pouvoir, Zainab devient, en 1071, non seulement l'épouse, mais également la conseillère perspicace du maître des Almoravides, Yusuf Ibn Tachfine. Elle l'a considérablement aidé, voire poussé à conquérir la majeure partie du Maghreb et de l'Espagne.

Ainsi, la fondation de cet immense empire allant de l'Atlantique jusqu'au-delà d'Alger, et du Sénégal jusqu'à l'Espagne musulmane, peut être attribuée au génie de Yusuf, mais aussi et surtout aux conseils judicieux et à l'extrême habilité politique de sa femme Zainab. Car en effet, et selon la plupart des sources, notamment les descriptions données par Ibn Idari, El Bakri, et Ibn Khaldoun, Zainab était une femme très belle, énergique, dotée d'une intelligence peu commune, et d'une large connaissance des affaires politiques au point qu'on l'appelait «la magicienne». En fait, avant d'épouser Yusuf b. Tachfine, elle avait déjà partagé la vie du chef de l'Ourika, Yusuf Ibn Ouatas, dont elle avait était la concubine. Ensuite elle avait épousé le prince d'Aghmat, Laghout. Devenue veuve, elle s'est remariée avec Abu Bakr b. Umar, le cousin de Yusuf b. Tachfine, et le premier chef almoravide.

Toutes ces années partagées avec des hommes de pouvoir l'ont enrichie de beaucoup d'expériences, surtout sur le plan politique, car elle réglait la plupart des affaires conjointement avec ses ex-époux successifs. C'est donc grâce à ses qualités et à ses expériences qu'elle était devenue le grand guide de son quatrième mari, Yusuf b. Tachfine, novice en matière de politique.

Quelle était donc l'origine de cette femme si fascinante et si ambitieuse ? On a très peu de renseignements concernant son passé. On sait tout juste qu'elle était la fille d'Ishaq El Houari, et qu'elle venait vraisemblablement de Kairouan, originaire de la tribu de Nefzawa, une fraction de la grande tribu zénète située dans l'Ifriquiya méridionale.

En fait, outre les Masmouda, qui représentaient le plus ancien groupe amazigh du Maghreb, une autre branche était constituée par les Sanhadja. Ces derniers comportent les Sanhadja du nord-est rassemblés par les Zirides, et les Sanhadja du sud-est, fondateurs de l'empire Almoravide.

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22 septembre 2005 4 22 /09 /septembre /2005 00:00
Le Henné, un art


Métamorphoses du signe hennétial

L'art du henné se métamorphose tout en gardant les traits originels. La contemporanéïté se situe en complémentarité, en enrichissant les motifs, les exaltant dans un espace vierge. Ils déterminent la structure de la peinture.

Intervenant sur un lieu différent, le premier champ contemporain est le support du corps humain : la peau.

La lumière jouant sur le signe peint, crée un espace, où perdure la tradition. Le cheminement vers la réalité hennétiale, est celui de l'appropriation. Il s'agit d'une profonde conviction, relevant de l'esthétique de l'Afrique du nord. Malgré la référence aux oeuvres de Matisse, la question posée est l'intégration des signes , de la matière, des couleurs dans une planéïté, tel un support papier. Cette réflexion est au stade embryonnaire, et la définition de l'oeuvre d'art reste à démontrer.

Les impressions des influences étrangères sont importantes, car tout au long de l'histoire, elles ont été décisives. Dans la culture africaine, la richesse des signes est importante, et lorsqu'il s'agit d'une oeuvre abstraite, la puissance picturale nous apparaît semblable.

Processus de découverte dans l'art hennétial

Dans la définition des essais sur le henné, les questions se sont étrangement posées, trouvant des finalités et surtout une forte coalition entre une matière et des produits différents. La démarche consistait à décrire l'application du henné traditionnellement, en l'accordant à l'art moderne, tout en ne perdant pas de vue, que le graphisme obéit à un répertoire ancestral.

Le développement du travail, à travers une série de planches, ci-incluses, nous permettra de connaître son impact, sur un support différent, sa réaction par rapport à un autre matériau. Le but étant de sortir d'un cadre préalablement fixé, afin de créer un autre champ pictural durable.

Durant toutes ces recherches, le henné fut un allié et aussi un ennemi car au contact de certaines couleurs, il apparaissait et disparaissait ; ce n'est pas par hasard, s'il se perd dans certaines planches et s'affirme dans d'autres. D'autres questions se posèrent selon le principe du changement. La première étape étant celle du support, en l'occurence le corps, et particulièrement les mains ; adapter le henné à un support, où l'effet est différent que celui obtenu sur le support papier.

Ces expériences sont révélatrices de la particularité de chaque dessin, chaque peinture, où la production de henné est plus ou moins importante, ce qui contribue à marquer la place des signes avec un rehaut de matière. la deuxième étape importante est l'apport des couleurs, accentuant le style, en le renforçant pour une création formelle.

Le travail artistique basé sur le henné est un art complet. Ces différentes compositions, hors de la pratique artisanale, ne constituent pas uniquement des éléments décoratifs, mais plutôt des composantes, faisant partie d'un ensemble plastique. Il est intéressant de remarquer, que selon le temps mis à l'utilisation du henné, l'effet produit est différent ; après un laps de temps plus ou moins long, la puissance tonale s'affaiblit, et ne présente aucun intérêt plastique. Le graphisme s'estompe au profit de la matière hennétiale qui, en se mélangeant à la couleur, canalise toute l'énergie.

Ces expériences démontrent que l'on peut aussi bien employer le henné à des fins traditionnelles, que dans l'art plastique contemporain. Dans ces travaux, les impressions picturales dominent et constituent pour la plupart, un affrontement manifeste entre éléments. Affrontement, opposition, conjuguaison, sont les termes référents aux travaux ci-inclus. L'utilisation du henné permet de donner toute la puissance créative sur certaines planches, où la structure est ébauchée.

La clé de l'esthétique hennétiale réside dans la métamorphose des symboles et leur transposition dans un espace de liberté.

Au terme de ces recherches, nous retenons deux oeuvres majeures, témoignant du séjour de Matisse au Maroc, soit :

Le paravent mauresque,
Zorah, la petite mulâtresse.

L'analyse du paravent mauresque donne à voir, un paravent formé de deux panneaux, construisant le fond du tableau. Les motifs de l'un, plus soutenus, creuse le fond, tandis que celui de gauche, portant la réplique des motifs, s'estompe. Le regard se fixe, en premier lieu sur les touches orangées, jaunes, à partir du tapis, du meuble à gauche, le réveil sur la cheminée, et glisse le long des bras des personnages, atteint le guéridon et saute sur le mur central. Trois mouvements circulaires s'exposent, à partir du centre du tableau, le bras replié de la jeune femme, la jupe arrondie, le guéridon de forme semblable, faisant face au miroir ovale, tenu par la femme debout. Le ton évanescent des robes roses est suggéré par les roses du bouquet. Le tapis ocre rouge, à droite du tableau, porte les signes géométriques, comme ceux d'une flore stylisée, s'harmonisant avec les panneaux du paravent, dont la tonalité véridien domine. Les arabesques se déploient dans le champ pictural en un mouvement libre, souple : cercles, croix, points, ligne sinusoïdale. La profusion des motifs présente une analogie avec les symboles hennétials ; c'est dans une semblable anarchie que naît l'intensité du graphisme du henné. De cet univers coloré, formel, poind l'art contemporain.

Zorah, la petite mulâtresse: Cette oeuvre présente une femme assise en tailleur ; les couleurs chaudes du vêtement, se déclinent en une gamme de couleurs. Cerné de noir, le personnage se détachant du fond où dominent le bleu et le rouge, est valorisé par le trait et les ombres du vêtement. Un tissu tendu en fond, comporte les signes, que l'on retrouve, imprimés sur le caftan et sur la ceinture, où les motifs sont accentués. Matisse a utilisé des signes employés dans l'artisanat de la société marocaine, et les a introduits dans des oeuvres majeures, ouvrant la voie à la peinture contemporaine. Il a traduit en modernité la tradition, tout en respectant le cadre originel dans lequel le travail du henné s'élabore. Ce travail est aussi le lieu, où le dit et le non-dit sont l'expression d'une tradition ancestrale. L'oeuvre de Matisse représente la jonction entre deux expressions artistiques de cultures différentes, permettant à de nombreux artistes marocains de réaliser l'art traditionnel dans l'espace artistique de la contemporanéïté.

Source: http://www.maroc.net/ghis/Henne/art.html

D'autres Photos:  http://www.kenzi.com/HENNA/IMAGES/

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22 septembre 2005 4 22 /09 /septembre /2005 00:00
 
Rites et magie du henné

Art éphémère, le henné a un double langage, celui de la séduction et celui de la magie à travers les rituels. Sa pratique fascine et enchante notre société, c'est un des piliers nécessaire dans la vie traditionnelle. Il rassure, protège et peut aussi détruire en alternance, lorsque exceptionnellement, il s'agit de magie noire.Comme l'exprime Vonderheyden 1: Le henné, engendre une foule d'usages où interviennent magie, tradition, religion et coutumes. Le henné témoigne d'un lointain passé qui nous parvient par des signes, des symboles ; par ces moyens, une culture s'authentifie et l'histoire se perpétue.

Le henné est peuplé de légendes qui transforment tout en histoires fantastiques, ces croyances perpétuent la mémoire d'une culture. Une légende fait mention, que les femmes avant d'aller au bain maure, pour se purifier au henné, invoquaient la reine des bains maures Ialla Rekia bent elhamar ; elles lui offraient des ménaras avec sept mèches allumées, brûlant des parfums, afin de la réjouir et de recueillir ses faveurs. Ces croyances sont bien ancrées dans la vie quotidienne sous toutes les formes. Une autre légende relate que le lézard vert est une nouvelle mariée ; en effet, une jeune femme nouvellement mariée, revenant du bain, parée, le henné aux mains et aux pieds, trouva son mari qui la trompait avec sa soeur. Dans sa douleur, elle demanda à Dieu de la métamorphoser pour ne point voir son malheur; elle fut aussitôt transformée en lézard aux belles couleurs.

RITES ET COUTUMES

Le henné, support de la tradition à travers de la modernité, ou comment sauvegarder le rituel.

a) Le henné de la mariée

La mariée est coiffée le jour du mariage par une femme heureuse, n'ayant pas de rivale. Après avoir reçu une application de henné, les cheveux sont tressés, enserrés dans un anneau d'argent, symbole de la pureté. La hennayat casse un oeuf sur sa tête, symbole de la fécondité, en nouant les cheveux, elle y introduit deux dattes enduites de miel, symbole du bonheur.

Les plateaux garnis, où trônait la plante de henné en maîtresse inconditionnelle, étaient apportés, avec d'autres cadeaux, à la famille de la mariée.

b) Rite à la naissance et au baptême : circoncision

La cérémonie du henné se perpétue dans la coutume de la circoncision. La mère du petit circoncis tresse ses cheveux enduits de henné et les attache avec un bracelet et une loubana, contre le mauvais oeil.

Elle sera protégée en recevant une pièce en argent et une bourse de harmel. A la naissance, les femmes perpétuent un rituel magique qui protégera la mère et l'enfant. Les ingrédients utilisés pour ce rituel sont les poudres composées de henné et de harmel qui accompagnent l'enfant jusqu'au quarantième jour. Lorsque le nouveau né apparaît, on dépose sur le cordon lié, un baume composé de farine et de henné afin qu'il soit riche et bon. Après l'avoir purifié on le roule dans la poudre de henné. Le jour de la pose du henné est sacré, c'est une bénédiction divine, il prélude au rite de la circoncision.

Il semble, qu'actuellement, cette cérémonie revêt moins d'importance dans les jeunes générations ; cependant les coutumes se perpétuent selon un syncrétisme à d'autres traditions exogènes. Désormais, l'utilisation du henné demeure pour l'embellissement nuptial, pour le baptême et pour la circoncision.

Les hennayats pratiquent traditionnellement les rites, bien que le sens des symboles demeure parfois obscur.

APPORTS DU HENNE

Le savoir-faire des hennayats modernes s'est adapté à la demande des jeunes générations ; elles présentent un catalogue de photographies, où chaque femme peut choisir le graphisme. De ce fait, le henné en perdant en partie son symbolisme, devient une mosaïque graphique qui ne délivre pas le message authentique d'amour et de tendresse d'antan.

a) Domaine matériel : petits métiers

Les hennayats s'organisent en corporations avec les négafates 2, ainsi furent créés les petits métiers à but lucratif.

Ces petits métiers sont exercés dans les marchés. Le henné est présenté sous toutes les formes d'usage : en feuilles séchées, pilées, ajoutées à d'autres aromates, tel le clou de girofle, le henné pour les applications sur les cheveux, le henné pour la peau. Simultanément d'autres produits naturels sont proposés aux clientes, telles les écorces de noyer, pour avoir de belles dents etc...

Les vendeuses, brunies par le soleil, sont toujours cantonnées à côté d'une kissariat 3. La kissariat comporte des herboristeries où se vendent les plantes bénéfiques, les potions magiques, les épices, les amulettes divinatoires etc... Tout est là, pour que le respect des rites, des offrandes et des sacrifices soit observé.

b) Domaine religieux : Les confréries

Les Gnaouas et les Darquawas utilisent le henné abondamment pour se teindre leur barbe. Les Aissaouas célèbrent la nuit du henné le premier jeudi du mois, jour correspondant à la naissance du prophète. Ces confréries animant plusieurs pèlerinages, produisent un spectacle de transes, en rappel des rituels ancestraux.

Les Chorfas sont les descendants des saints et les gardiens des lieux. Ils dispensent des soins dans un espace sacré, ils ont la responsabilité de prodiguer la protection divine à toutes les personnes qui viennent à eux. Ils sont craints car ils possèdent des pouvoirs surnaturels, ils détiennent les clés et sont propriétaires du lieu saint.

Les Chérifates sont spécialisés dans l'art de soigner et d'apporter une solution aux problèmes féminins, tant au point de vue du corps que de l'esprit. Avec le support du henné, comme amulette, ils apportent la protection aux consultantes.

LES SYMBOLES

Etant donné la place importante qu'occupe le henné dans la vie quotidienne de chacun, il est nécessaire de donner l'explication des principaux idéogrammes qui contribuent à exprimer la voie spirituelle de la culture d'un pays en marche.

Khamsa 4 à grenouille

Un tabou pèse sur la grenouille, dans les villes elle inspire la crainte, à la campagne, la grenouille a un sens positif, elle est liée à la femme, en état de grossesse. Elle occupe une place magique dans les contes populaires.

Khamsa à balance

Image abstraite d'un personnage ayant ses mains sous les plateaux d'une balance, dieu peseur d'âmes.

Khamsa à quatre étoiles

C'est une composition très suggestive, qu'il est prudent de ne pas décrire mais, plutôt citer Paul Valéry : Les formes sont fécondes en idées.

Khamsa phallique

Le geste du pouce dressé a une connotation sexuelle. Utilisé symboliquement dans les gravures rupestres, il est associé au sexe masculin. Souvent figuré sur les stèles funéraires à Carthage, il est associé au signe de Tanit, tout en étant symbole de fécondité et d'abondance, à cause de ses innombrables oeufs. Il est significatif de l'eau en tant que source de vie.

Le nombre cinq

Symbole de l'élan vital, de la libido, il représente la main, en tant que symbole, par excellence, de l'activité créatrice de l'homme. Sous forme de croix, il siège au pied comme étant le symbole de l'union fécondatrice de l'homme avec la terre. Le 5 est présenté comme l'union de Soi dans l'espace ou dans le temps. La vie dans le monde existe grâce à un orage fondateur qui n'affecte en rien l'Unité qui est l'éternelle présence.

Sargho

Il symbolise l'accouchement par la figuration du cordon ombilical.

La forme du bélier

Ce symbole évoque le culte du bélier célébré dans les temps anciens. La métamorphose du signe évoque le serpent, le poisson qui symbolisent un véritable langage.

L'oiseau

Symbole de fécondité et de naissance. Ait seghrouchen talsint

L'image féminine évoque, dans son sein un orage fécondateur : pluie, éclairs perçant le puits, symbole du sexe féminin. Cette métaphore est considérée comme étant l'expression de la plus profonde intuition et de la pensée supérieure des populations.

La spirale

La spirale symbolise l'harmonie ; elle exprime le devenir et l'éternel retour. Elle est liée à l'ensemble lune, eau, fécondité, sexe féminin. Elle contient l'ensemble des valeurs féminines trop longtemps négligées dans les sociétés patriarcales. La composition du graphisme a pour effet de créer l'harmonie.

Le trait vertical

Cette lettre se prononce En ou Anou 5, symbolise le souffle de Dieu, source primordiale de la vie. Le trait représenterait un éperon planté en terre, premier objet que les hommes ont adoré dans les temps anciens.

Deux traits

Ce deuxième signe est nommé Ila, Dieu suprême, maître omniprésent des Numides. Les deux traits symbolisent le dualisme qui anime chaque être ; le bien et le mal, le beau et le laid etc...

Le croissant lunaire

Il se prononce Iemme ; tracé rectiligne du croissant, il est la matière qui naît, grandit et meurt.

Le carré

Le carré est l'extension du croissant lunaire. Il se prononce Ieru, Dieu des Libyens qui n'offraient des sacrifices qu'à la lune.

Le point au milieu du carré

L'extension du point dans un carré est la manifestation éclatante des rayons solaires. Il se prononce Less, le dieu soleil chez les Berbères.

Le 3 à l'envers

se prononce i, c'est un signe fort, éclatant, il frappe à tout moment l'homme frêle, sans donner le moindre indice préalable.

Le signe +

Se prononce lette, symbolise l'étoile la plus brillante, perdue dans le firmament, elle est l'unique oeil de Dieu et le phare qui permet à l'homme de s'orienter. Ce huitième signe symbolise la porte originelle ; c'est le iedd des Numides, déesse nourricière.

La croix

L'idéogramme représente les deux bras ou les deux jambes et signifie l'activité supra-humaine ; il se prononce g ou k.

Deux carrés superposés

L'idéogramme représente la malédiction et serait l'envoi de Dieu pour punir et détruire le méchant.

Ces symboles traduisent l'inconscient collectif où sont enfouis l'angoisse, le désir, le non-dit. A la faveur de l'art plastique, les artistes cherchent, à travers leur quête de l'absolu, à faire émerger des ténèbres, la lumière révélant l'essence divine et leur propre identité. Les symboles dessinés au henné ont une résonance en chaque être et un impact certain dans la société islamisée.

Graphisme zoomorphes

Certains animaux représentés dans l'art traditionnel sont porteurs de sens. Ils apparaissent sur les poteries, les broderies, les tapis et les bijoux.

La hennayat les dessine en leur donnant un caractère réaliste, associés à un graphisme géométrique où s'intercalent des végétaux. Les animaux réputés dangereux, paraissent inoffensifs.

Le serpent

Le serpent est assimilé au phallus, il symbolise la libido et la fécondité. Sa représentation est soit figurative, soit abstraite.

Le lézard

Le lézard est représenté dans une attitude de somnolence. Grimpant sur les hauteurs pour recevoir les bienfaits du soleil, il symbolise l'âme en recherche de lumière.

Le poisson

La représentation sur l'objet signifie l'abondance, la fécondité, la sérénité.

Deux poissons

Ce dessin symbolise l'union féconde du couple, il est fréquemment employé dans les pratiques populaires.

Ces allégories sont schématisées comme les dessins d'enfants. La représentation anthropomorphique est le plus souvent limitée à l'oeil et à la main, largement diffusée jusque dans les demeures. La main est amplement représentée dans les bijoux, elle est sensée protéger contre le mauvais oeil. L'oeil est stylisé, parfois figuré comme un losange, il est bénéfique au même titre que la main.

L'être humain, dans la société marocaine, éprouve le besoin de personnaliser les objets de la vie courante, et de marquer son appartenance en portant une peinture corporelle, ainsi qu'à s'embellir à l'aide de la couleur au henné. Il le fait au moyen de :

Représentation géométrique

Le cercle, symbole de l'absolu.

Les rosaces

Les rosaces forment des triangles dont la pointe en haut symbolise le feu, la virilité ; la pointe en bas évoque l'eau et symbolise la féminité.

Le point

Le centre, l'origine, le foyer.

Succession de points

Poussée de l'intérieur vers l'extérieur.

Le chiffre 3

Le 3 est très utilisé, il correspond aux trilogies, telles : sagesse, force, beauté ; passé, présent, avenir ; naissance, maturité, mort, etc...

Le chiffre 5

Glorifie l'Islam ; symbolise l'union, l'harmonie. Elimine les mauvaises influences.

Le chiffre 7

Rassemble la totalité de l'univers en mouvement ; il correspond aux 7 jours de la semaine ; au 7 degrés de la perfection ; 7 cieux etc...

Après cette incursion dans le domaine artistique du henné, des sociétés traditionnelles du Maroc, depuis les temps anciens, nous observerons les métamorphoses dans l'art du henné, qu'en est-il aujourd'hui ? Quel sa place dans l'art contemporain ?

1 Vonderheyden Le henné chez les mulsumans d'Afrique du nord. Edition Hespéris Paris 1914.
2 Négafates, femmes qui s'occupent de la mariée le jour de ses noces, ainsi que des costumes d'apparât.
3 La kissariat est un centre commercial.
4 Khamsa : les doigt de la main.
5 Anou est une divinité numide, dont les montagnes en Berbérie portent le nom.

Source: http://www.maroc.net/ghis/Henne/tradit.html

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22 septembre 2005 4 22 /09 /septembre /2005 00:00
 
Préparations et recettes

Les feuilles de henné séchées sont réduites en poudre à laquelle on ajoute de l'eau de rose et de l'eau ordinaire, afin d'obtenir une pâte onctueuse . Les sommités fournissent une huile parfumée : l'huile vegétale naturelle..

Différentes utilisations du henné

Le henné est une plante qui fait partie de l'environnement traditionnel. Profondément ancré dans les us et coutumes, il tient une place de choix dans la vie quotidienne.

a) Usage domestique

Les femmes font un usage courant du henné pour teindre leurs cheveux, leurs mains et leurs pieds, et appliquent elles-mêmes la pâte. Pour des applications élaborées elles recourent aux femmes appelées hennayat, véritables artistes qui officient également pour les cérémonies Pose du henné. Il s'agit d'un apprentissage délicat transmis par la hennayat, de mère en fille, ou par compagnonnage.

La pâte de henné composée de feuilles séchées, pilées, auxquelles un ajout de jus de citron et d'eau chaude produisent une matière onctueuse, où la couleur peut être intensifiée en ajoutant d'autres ingrédients, dont le secret est bien gardé. Les hennayats dessinent sur les mains, sur les pieds, une belle calligraphie où foisonnent arabesques et symboles dont l'origine est secrète. Jadis, les hennayats utilisaient un bâtonnet effilé pour ébaucher de fines lignes, de subtiles croix, aujourd'hui elles utilisent des seringues de calibre différent, et avec une précision étonnante, elles tracent leurs dessins. Les pieds et les mains sont maintenus au dessus d'un kanoun 1, pendant le séchage. Avec un linge imbibé de jus de citron, d'ail, de poivre et de sucre, on tamponne légèrement, et le lendemain, on retire le henné avec de l'huile d'olive.

L'application du henné est souvent l'occasion d'une petite fête ; la cérémonie donne lieu à l'invitation de la famille, des amies et pendant l'élaboration de la pose, on offre le thé et parfois un repas. Les séances fort longues sont accompagnées selon la tradition, de chants, de poèmes, un réel plaisir berce les âmes. Malgré les nouvelles techniques, il est très difficile pour la femme actuelle de prévoir dans son planning, une séance qui dure des heures. Les femmes modernes sont exigeantes, et demandent un travail rapide et beau, elles ne peuvent se passer de henné, car c'est un atout de séduction, aussi dirigent-elles les opérations d'application, afin de concilier rapidité et travail parfait. Cette cérémonie est toujours un agréable moment dans la vie d'une femme.

Différentes sources témoignent que certains hommes ont eu recours au henné pour teindre leur barbe. Dans ces cas là, le henné est employé comme comestique, il embellit, nourrit et purifie la peau.

b) Rôle symbolique

Le henné est utilisé dans les différents rites qui régissent les traditions. Les hennayats qui fréquentent généralement les koubba 2, proposent une cérémonie de pose du henné pour accomplir le pèlerinage dans cet espace sacré qu'est la koubba. Dans ce cas, le henné est un lien spirituel, dans l'acte de foi. Lorsque ces visiteuses fréquentent ces lieux sacrés, elles sont pour la plupart désespérées et viennent chercher un réconfort, pensant que le marabout leur apportera un soutien moral.

Les Femmes, principales utilisatrices du henné se nourrissent de croyances populaires, elles y puisent la force et le courage d'affronter les vicissitudes du foyer conjugal. Le henné est un lien magique qui les protège, les aide et leur apporte le rêve.

Lorsque les hennayats procèdent à la pose du henné, décorent les mains et les pieds , ce sont des moments de joie intense ; le Saint patron des lieux pourra en être touché jusqu'à exhausser leurs profondes inspirations.

Ces croyances perdurent jusqu'à nos jours ; elles vivent par l'intermédiaire des femmes qui ont toujours les mêmes souhaits, les mêmes craintes.

Différents témoignages prouvent que quelques hommes viennent trouver refuge dans cet espace sacré. Blessés, meurtris, ils trouvent réconfort auprès du marabout.

C'est dans ce seul espace sacré, que les hommes et les femmes peuvent cohabiter, sans qu'il y ait le tabou de l'interdit. A la koubba, ils oublient leur différence et ils pensent seulement à soigner leur âme.

Le henné, signe de foi

Les femmes en particulier, ont différentes raisons de se protéger contre le mauvais oeil, la vengeance etc... pour cela, elles font des offrandes de protection. Elles déposent une assiette contenant le harmel 3, l'alun et le sel auprès du bon génie secourable.

Pour se protéger des mauvaises influences de la foule Nass el kanoun, elles jettent du harmel au devant de leurs pas et par dessus leurs épaules en prononçant ces mots : bismi Allah, au nom de Dieu, ainsi le mauvais sort est conjuré.

Offrande contre le mauvais oeil. Le rituel consiste à retirer le henné appliqué sur la tête, et à le modeler en sept petites boules qui sont jetées dans le caniveau, en disant : une tâche de henné dans le creux de la main droite est particulièrement efficace contre le mauvais oeil. Au IIIème siècle, Héliodore d'Emse, écrivain grec, raconta que lorsque quelqu'un regardait d'envie les belles choses, l'air ambiant se chargeait de malignité et son souffle nocif se répandait sur les voisins, d'où la nécessité de s'en protéger en portant un talisman.

Le henné est un élément utilisé avant toute cérémonie pratiquée dans les confréries religieuses. Il perpétue un rituel magique durant lequel, on invoque Dieu. Les offrandes composées d'éléments naturels sont jetées par terre (encens, lavande, coriandre etc.).

Rituel pour les jeunes filles à marier

Les jeunes filles qui ne se marient pas, suite au mauvais sort qu'on leur a jeté, se rendent au sanctuaire de Sidi Messaoud, à Marrakech. Après la toilette d'usage dans le sanctuaire, elles peignent leurs cheveux, teignent leurs mains, leurs pieds au henné. C'est au moment où le muezzin appelle à la prière, qu'elles se mettent toutes nues dans la koubba du saint et s'inondent d'eau du puits sacré. En quittant le lieu, elles laissent dans le sanctuaire, leur offrande, leur peigne et tout le mal dont elles étaient imprégnées.

Le deuil

Le henné n'est pas appliqué pendant la durée du deuil. Au septième ou au quarantième jour, le henné mis en pâte, circule dans l'assemblée, afin que l'on puisse le toucher, signe de l'autorisation à l'utiliser à nouveau.

Un autre interdit est imposé pendant la période de ramadan, car c'est le moment où l'être humain se purifie et renonce à tout apport étranger à son corps. En compensation, pendant le mois qui précède le ramadan, l'apport du henné est souhaitable, il est accompagné d'un véritable banquet sacrificiel, pour éloigner toute influence négative pour le jeûne à venir.

1 le kanoun est un braséro.
2 La koubba est un sanctuaire.
3
Le harmel est une graine sèchée et Le chebba utilisés contre le mauvais oeil.

Cérémonies

Le henné est une approche de séduction au moment du mariage. Cette cérémonie se déroule plusieurs jours avant le jour J. La future mariée reçoit un bain puis les hennayats peignent sur son corps des symboles de protection et de fécondité. Cette cérémonie de henné se déroule avec toutes les femmes de l'entourage.
La cérémonie de circoncision est accompagnée de celle du henné pour la mère du petit circoncis. Elle enduit ses cheveux de henné avant le rituel.

La femme moderne et le henné

Les hennayats se retrouvent en groupes dans les marchés. Elles proposent leurs services et leurs produits. Dans ce même espace, des vendeurs de plantes, d'herbes, d'épices et de potions se côtoient.
Le travail du henné est un véritable art qui perd de son symbolisme. Les femmes modernes ont un temps très limité à accorder à la pose du henné. Les hennayats proposent donc un catalogue et la cliente peut choisir le motif désiré parmi plusieurs représentations.
Le temps n'est plus aux invitations de cérémonies de henné où chants et poèmes se déclamaient sous les rires et la complicité des femmes, autour d'un verre de thé et des hennayats, artistes de cet art.

Les recettes du hénné

Pour les cheveux : temps de repos 1 heure maximum

- poudre de henné + eau tiède jusqu'à obtention d’une pâte lisse

Il est possible d’avoir d’autres teintes en mélangeant d’autres produits avec la poudre du henné :

Châtain foncé : poudre de henné + eau tiède + écorce de grenadine séchée et moulue

Châtain avec des reflets clairs : poudre de henné + eau tiède + un sachet de nescafé + 1 jaune d’œuf

Roux : poudre de henné + eau tiède + poudre rouge d’Aâkar el fassi (poudre rouge utilisée jadis et encore aujourd'hui dans les petits villages en tant que rouge à lèvres, fard à joue et aussi pour d'autres utilisations ainsi que le henné)

Eclaircissement de la couleur de cheveux : poudre de henné + eau tiède + fleurs de camomille séchées et moulues

IMPORTANT :

Ces recettes sont destinées aux personnes qui ont des cheveux gras. Les personnes ayant des cheveux secs ou normaux doivent ajouter de l’huile d’olive ou d’argane.

Ces recettes sont valables pour des cheveux assez foncés (entre châtain foncé et clair) ; pour les cheveux blonds, la couleur obtenue après l’application du henné est le roux.

Pour le corps : temps de repos 10 minutes

Le henné est utilisé surtout dans le hammam (bain maure). Après le bain, la pâte de hené mélangée avec de la lavande en poudre de préférence ou du jus de citron est appliquée sur tout le corps.

Résultat : douceur et propreté de la peau.

Pour les mains et les pieds ou le tatouage : temps de repos 2 heures à 5 heures

Au Maroc, il existe plusieurs recettes pour préparer le henné destiné aux mains, aux pieds ou à un tatouage :

poudre de henné + eau + l’huile d’olive

poudre de henné + eau + l’huile d’olive + sucre

poudre de henné + eau + l’huile d’olive + sucre + clou de girofle

poudre de henné mélangée avec de l’eau dans laquelle l’on a fait préalablement fait bouillir des quartiers de citrons avec du sucre pendant 15 à 20 min.

Une fois que la poudre de henné est tamisée avec un tissu en nylon pour obtenir une poudre plus fine, elle est mélangée aux autres produits jusqu’à obtention d’une pâte lisse, et pour être sûr de la pâte, il vaut mieux la passer dans un bas en nylon très fin pour qu’elle soit très lisse pour que son passage dans la seringue soit facile et pratique.

Le henné est appliqué sur une peau propre avec une seringue pour obtenir des traits très fins. Une fois l’application terminé, il faut sécher les mains ou les pieds sur le kanoun ( brasero ). Si vous vous êtes fait un tatouage sur le bras ou le dos vous pouvez utiliser un séchoir, c’est plus pratique. Vous laissez environ 4 à 5 heures si vous pouvez sinon 1 heure suffira, tout en arrosant de temps en temps avec ce mélange : jus de citron + sucre + poudre de clous de girofle + une gousse d’ail écrasée.

Retirer ensuite avec de l’huile d’olive avec un morceau de tissu. Il est préférable de ne pas touché l’eau dans les 24 heures qui viennent.

N.B. Il est strictement interdit d’appliquer le hénné sur les lèvres, les yeux ou même au contour des yeux.

source: http://www.dromadaire.com/hennemarrakech/henne

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21 septembre 2005 3 21 /09 /septembre /2005 00:00
Le henné à un double langage, celui de la séduction et de la magie à travers les différents rituels. Sa pratique fascine, enchante notre société depuis la nuit des temps. Il fait partie intégrante de la vie traditionnelle...

Historique :

Le henné serait originaire d’une région allant du sud de l’Iran et de Mésopotamie au Bélouchistan. Il aurait suivi la migration des peuples ; il serait arrivé dès l’Antiquité en Inde du nord, puis vers l’ouest de la Syrie et terminé en Egypte. En effet, les Egyptiens anciens le connaissait, comme en témoigne la momie de Ramsès II dont les mains et les pieds en étaient couvert. Durant cette période le henné était apprécié plus particulièrement pour ses propriétés odorantes, et pour ses valeurs médicinales.

L’utilisation du henné est donc très ancienne, même s’il est associé le plus souvent à l’Islam de nos jours. Le rituel qui a le plus de valeur symbolique reste celui de « la nuit du henné » consacré à la cérémonie du mariage. Le henné est l’un des arbres du paradis pour l’ensemble du monde musulman. Cette plante se récolte dès qu’elle arrive à maturité. On ne la coupe pas, on l’effeuille, puis on le fait sécher à l’abri du vent et à l’ombre ; le soleil lui ferait perdre toute sa puissance. Actuellement, il est l’objet de tractations commerciales importantes entre les oasis productrices.

Attributs :

Le henné à un double langage, celui de la séduction et de la magie à travers les différents rituels. Sa pratique fascine, enchante notre société depuis la nuit des temps. Il fait partie intégrante de la vie traditionnelle. On peut exceptionnellement lui prêter un rôle obscur dans le domaine de la magie noire. Le henné est peuplé de légendes qui transforment tout en histoires fantastiques, ces croyances perpétuent la mémoire d’une culture. Mais, sa principale vertu est de protéger l’individu, de former un rempart entre le corps qui en est enduit et ces éléments extérieurs nuisibles que sont les démons, le mauvais œil ou la maladie. Le henné sert aussi de parure, et embellit celle qui le porte, de ce fait il accroît la séduction féminine et risque d’attirer le mauvais œil.

Les femmes principales utilisatrices du henné se nourrissent de croyances populaires, elles y puisent la force et le courage d’affronter les vicissitudes du foyer conjugal. Le henné est un lien magique qui les protège, les aide et leur apporte le rêve. Les femmes en particulier, ont différentes raisons de se protéger contre le mauvais œil, la vengeance, la jalousie etc..

Pour ce protéger elles font des offrandes de protection en déposant dans une assiette du « harmel* » (graine séchée utilisée contre le mauvais œil), l’Alun (pierre qui protège) et le sel auprès du bon génie secourable.

Contre les mauvaises influences de la foule Nass el kanoun, elles jettent du « harmel* » au devant de leurs pas et par dessus leurs épaules en pronon9ant ces mots : « Bismi Allah ( Au nom de dieu), ainsi le mauvais sort est conjuré.

Rites et Coutumes :

Il existe de nombreux rites associés au Henné.

– le rite du mariage :

La mariée est coiffée la jour du mariage par une femme heureuse, n’ayant pas de rivale. Après avoir reçu une application de Henné, les cheveux sont tressés, enserrés dans un anneau d’argent, symbole de pureté. La Hennayat casse un œuf sur sa tête, symbole de la fécondité, en nouant les cheveux, elle y introduit deux dattes enduites de miel, symbole du bonheur.

– le rite à la naissance et au baptême : circoncision :

La mère du petit circoncis tresse ses cheveux enduits de Henné et les attache avec un bracelet et une loubana, contre le mauvais œil. Elle sera protégée en recevant une pièce en argent et une bourse de harmel. A la naissance, les femmes perpétuent un rituel magique qui protègera la mère et l’enfant. Les ingrédients utilisés pour ce rituel sont les poudres composées de Henné et de harmel* qui accompagnent l’enfant jusqu’au quarantième jour. Lorsque le nouveau né apparaît, on dépose sur le cordon lié, un baume composé de farine et de Henné afin qu’il soit riche et bon. Après l’avoir purifié on le roule dans la poudre de henné. Le jour de la pose du henné est sacré, c’est une bénédiction divine, il prélude au rite de la circoncision.

Même si aujourd’hui, cette cérémonie revêt moins d’importance auprès des jeunes générations ; les coutumes perdurent et le henné garde une place de choix pour les rituels du mariage, du baptême et de la circoncision.

* le harmel est une graine séchée, utilisée contre le mauvais œil

Symboles :

– Le cercle, symbole de l'absolu.

– Les rosaces Les rosaces forment des triangles dont la pointe en haut symbolise le feu, la virilité ; la pointe en bas évoque l'eau et symbolise la féminité.

– Le point Le centre, l'origine, le foyer. Succession de points Poussée de l'intérieur vers l'extérieur.

– La spirale La spirale symbolise l'harmonie ; elle exprime le devenir et l'éternel retour. Elle est liée à l'ensemble lune, eau, fécondité, sexe féminin. Elle contient l'ensemble des valeurs féminines trop longtemps négligées dans les sociétés patriarcales. La composition du graphisme a pour effet de créer l'harmonie.

– Le trait vertical Cette lettre se prononce En ou Anou 5, symbolise le souffle de Dieu, source primordiale de la vie. Le trait représenterait un éperon planté en terre, premier objet que les hommes ont adoré dans les temps anciens.

– Deux traits Ce deuxième signe est nommé Ila, Dieu suprême, maître omniprésent des Numides. Les deux traits symbolisent le dualisme qui anime chaque être ; le bien et le mal, le beau et le laid etc...

– Le croissant lunaire Il se prononce Iemme ; tracé rectiligne du croissant, il est la matière qui naît, grandit et meurt.

– Le carré Le carré est l'extension du croissant lunaire. Il se prononce Ieru, Dieu des Libyens qui n'offraient des sacrifices qu'à la lune.

– Le point au milieu du carré L'extension du point dans un carré est la manifestation éclatante des rayons solaires. Il se prononce Less, le dieu soleil chez les Berbères.

– Le 3 à l'envers se prononce i, c'est un signe fort, éclatant, il frappe à tout moment l'homme frêle, sans donner le moindre indice préalable.

– Le signe + Se prononce lette, symbolise l'étoile la plus brillante, perdue dans le firmament, elle est l'unique oeil de Dieu et le phare qui permet à l'homme de s'orienter. Ce huitième signe symbolise la porte originelle ; c'est le iedd des Numides, déesse nourricière.

– La croix L'idéogramme représente les deux bras ou les deux jambes et signifie l'activité supra-humaine ; il se prononce g ou k.

– Deux carrés superposés L'idéogramme représente la malédiction et serait l'envoi de Dieu pour punir et détruire le méchant. Ces symboles traduisent l'inconscient collectif où sont enfouis l'angoisse, le désir, le non-dit. A la faveur de l'art plastique, les artistes cherchent, à travers leur quête de l'absolu, à faire émerger des ténèbres, la lumière révélant l'essence divine et leur propre identité. Les symboles dessinés au henné ont une résonance en chaque être et un impact certain dans la société islamisée.

L’APPROCHE SOINS ET BEAUTE DU HENNÉ

Le henné (Lawsonia Inermis ou Lawsonia ALBA) appartient à la famille des lythracées ; c'est un arbuste aux rameaux gris très clairs qui donne de jolies fleurs blanches au parfum agréable qui rappelle le réséda.

Le henné est extrait de ses feuilles après avoir été séchées et pulvérisées. Connue surtout comme colorant corporel et capillaire d'origine naturelle, sa renommée a grandi au cours des siècles. On a tendance à oublier trop souvent que le henné est aussi un antifongique, un antiseptique et un antisudoral. On le met non seulement sur les cheveux pour leur donner cette chaude coloration cuivrée, mais aussi sur la plante des pieds, la paume des mains, les ongles et parfois les lèvres. Les femmes orientales mélangent les feuilles séchées et réduites en poudre avec de l'eau chaude additionnée de jus de citron, de fleur d'oranger ou d’eau de rose, obtenant ainsi un pâte onctueuse et parfumée qu'elles s’appliquent.

Rappelons que le henné n'a pas pour but exclusif de "colorer" ; c'est aussi un excellent fortifiant pour les cheveux, le cuir chevelu, et la peau en général. Nous voulons parler bien sûr du "véritable henné naturel".

Nous vous le recommandons aussi pour les soins des pieds (voûte plantaire) été comme hiver, contre la transpiration, mais aussi pour faire respirer la peau, éviter les mycoses. On peut le confectionner comme une pâte en mettant de l'huile d'olive ou quelques gouttes d'huiles essentielles (sauge, citron, eucalyptus).

Proposé par Laurence TERRIER
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21 septembre 2005 3 21 /09 /septembre /2005 00:00
Un peu d’histoire:
Le tatouage est une pratique certainement aussi vieille que l’humanité, comme en attestent les peintures rupestres du Tassili, et qui montrent des femmes tatouées sur le thorax. Le mot tire son origine du tahitien « ta-tu » qui dérive lui-même de l’expression « ta-atouas », composée de « ta » (dessin) et « atouas » (esprit). En effet, les indigènes marquaient ainsi leur corps afin de se concilier les grâces, la protection et les faveurs de leur esprit. La pratique du tatouage, qui remonte aux temps préhistoriques, représente une forme de décoration permanente qui est une façon d’exprimer son individualité et son identité. Difficile de dire avec certitude où et quand le tatouage est né, en tout cas pas en Chine comme le veut une légende tenace ; la légende hindoue de Cyrrohée et Bantas en fait mention. Il existe une preuve et une attestation beaucoup plus scientifiques et irréfutables par la découverte en Egypte de la momie d’une prêtresse d’Hator datant de la XIe dynastie (2200 av. J.-C.) qui présente des marques de tatouage sur le corps. Les tatouages en couleur se développèrent fortement chez les Maoris de Nouvelle-Zélande et furent pendant un temps une forme d’ornement prisée en Chine, en Inde et au Japon. On pensait que les tatouages offraient une protection contre la malchance ou la maladie. Ils servaient aussi à identifier le statut, ou le rang, ou l’appartenance à un groupe. Leur utilisation la plus courante était, cependant, une forme de décoration.

Zineb Merzouk

Source: http://www.elwatan.com/2005-08-27/2005-08-27-25158
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17 septembre 2005 6 17 /09 /septembre /2005 00:00

Femmes rurales amazighes et développement

Par: Anaruz SAADANI (KHENIFRA)



Introduction
:

La question de la femme revêt de nos jours une importance cardinale dans les préoccupations fondamentales des sociétés. L’intérêt qu’on y porte trouve sa justification dans la nécessité de prendre  en considération ses spécificités dans  les enjeux de développement.

La présente étude porte particulièrement sur les femmes amazighes qui vivent dans le milieu rural et mènent  une existence de marginalité. L’objectif que nous avons tracé est de porter un éclairage sur la situation  de ces femmes en essayant de déterminer les contours de leur existence, c’est ce que nous allons voir dans le premier axe. Pour le deuxième axe, nous nous intéressons aux différents modes d’interactions entre les femmes rurales amazighes et l’environnement. Quant au dernier, nous allons traiter la question cruciale portant sur la femme rurale amazighe et le développement.

I- la situation de la femme dans le milieu rural:

1- aspects statistiques:

En 1960, les femmes rurales représentaient 70.4% de l’ensemble des femmes marocaines. Ce pourcentage est continuellement en baisse, il se situait à 64.2% et 57.4% respectivement  en 1971 et 1982. En 1994, elles ne représentent que 50,3% à cause de l’exode rural qui touchait plus les femmes que les hommes dans certaines régions.

La première caractéristique qui distingue la population féminine  rurale est son extrême jeunesse: 44,3% des femmes rurales sont âgées de moins de 15 ans contre 37,4% en milieu urbain. La jeunesse de la population rurale trouve d’abord son explication dans le niveau de fécondité encore élevé.

En 1991, le taux de féminisation de la population active est de 39,1%. la femme rurale active est celle qui exerce une activité rémunérée hors de son foyer (activité agricole ou non agricole), ou exécute des tâches relevant de l’exploitation familiale, ou encore s’adonne à des travaux à domicile.

2- les conditions de la vie:

la situation de la femme rurale amazighe dépend de type de communauté à laquelle elle appartient: petite, peuplée ou isolée. Elle dépend également de plusieurs facteurs: accès aux services sociaux, le niveau de formation, le poids des traditions, l’age….

Les femmes rurales sont reléguées aux espaces domestiques. Ce qui les empêche d’accéder à la sphère sociale et politique. Elles sont également confrontées à des problèmes cruciaux pour accéder aux besoins élémentaires et indispensables pour l’amélioration de leur condition et celle de leur famille.

a- la santé: On peut définir le concept de santé comme l’état de bien-être physique, mental et social. Il est déterminé par plusieurs facteurs: l’entourage, l’habitat, l’alimentation, le temps libre, les relations sociales, l’autonomie, le travail…

Dans le milieu rural, vu la médiocrité de l’habitat de l’alimentation, le surcharge de travail, et vu l’état de délabrement des structures sanitaires et l’insuffisance du personnel en qualité et en quantité, le sous-équipement des dispensaires –«un dispensaire rural pour 19925 habitat»(1) - la santé n’est que luxe et leurre. Et ce sont les femmes qui sont le plus touchées par ce manque vu leurs conditions difficiles et leur vulnérabilité durant le grossesse et l’accouchement.

De ce manque de soins résulte une espérance  de vie ne dépassant pas 63 ans, un taux de mortalité plus élevé.

b- l’habitat: En milieu rural, les logements sont généralement construits en pisé et manquent d’équipements nécessaires. «6% de foyers ruraux sont raccordées au réseau public d’alimentation en eau potable, 12% disposent de l’électricité et 2 ménages sur 3 ne disposent pas d’égouts ou de fosses sceptiques pour l’évacuation des eaux usées».

c- l’éducation: 87% de femmes rurales sont analphabètes en 1991 contre 49% d’urbaines. Le taux de fréquentation scolaire est de 28%. Les chances de scolarisation des filles sont moindres, et même lorsque la fille est scolarisée, elle dépasse rarement le niveau du primaire pour ensuite abandonner.

La famille reste pour les jeunes filles rurales, en l’absence de centres professionnels, un lieu privilégié d’apprentissage. Cette situation qui ne peu assurer qu’un savoir-faire rudimentaire, n’a pas la possibilité de garantir une qualification professionnelle à la jeune fille.

d- les activités: les femmes rurales amazighes sont impliquées dans le processus de production agraire et pastorale qui constitue la pièce maîtresse de la vie rurale. En effet la participation de la femme rurale à l’activité économique est plus importante en comparaison avec la femme urbaine.

Elle prend en charge plusieurs tâches au quotidien. En plus des tâches domestiques: nourriture, logement, habits, éducation et entretien des enfants, la femme rurale amazighe réalise d’importantes activités économiques telles que la culture de subsistance, la production de bien et de services, soit pour la consommation de la famille, soit pour le marché (le tissage…). Les femmes rurales travaillent dans les champs, s’occupent du bétail et de la volaille, approvisionnent le ménage en eau et en bois, transportent les ordures et le fumier. «le travail constitue l’élément principal dans la pièce d’identité de la femme rurale»(2). le contexte socio-culturel rural impose à la femme une vie surchargée de travail. Il est à signaler que les femme rurales amazighes sont au centre de la vie symbolique de la communauté: rituels religieux, cérémonies de mariage, fêtes maraboutiques ou agraires.

Dans toutes les situations de la vie, la femme amazighe estime qu’elle remplit un devoir conjugal, maternel, familial et communautaire qui n’appelle pas forcément à des droits et encore moins à une reconnaissance.

Ce travail impose à la femme une charge physique, mentale et émotionnelle et l’empêche d’accéder à la participation sociale et limite les possibilités de son propre épanouissement.

II- femmes rurales amazighes et environnement:

L’impact de la femme et ses diverses activités sur l’environnement est négligé et son effet semble difficile à cerner avec précision. Certains particularités liées à la consommation des ressources naturelles (eau, bois) sont inhérentes à des tâches spécifiquement exécutées par elle. L’approvisionnement de foyer en eau et en combustible reste en général à la charge de la femme. le combustible reste  la principale énergie domestique et le ramasser dans la foret demeure la solution la plus simple et la moins coûteuse. Foyer à bois, four à pain sont retrouvés dans la quasi-totalité des familles rurales. Ils dégagent des fumées non sans conséquence sur la santé des femmes.

La femme amazighe joue un rôle important dans le processus de la dégradation de l’environnement. Car l’exploitation abusive de l’espace forestier conduit à la déforestation et au déboisement.

Étant donné que la diversité des modes quotidiens d’interaction des femmes avec l’environnement, elles subissent le plus directement l’effet de sa dégradation:

-la déforestation oblige les femmes à passer plus de temps à la recherche de bois de feu. Les distances parcourues sont de plus en plus grandes, il s’ensuit des avortements, des mortalités infantiles, une faible scolarité des filles, une déperdition scolaire plus forte. La dégradation des écosystèmes provoque un déséquilibre entre la disponibilité en ressources  la population en croissance, ce qui se traduit par l’immigration d’une partie de la population vers des grands centres urbains.

-l’érosion des sols, la pénurie d’eau limitent la productivité des potagers familiaux. Ce qui a un impact direct sur la vie économique des familles.

-les produits chimiques, en polluant l’atmosphère, l’eau et la terre exposent les femmes à toutes sortes de risques de santé. Selon le rapport de la FNUAP de 2001, le nombre élevé  de cas de mortinatalité et de fosses couches, dans un village en chine a été attribué aux rejets d’une usine d’engrais gérée par l’Etat.

III- femmes rurales amazighes et développement:

Comment promouvoir le développement, mettre fin à la pauvreté et améliorer les conditions de vie des femmes rurales?

 Le développement suppose que le mode d’existence des individus s’améliore, souvent par leurs propres efforts. Dans le milieu rural, les rendements agricoles et la qualité de vie dépendent de l’interaction complexe des conditions ambiantes, de l’accessibilité des technologies, de l’organisation  sociale et des choix faits concernant l’utilisation des sols.

La conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994 a établi un lien entre la protection de l’environnement, la prise de décisions individuelles et la défense des droits de l’homme, notamment l’égalité entre les sexes et le droit à la santé en matière de reproduction. Parvenir à l’égalité des hommes et des femmes et garantir le droit à la santé en matière de reproduction y compris le droit de choisir le nombre des enfants et l’espacement de leur naissance aidera à améliorer la  situation de la femme rurale amazighe. D’où la nécessité d’introduire des infrastructures appropriées pour couvrir ces besoins croissants.

En dépit de la lourde responsabilité qui incombe aux femmes rurales amazighes - elles gèrent d’une manière habituelle les vivres, l’eau, le combustible et autres ressources du ménage - les lois et les coutumes locales leur refusent le droit de participation dans la vie sociale et  la prise de décision.

Le développement doit passer par la promotion des droits de la femme rurale amazighe et la réhabilitation de son statut social en la faisant participer aux prises de décisions.

On sait également qu’en assurant un encadrement technique et une formation scientifique et en améliorant son éducation tout en respectant ses connaissances locales, on en retiendrait à coup sur des bénéfices économiques et sociaux très importants. Cela pourrait amener au «ralentissement de la croissance démographique […] [qui] apparaît atténuer la pression humaine sur l’environnement»(3). Il permettrait de perfectionner et de mettre en oeuvre un processus de production écologiquement plus viable, de profiter de l’assistance technique et réduire la pauvreté.

Il est à noter que les projets  et les actions menés dans le milieu rural ne prennent pas en considération le contexte socioculturel des femmes et les privent de leur statuts d’acteurs sociaux, et les empêchant ainsi d’accéder aux ressources stratégique.

L’intégration effective de la femme rurale amazighe doit commencer par la reconnaissance de son rôle et ses contributions et son implication à tous les projets de développement.

Conclusion:

Le dénigrement  du statut de la femme rurale amazighe, située au carrefour des antagonismes sociaux, demeure un obstacle sur lequel butte toute tentative de développement. Quoiqu’elle joue un rôle important sur l’échiquier économique et assure la reproduction physique, sociale et culturelle de la communauté, son statut est marginalisé surtout en matière de prise de décision. Cette exclusion se manifeste à travers sa subordination à l’homme et sa privation de ses droits élémentaires et laissent apparaître les symptômes d’une société déséquilibrée.

Le développement durable comme horizon de dépassement de la situation de malaise sociale et de la crise économique exige d’établir  un lien entre la protection de l’environnement et la promotion des droits de la femme rurale amazighe y compris les droits culturels qui feront l’objet d’une étude dans les jours qui viennent.

Notes:

1- A. BOUDAHRAIN, Les droits économiques, sociaux et culturels en équation au Maroc, éd, AL Madariss, 1999, P.158.

2- femmes rurales, ouvrage collectif,ed le fennec, P.61

3- l’état de la population mondiale 2001, FNUAP, 2001

Source: tawiza.net.

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17 septembre 2005 6 17 /09 /septembre /2005 00:00
Femme amazighe, agressée dans sa féminité et son amazighité
 
La journée du 8 Mars est devenue officiellement Journée internationale de la femme en août 1910 à Copenhague.
mercredi 9 mars 2005.

Plusieurs décennies après, la vision, le discours et les activités féministes ont évolué avec les femmes de toutes les sociétés ; mais l’objectif est demeuré le même : l’obtention par les femmes de leurs droits légitimes.

Pour la femme amazighe, cette journée est bien sûr une occasion pour faire entendre sa voix au côté de ses sœurs de toutes les races et de toutes les cultures... Mais c’est aussi un moment douloureux qui nous permet de faire le point et de nous apercevoir que la condition de la femme au Maroc n’a pas subi beaucoup de changement. Elle continue à être victime d’injustices et de violences de la part d’une société qui est particulièrement sexiste, où les hommes sont considérés comme supérieurs aux femmes. La moudawana (loi musulmane marocaine), même soi-disant réformée, est là pour consacrer l’inégalité de l’homme et de la femme bien que paradoxalement, le Maroc ait ratifié en 1993 la convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Mais cette discrimination juridique n’est que l’aspect visible de cet apartheid masculin.

Si on fait l’état des lieux aujourd’hui, on s’aperçoit que la femme marocaine n’est ni respectée ni considérée comme un être humain à part entière. Elle se fait agresser tous les jours : verbalement, physiquement, symboliquement, psychiquement, juridiquement... La femme amazighe qui a dans nos anciennes coutumes était respectée comme femme et épouse, se retrouve aujourd’hui reléguée au stade de « mineure à vie »... Elle est devenue l’inférieure de l’homme, une sorte de demi-être humain.

Aujourd’hui comme hier, ici comme ailleurs (pays musulmans en particulier), ceux qui ne parviennent pas à admettre la légitimité des femmes à participer aux décisions à égalité avec les hommes utilisent la violence comme arme destinée à rendre toutes les femmes invisibles et muettes. Bien que les femmes aient investi la sphère publique jusque-là réservée aux hommes (entreprises, parlement, médias, milieux associatifs...), leur présence n’est cependant pas encore perçue comme légitime. Quolibets, insultes à connotation sexuelle, jugements moraux... agressent les femmes quotidiennement. Toute femme qui s’expose, qui s’affirme court le risque d’être traitée de « pute », si elle réussit. Toute femme visible est jugée sur son apparence et étiquetée. Contrairement à ce qu’on peut croire, l’urbanité n’a pas toujours contribué à une amélioration de la situation de la femme ; quelquefois, on assiste à une véritable régression due à plusieurs facteurs : perte des valeurs, éclatement des familles, intégrisme religieux...

Dans la tradition ancestrale amazighe, les femmes ont toujours inspiré le plus grand respect de la part de leurs collectivités. Elles participaient aux décisions touchant la famille, les droits du patrimoine et l’éducation. C’est à elles qu’est toujours revenu le droit de préserver les traditions culturelles de leurs peuples. Le travail des hommes et des femmes était nettement distinct, mais toujours reconnu d’égale valeur et dans certaines régions du Maroc, elles participaient activement aux décisions importantes prises par la communauté. Dans l’histoire ancienne, les femmes amazighes ont occupé une place importante et ont été quelquefois à la tête de royaumes (Dia dite la Kahler, Tito de l’Atlas...) et sont encore la fierté de notre peuple.

Mais aujourd’hui, ce qui fait la particularité de la femme amazighe, c’est qu’elle est doublement agressée : agressée dans sa féminité et agressée dans son amazighité. Non seulement elle est femme, l’inférieure de l’homme, mais amazighe, de culture dite « inférieure ». La culture amazighe étant considérée de fait par les panarabismes au pouvoir comme une culture « primitive », la difficulté pour la femme amazighe est double. Non seulement il lui faudra lutter pour arracher ses droits légitimes et matrimoniaux, mais il lui faudra aussi en tant que principale gardienne et trésorière de la culture amazighe lutter contre la culture dominante arabo-musulmane que le pouvoir en place encourage (arabisation à outrance, organisation d’une manifestation islamiste antiféministe en avril 2000). Par ailleurs, les femmes ne connaissent pas le peu de droits qu’elles ont et se retrouvent souvent impuissantes face à toutes sortes d’agressions masculines. Avec leurs enfants, elles sont les premières victimes des maladies infectieuses, leur santé, plus particulièrement dans les zones rurales, est terriblement menacée.

L’analphabétisme et l’ignorance sont le lot de la grande majorité d’entre elles, ce qui défavorise leur intégration dans la société. Lorsque, enfin, on les scolarise, elles se retrouvent face à deux langues étrangères (l’arabe et le français)... Ce qui entraîne la dévalorisation de leur langue et culture et cause souvent la perte des valeurs autochtones face à des valeurs importées du Moyen-Orient ou de l’Occident. Face à cette situation de double dominance (masculine et culturelle) ; comment faire pour conquérir sa liberté sans pour cela rompre avec sa culture d’origine ? Il s’agit d’engager un combat à la fois contre une domination masculine qui relègue les femmes à un rang inférieur mais aussi de mener un combat contre la domination culturelle arabo-islamique soutenue par le pouvoir en place.

Pour nous, associations amazighes, la question féminine est au centre de nos préoccupations. La femme est le pilier de la famille et de la société. Il faut agir pour sa meilleure intégration dans le système moderne de développement économique, culturel et social, tout en sauvegardant nos cultures et nos coutumes amazighes. Mais pour y arriver, il nous faut tout d’abord sensibiliser et informer la femme sur ses droits et ses devoirs. C’est une tâche difficile !

Difficile parce qu’il faut beaucoup d’énergie et de ténacité pour que la femme amazighe soit reconnue comme citoyenne à part entière, une citoyenne qui peut participer et influer sur les décisions qui concernent le groupe. Réformer la moudawana ne changera rien à la situation dégradante que vivent les femmes au Maroc. Il faut séparer l’Etat de la religion.

Aujourd’hui, c’est à nous, femmes et hommes du XXIe siècle, agissant pour la liberté, l’égalité, la justice et la tolérance de faire entendre nos voix et de construire un Etat moderne et laïque. Il faut un ample travail de réflexion, d’éducation et de prévention pour construire une société où nous pourrons enfin retrouver notre dignité. Néanmoins, l’homme doit prendre conscience d’une chose importante : tant que la femme est marginalisée, la société dans son ensemble est en danger.

Nombreux sont ceux qui tiennent des discours avant-gardistes, mais qui dans leur comportement quotidien reproduisent des attitudes de discrimination à l’égard du sexe féminin. L’homme doit apprendre à respecter la femme et à la considérer comme son égale. De ce fait, il doit avant tout se débarrasser des préjugés et des comportements phallocrates, indignes de notre peuple. Le respect mutuel est une condition primordiale, si nous aspirons à la construction d’une société de droit, constituée de femmes et d’hommes libres et dotée de valeurs démocratiques issues de notre grande civilisation amazighe millénaire...

Meryam Demnati.

Source: elwatan.com

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